Dans une ville du Midwest, des volontaires aident les Haïtiens au milieu de rumeurs racistes

Dans une ville du Midwest, des volontaires aident les Haïtiens au milieu de rumeurs racistes
Dans
      une
      ville
      du
      Midwest,
      des
      volontaires
      aident
      les
      Haïtiens
      au
      milieu
      de
      rumeurs
      racistes
-

Dans un petit bâtiment de Springfield, le FBI intervient après des appels menaçants envers des étrangers dans cette petite ville au cœur de la rhétorique anti-migrants de Donald Trump. Mais dans l'une des pièces, le vrai problème est tout autre : comment prononcer “réfrigérateur” en anglais.

Une pièce du bâtiment sert de salle de classe, où cinq immigrants haïtiens sont assis devant un tableau blanc, hésitant mais s'efforçant de s'adapter à l'anglais américain, avec leur accent créole et leur connaissance du français.

Les bénévoles qui organisent le cours d'anglais montrent une autre facette de cette ville de l'Ohio, un État du Midwest au nord des États-Unis.

Springfield s'est retrouvée sous le feu des projecteurs au milieu d'une campagne présidentielle tendue, avec des rumeurs racistes amplifiées par la droite selon lesquelles les migrants haïtiens mangent des chats, des chiens et d'autres animaux de compagnie sur place.

Ces derniers jours, ces allégations infondées, largement relayées par le candidat républicain Donald Trump, se sont transformées en menaces à la bombe et fermetures temporaires d'écoles, avec des policiers sur les nerfs et des immigrés plongés dans la peur.

– “Aide” –

« Je veux juste aider », a déclaré à l'AFP Hope Kaufman, la retraitée qui dirige le cours. « C'est difficile d'être dans une nouvelle culture, avec une nouvelle langue. Je veux contribuer de toutes les manières possibles, même si ce n'est pas grand-chose », a-t-elle déclaré.

Springfield, ville à majorité blanche, a vu sa population augmenter ces dernières années. Entre 10 000 et 15 000 Haïtiens sont arrivés dans une ville qui comptait moins de 60 000 habitants en 2020, attirés par la reprise économique de Springfield alors qu'ils fuyaient une grave crise sécuritaire dans leur pays.

Mais les frustrations sociales de certains habitants de la ville ont fini par dégénérer en rumeurs racistes qui, dans cette campagne présidentielle très serrée, ont pris une résonance nationale.

Ils n'ont cependant pas perturbé la classe de Hope Kaufman, alors qu'elle continue d'écrire de nouveaux mots de vocabulaire au tableau : « évier », « placard » et d'autres meubles essentiels dans une maison.

« Dans mon salon, j’ai plus d’une chaise », explique gaiement Hope Kaufman, expliquant la différence de prononciation en anglais entre le pluriel et le singulier. « OK », répond l’étudiant Edougie Joseph, les yeux fixés sur le tableau, l’air concentré.

– « Poétique » –

« Je vis dans ce pays. Si tu ne parles pas anglais, tu ne peux pas travailler, tu ne peux pas communiquer avec les gens de ce pays », a déclaré à l'AFP en français cet ouvrier haïtien de 45 ans.

Pas toujours facile. « Le plus dur, c’est +refri… refrigere+ », hésite Yranor Estime, un magasinier de 45 ans, qui finit par renoncer à prononcer « réfrigérateur ». Mais le mot « cabinet » avec l’accent américain, plaisante-t-il, sonne « poétique ».

L'atmosphère studieuse se transforme en rires nerveux alors que les élèves tirent des cartes dans un jeu de mémoire pour lequel ils ont à cœur de partager les réponses et de s'entraider.

Le temps des cours est passé. Et une grande partie du vocabulaire d’une maison a été appris, du « poêle » au « canapé ».

En sortant de la classe, les élèves de Hope Kaufman vivent au rythme des controverses anti-migrants de la campagne présidentielle. En attendant, ils pensent déjà à la leçon de la semaine prochaine : les toilettes.

nro/aem/seb

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le président Umaro Sissoco Embalo ne briguera pas sa réélection
NEXT Des incendies font rage en Californie, des milliers d'hectares ont brûlé autour de Los Angeles