À Pittsburgh, en 1936, un piano ancestral est au cœur d’un conflit sanglant entre un frère et une sœur, au lendemain de la Grande Dépression. Car ce piano, transmis de génération en génération, illustre l’histoire de leur famille, à travers des reliefs sculptés par leur ancêtre, à l’époque de l’esclavage.
Produit par Denzel Washington, adapté de la pièce du même nom d’August Wilson, La leçon de piano (à ne pas confondre avec le film de Jane Campion) est le premier long métrage de son fils, Malcolm Washington. Il met en vedette le deuxième enfant du producteur, John David Washington. C’est donc un peu une histoire de famille, mais surtout un devoir de mémoire pour le clan Washington. En effet, le patriarche réalisa Clôtures, basé sur une autre pièce de Wilson ; en plus d’avoir le projet de porter à l’écran l’intégralité de l’œuvre du célèbre auteur afro-américain, décédé en 2005.
Drame historique au rythme lent et aux nombreux dialogues, avec une touche paranormale (les fantômes du passé sont enchaînés au piano), La leçon de piano est porté par la performance émouvante de Danielle Deadwyler et Samuel L. Jackson. Deadwyler est formidable dans le rôle de la sœur aînée, Berniece, qui vit avec sa fille chez son oncle depuis la mort tragique de son mari. Elle est bien décidée à conserver ce piano, tandis que son frère, Boy Willie (John David Washington), souhaite le vendre pour acheter un terrain dans le sud des Etats-Unis. Jackson incarne habilement l’oncle Doaker, sarcastique et retiré des autres, qui reste neutre lors des disputes entre le frère et la sœur au sujet de l’héritage familial.
Première réalisation fragile
Le reste du casting (la plupart des membres ont joué dans la reprise de la pièce à Broadway en 2023) est malheureusement plus inégal. Le jeune Washington est trop excité dans le rôle de Boy Willie. L’acteur incarne ce jeune homme extraverti comme s’il était sur scène, et souhaitait se faire entendre du public du fond de la salle ! Ray Fisher (Lymon, ami de Boy Willie, à la fois idiot et bon) est faux. Michael Potts, qui incarne Wining Boy, le frère alcoolique de Doaker, s’en sort mieux.
Cette (première) production de Malcom Washington est trop proche de la pièce d’August Wilson, créée en 1990 à New York, lauréat d’un prix Pulitzer. On sent le cinéaste au service de la parole de l’auteur, mais moins de celle du 7e art. Hormis un préambule qui se déroule en 1901, le film se déroule entièrement dans la maison familiale, respectant les trois unités du théâtre. Sa réalisation, très soignée dans les scènes intimistes, se montre maladroite lors des moments surréalistes, bien que censée faire basculer le film dans l’horreur.
Cette histoire d’héritage et de fierté au sein d’une famille afro-américaine reste cependant une belle leçon de résilience. Celle d’une communauté forte et soudée, au cœur d’une Amérique raciste et ségrégationniste, durant la première moitié du XXe sièclee siècle aux États-Unis. Rien que pour cela, le film vaut le détour.
Sur Netflix
Drame historique
La leçon de piano (VF : La leçon de piano)
Malcolm Washington (d’après la pièce d’August Wilson)
Avec Samuel L. Jackson, John David Washington, Ray Fisher, Michael Potts, Danielle Deadwyler, Corey Hawkins
2h05
6/10
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