Le bon disque « imparfait » d’Émile Bourgault

Le bon disque « imparfait » d’Émile Bourgault
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En 2022, Émile Bourgault figurait parmi les trois finalistes du concours vitrine Les Francouvertes. Avec ses longs cheveux blond platine, le jeune musicien, alors âgé de seulement 18 ans, a fait preuve d’une grande assurance et d’une évidente aisance sur la scène du Club Soda, mais le public et le jury – dont l’auteur de ces lignes – lui ont vite rappelé qu’il lui restait encore du temps. quelques boulons à serrer. Un électrochoc qu’il juge désormais bénéfique et sans lequel il ne serait pas arrivé vendredi avec un premier disque très plaisant – quoique « imparfait », selon ses humbles mots.

Le natif de Boucherville a maintenant 20 ans et l’eau a coulé sous les ponts. Le jeune artiste, qui vit maintenant à Hochelaga, jette un regard presque amusé sur sa version tout verte de lui-même. “Je n’étais vraiment pas prêt à faire ça”, dit-il en riant. je jamais avec quatre gars dans une cave, on n’était pas au courant de l’agencement, de la mise en scène. Tu sais, je me souviens du preneur de son du Club Soda qui m’a demandé si mon clavier était stéréo, et je n’en avais aucune idée ! »

On disait à Émile Bourgault que ses chansons « ressemblaient à tout », qu’il devait « se retrouver ». “Aie!” D’ACCORD. C’est quelque chose qui m’a attiré boosté, il y en a qui auraient pu casser», explique celui qui jusque-là s’était toujours démarqué, notamment à Secondaire en spectacle. Le pianiste et guitariste, parolier et compositeur a mis sa fierté de côté et a retroussé ses manches. Il travaille à l’écriture de chansons et s’entoure musiciens de sa génération — dont le guitariste Thomas Saulnier et la saxophoniste Florence Beauquier-Léger — qui l’ont propulsé vers de nouveaux sommets.

Des fondations solides

À travers cette période de reconstruction, Bourgault a accumulé pas mal d’expérience, remportant les plus grands honneurs lors de Ma première Place des Arts et du Festival international de la chanson de Granby en 2023. « Je suis de l’école Let’s Business ». Parce que tout ce que nous faisons, chaque étape que j’ai pris, à chaque spectacle que j’ai accepté, même devant six personnes, ce sont des pierres que j’ai déposées, qui s’accumulent. »

Ce sont donc des bases solides qui soutiennent son premier disque folk, rock et pop, intitulé Tant mieuxdont la principale force est la puissance des lignes mélodiques chantées avec une voix douce et élégante, mais légèrement grattée.

Un peu à l’image de Bourgault, qui a adopté le port de vêtements chics d’une autre époque, les chansons sont à la fois animées par l’effervescence de la jeunesse et teintées d’une tradition de la chanson québécoise. Quelque part entre un Hubert Lenoir des débuts et le Gerry Boulet de A plus, ma douce. Ses parents y sont pour quelque chose, eux qui écoutaient Vigneault, Desjardins et compagnie. « Je me souviens d’avoir été sur les genoux de mon père, devant le vieil ordinateur familial, puis d’avoir regardé comme Offenbach au Forum un soir de semaine avant de me coucher ! »

Tant mieux, réalisé par Félix Dyotte (Évelyne Brochu, Chinatown, Pierre Lapointe), se construit en deux phases, d’abord plus légères, rythmées et ludiques, puis plus portées par une âme vague. Deux facettes qui se rejoignent sur la couverture en clair-obscur et aussi dans les mots de Bourgault.

“La fin de quelque chose”

« Il y a un poids que je porte dans ce disque, qui est présent dès le début, mais qu’on découvre vers la fin avec des tonalités un peu plus tristes, un peu plus lent, il dit. Cela fait partie de moi. » L’univers de ce premier album complet évoque « un peu la fin de quelque chose », ce que le musicien a accumulé comme émotions durant son adolescence, lors de son passage à la vie adulte, et la tornade d’émotions qui l’accompagne. « La benne monte et on vide tous les graviers, après on repart avec la benne vide. Il fallait recracher ces choses. »

Il y a du mouvement sur ces chansons relativement longues, de la respiration – et même deux références au cerf-volant. “C’est ennuyeux, mais ça vole !” » s’exclame celui qui a décidé d’exercer ce métier à l’âge de 12 ans après avoir entendu sur scène le premier disque d’Émile Bilodeau.

Émile Bourgault arrive dans l’industrie à la fois confiant et humble, croyant sans se laisser pousser qu’il y a place à l’amélioration, comme pour diminuer les attentes cette fois-ci. « Nous avons créé l’album en l’espace d’un an et demi, dans quatre endroits différents, donc les sons changent, les ambiance échange. C’est vraiment un album imparfait, au sens le plus pur du terme », note-t-il.

Tant mieux reste pour le moins « l’affaire la plus aboutie » de son répertoire, loin devant ses deux premiers EP. « Mais je suis conscient que j’ai 20 ans et que j’ai encore beaucoup à apprendre. Heureusement, je suis curieux, je m’assois sur rien, j’ai le nez partout à la recherche de ce qui se passe et des nouveautés. J’ai quelques croûtes à manger, mais je suis fier de ce que nous avons fait. Ces deux choses peuvent coexister. » Les fondations sont coulées et l’architecte va bien s’amuser.

Tant mieux

Émile Bourgault, indépendant. Disponible le 5 avril.

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