« J’ai vraiment regretté d’avoir quitté Paris cet été comme tous les idiots pessimistes et d’avoir raté les JO »

« J’ai vraiment regretté d’avoir quitté Paris cet été comme tous les idiots pessimistes et d’avoir raté les JO »
« J’ai vraiment regretté d’avoir quitté Paris cet été comme tous les idiots pessimistes et d’avoir raté les JO »

ENTRETIEN – Dans la série Le monde n’existe pasun thriller captivant, l’acteur incarne un journaliste empêtré dans son passé.

« Le passé n’est jamais mort. Il n’a même jamais passé. » Pour Niels Schneider, qui joue le héros de Le monde n’existe pas, Cette citation de William Faulkner résonne particulièrement fort. Cette mini-série d’Erwan Le Duc (Perdrix, Sous le contrôle) suit Adam Vollmann, un journaliste insaisissable qui revient dans sa ville natale pour enquêter sur un fait divers. Il y affronte un passé douloureux et perd ses repères les uns après les autres. Avec cette fiction époustouflante et décalée, l’acteur ajoute un nouvel arc burlesque à sa filmographie bien fournie.

Révélé par Xavier Dolan dans Amours imaginairesrécompensé par un César pour son rôle dans Diamant noir, par Arthur Harari (co-scénariste deAnatomie d’une chute), acclamé dans la série D’argent et de sang, par Xavier Giannoli, l’acteur franco-canadien s’est récemment glissé dans la peau du général Leclerc pour le film De Gaullesigné Antonin Baudry.

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Madame Figaro. – Qu’est-ce qui vous a attiré vers Le monde n’existe pas ?
Niels Schneider. – Tout d’abord, j’avais vraiment envie de travailler avec Erwan Le Duc, qui est l’un des réalisateurs français les plus intéressants selon moi. J’aime son humour, son rapport à l’intime. Il a une grammaire cinématographique extrêmement singulière, où rien n’est jamais attendu. La série policière est aussi un genre que j’adore en tant que spectateur et celle-ci réunit tout ce que j’aime : l’enquête journalistique, la quête d’identité, le tout avec un personnage qui semble délirant et qui m’a fait penser à l’univers de David Lynch. Le monde n’existe pas s’appuie sur un grand scénario fictif, tout en abordant des questions contemporaines sur les fake news, la multiplication des histoires…

Qu’est-ce que vous partagez avec votre personnage ?
Je fais rarement des liens entre mes personnages et ma propre vie, mais si ce rôle m’a touché, c’est qu’il a dû résonner en moi quelque part. Comme Adam, nous avons tous des zones d’ombre de notre passé qui nous font peur et que nous essayons d’éviter mais qui finissent souvent par refaire surface.

Auriez-vous fait un bon journaliste ? ?
J’aurais aimé en être de toute façon. Le travail de recherche m’intéresse, tout comme le fait de creuser des sujets. La phase de préparation d’un rôle est aussi une des étapes qui m’enchante le plus dans mon métier.

La phase de préparation à un rôle est l’une des étapes que j’apprécie le plus dans mon travail.

Niels Schneider

Alors que votre personnage est pris dans les fantômes de son adolescence, quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
C’est une période très contrastée où l’on se croit invincible, on vit des choses merveilleuses – je suis tombée amoureuse pour la première fois, j’ai vécu de grandes amitiés, de grandes passions comme le théâtre – mais on peut aussi devoir surmonter des épreuves très difficiles sans être forcément armé.

Quels étaient vos rêves à cet âge-là ?
Vers 13-14 ans, j’étais fan de sports comme le BMX ou le skateboard et le snowboard, que je pratiquais, mais je n’avais pas le talent pour devenir pro. Je regrettais aussi d’avoir quitté Paris cet été comme tous les idiots pessimistes et d’avoir raté les JO.

Erwan Le Duc est un réalisateur burlesque et décalé. Où se cache votre douce folie ?
Je suis une personne très distraite, je vis un peu dans mon propre monde et cela fait beaucoup rire mon entourage.

J’ai regretté d’avoir quitté Paris cet été comme tous les idiots pessimistes et d’avoir raté les JO.

Niels Schneider

Comme votre personnage, qui change d’identité tout au long de sa vie, avez-vous l’impression de vous dédoubler en tant qu’acteur ?
Non, et je n’en serais même pas capable. Par contre, l’anonymat m’a toujours fait rêver. Par exemple, j’imaginais Daft Punk prendre le métro sans être reconnu et ce côté super-héros me fascinait.

Le public vous retrouvera bientôt dans la peau du général Leclerc. Comment vous êtes-vous glissé dans le costume de ce personnage emblématique ?
C’était une grande responsabilité et j’ai adoré me plonger dans la vie de cet homme que je connaissais peu. Le général Leclerc était une personnalité rare qui savait, envers et contre tout, conserver hauteur d’esprit, dignité et humanité. Pour l’incarner, j’ai lu ses carnets, ses lettres, j’ai regardé des images d’archives et je l’ai beaucoup écouté.

Aimez-vous jouer avec de vraies personnes ?
Oui, parce qu’il arrive un moment où l’on se sent un peu possédé par cette personne. J’aime ce genre de confusion, et je trouve émouvant de faire revivre quelqu’un par le jeu d’acteur et le cinéma. Beaucoup de caractéristiques racontent l’histoire d’une personne : un rythme, des inflexions, une façon de bouger, de respirer, un regard. Celui du général Leclerc était extraordinaire, très vif, avec son œil toujours légèrement frétillant, comme s’il se croyait immortel ou que tout cela n’était finalement pas si grave.

Je vis dans mon propre monde et cela fait beaucoup rire ceux qui m’entourent.

Niels Schneider

Avez-vous ressenti un avant et un après avec le succès de la série ? D’argent et de sang, par Xavier Giannoli ?
Un peu, dans la mesure où les gens me reconnaissent peut-être davantage dans la rue désormais. Mais ce succès me pousse surtout à être le plus exigeant possible dans mes choix. Une suite n’est pas prévue mais j’ai la chance de retrouver Ramzy (qui a joué Fitous dans la série, NDLR) dans le prochain film de Lucas Belvaux, une adaptation de son livre Le Tourmenté.

Aviez-vous un plan de carrière lorsque vous avez débuté dans le cinéma ?
Pas du tout, je n’imaginais même pas faire du cinéma au départ. Je me voyais davantage au théâtre et j’avais vraiment l’impression d’aller de surprise en surprise. Cela rend la chose encore plus excitante. Je peux regretter la scène quand je vois une très belle pièce. J’ai hâte de voir mon frère Vassili sur scène. Il s’attaque à l’adaptation du livre de Panayotis Pascot, La prochaine fois que tu mordras la poussière (Ed. Stock) au Théâtre du Petit Saint-Martin à Paris. Je pense qu’il est un peu nerveux, ce qui est tout à fait normal, mais je ne doute pas qu’il sera formidable.

Le monde n’existe pas, d’Erwan Le Duc, d’après le roman de Fabrice Humbert, 4 épisodes, avec Niels Schneider, Maud Wyler, Julien Gaspar-Oliveri… Le 26 septembre à 20h55 sur Arte, et sur arte.tv jusqu’au 18 janvier 2025.

 
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