Par
Martin Leduc
Publié le
17 janvier 2025 à 16h44
Après la porte sur Mars, les araignées sur Mars et le visage sur Mars, voici… l’anneau sur Terre. Un nouveau mystère venu de l’espace.
Lundi 30 décembre 2024, un objet métallique est tombé à Mukuku, un village du sud du Kenya. Depuis ce vendredi 17 janvier 2025, une enquête officielle de l’Agence spatiale kenyane (KSA) est en cours pour identifier formellement cet anneau métallique d’environ 2,5 m de diamètre et 500 kg.
De nombreuses hypothèses
L’Agence spatiale kenyane avait initialement évoqué un anneau de séparation pour une fusée conçue soit pour brûler lors de son retour dans l’atmosphère terrestre, soit pour tomber sur des zones inhabitées.
Contacté par -Gilles Dawidowicz, vice-président de la Société Astronomique de France, pense la même chose. Il évoque l’hypothèse du « collier », la pièce entre deux étages d’une fusée.
Pour Romain Lucken, patron d’Aldoria, startup française spécialisée dans la surveillance des satellites, l’hypothèse des débris “est tout à fait plausible”. Selon lui, il ferait partie de l’étage supérieur du PSLV (Polar satellite launch véhicule) développé par l’Agence spatiale indienne.
“Il y a une mission qui a été envoyée le 30 décembre avec une date de rentrée qui correspond bien et surtout un point de rentrée qui correspond très bien, à quelques dizaines de kilomètres près”, explique-t-il auAFP.
Des débris spatiaux, vraiment ?
“Je ne suis même pas totalement convaincu que l’anneau soit un débris spatial”, affirme Jonathan McDowell, un expert américain en astronomie qui a contribué à identifier un morceau de la Station spatiale internationale tombé sur une maison en Floride en avril 2024. Il a étudié plusieurs hypothèses, dont celui de la rentrée atmosphérique d’une partie de la fusée Ariane V184, en 2008, tout en constatant que la masse ne correspondait pas.
“Cette pièce n’appartient pas à un élément d’un lanceur européen exploité par Arianespace”, a réagi le groupe français interrogé par l’AFP sur cette hypothèse.
John Crassidis, professeur à l’université de New York SUNY qui travaille avec la NASA sur les débris spatiaux, juge pour sa part que les évaluations techniques de l’agence kenyane “sont exactes à 100%” et qu’elles parviendront “à déterminer de quel pays ils proviennent car chaque le pays fait les choses un peu différemment.
Selon Christophe Bonnal, spécialiste français de la pollution spatiale, l’objet pourrait provenir d’un lanceur militaire. “Ils sont blindés, ce qui corroborerait le fait qu’ils sont très massifs et lourds”, a-t-il déclaré. Mais cela pourrait aussi provenir d’une excavatrice ou d’un char, a-t-il ajouté.
-Pas le premier… Et certainement pas le dernier
Ces épisodes n’ont pour l’instant fait aucun mort, mais ils deviennent de plus en plus fréquents avec la multiplication des lancements. Si des incertitudes demeurent sur la nature de l’objet tombé du ciel sur un village du Kenya fin décembre, de tels épisodes risquent de se multiplier avec la prolifération des débris spatiaux.
Il y a dix ans, un objet capable de créer des fragments d’impact rentrait dans l’atmosphère environ toutes les deux semaines ; aujourd’hui, cela peut se produire deux fois par semaine.
“Cela finira par retomber sur des infrastructures critiques comme une centrale nucléaire ou un pétrolier, sur des habitations”, prévient Romain Lucken.
“C’est notre épée de Damoclès”, renchérit Christophe Bonnal. Mais la géographie aide, ajoute-t-il, puisque la Terre est couverte à 71 % par des océans et à 10 % par des déserts et qu’il n’y a « que 3,3 % de la surface du globe qui est densément peuplée ».
Il existe quelque 30 000 débris spatiaux répertoriés de plus de 10 centimètres et plus d’un million de plus de 1 centimètre et ils sont tous potentiellement « dangereux », selon Romain Lucken.
«Le catalogue ne comprend pas différents objets militaires. S’il s’agit d’un morceau de missile américain, on ne le saura peut-être jamais », note également Christophe Bonnal.
La Russie et la Chine « ne suivent aucune règle »
John Crassidis évoque la Russie et la Chine qui, selon lui, ne respectent « aucune règle » en la matière.
En Europe, la réglementation impose aux opérateurs de mettre en place des mesures pour « soit effectuer des rentrées contrôlées dans les zones inhabitées du Pacifique Sud, soit garantir que les objets seront entièrement détruits », souligne Romain Lucken.
« Mais c’est la théorie. Une fois la mission lancée, tout peut arriver. Et personne ne va les condamner à payer des indemnités en cas d’accident », conclut-il.
Avec AFP.
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