nous étions au premier concert parisien du chanteur

Narratif Pour le premier concert de sa tournée européenne, la pop star a livré une prestation ultra calibrée. Un peu trop, peut-être, pour le public français.

Une pluie de paillettes semble s’être abattue sur l’esplanade de la Défense. Impossible de ne pas retrouver l’Arena où Taylor Swift se produira dans quelques heures : il suffit de suivre la marée humaine des « swifties », comme sont surnommés les fans de la pop star. Reconnaissables à leur passion pour les paillettes et toutes les matières qui brillent, ce sont aujourd’hui 45 000 personnes qui se sont réunies pour assister au tout premier show européen de Taylor Swift.

Dans la foule, des groupes d’amis se félicitent de leur look ultra-codifié : jupes brillantes, bottes blanches et chapeaux de cowboy country, serpents peints sur les bras en hommage à l’emblème de la star et au chiffre 13, son porte-bonheur, dessiné aux mains… Les garçons ne sont pas en reste, arborant fièrement des tenues aux couleurs vives, voire d’authentiques robes de princesse. Régulièrement, on croise un quadragénaire un peu dépassé par l’excitation ambiante (et le volume du bruit), dont le regard un peu inquiet contraste avec les paillettes flashy collées autour de ses yeux…

A l’intérieur, entre deux « goodie shops », la marque Dyson a installé des stands où vous pourrez tester vos nouveaux lisseurs et vous faire réaliser des coiffures sophistiquées par des professionnels. C’est gratuit, il faut juste être un peu patient, car la file d’attente est longue. Heureusement, le public est venu tôt et n’a prêté que peu d’attention au groupe Paramore, qui assurait la première partie.

Enfin, un chronomètre s’affiche sur l’écran géant surplombant la scène : le compte à rebours a commencé, seulement 2 minutes avant l’entrée de « Tay Tay ». Body orange à paillettes et bottines, la pop star démarre en trombe avec « Love » et enchaîne les hits sur un rythme soutenu. Arpentant la scène d’un pas presque militaire, Taylor Swift a joué pendant 3 heures et 15 minutes sans le moindre temps d’arrêt, juste quelques minutes pour changer de tenue. Tours de mise en scène, pyrotechnie, chorégraphies minutieuses, le spectacle impressionne par sa dimension grandiose et sa maîtrise du moindre détail, mais offre finalement peu de moments d’émotion. Même les chansons qu’elle joue seule à la guitare, censées offrir une connexion entre la star et le public, sont trop bien exécutées, trop « carrées », pour que quelque chose puisse arriver.

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D’ailleurs, Taylor prenait à peine le temps de saluer le public, de le regarder ou de s’adresser à lui. Rouage d’une machine ultra-huilée, elle fait particulièrement bien le travail, mais impossible de savoir si elle y prend du plaisir : même les expressions qui animent parfois son visage tombent si bien sur la musique qu’elles semblent contre nature. . Aucune aspérité, aucun léger déraillement n’est venu perturber la mécanique de précision d’un spectacle en place depuis des mois. Et c’est bien dommage, car le talent fou de cette bête de scène serait encore mieux mis en valeur si le concert offrait quelques instants de vérité.