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Le trouble de stress post-traumatique peut toucher tout le monde

Le trouble de stress post-traumatique (SSPT) se manifeste par une multitude de symptômes résultant d’un événement traumatisant. Cette dernière peut être un épisode de violence subie ou observée, une situation dans laquelle on se sent en danger de mort ou encore le fait d’être confronté à un décès. « Dans les heures et les jours qui suivent un traumatisme, la personne atteinte peut faire preuve d’hypervigilance, d’accès de colère, de peur, etc. C’est ce qu’on appelle un « trouble de stress aigu ». Lorsque ces symptômes durent plus d’un mois et se combinent avec d’autres, comme des comportements d’évitement, de l’agitation, des moments d’auto-accusation, des flashbacks, entre autres, nous avons affaire à un SSPT. », explique le Dr Lamyae Benzakour, chef de l’unité de psychiatrie de liaison et de la consultation de psychotraumatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Tous ne sont pas égaux face à ce désordre ?

Après un événement traumatisant, certaines personnes développent un trouble de stress post-traumatique et d’autres non. Pourquoi une telle disparité ? Il est possible qu’elle soit liée aux hormones, plus précisément aux glucocorticoïdes (cortisol chez l’homme). Ces molécules sont impliquées dans la gestion du stress. Un faible taux est fréquemment observé chez les personnes souffrant de SSPT. Est-ce la conséquence d’une exposition à un traumatisme ou existe-t-il un facteur de risque préexistant ? Cette question reste sans réponse. Une équipe de chercheurs de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) a démontré que de faibles taux sanguins de ces hormones sont directement impliqués dans le développement des symptômes du SSPT. “En analysant des rats génétiquement modifiés pour que leurs niveaux de glucocorticoïdes soient faibles, nous avons découvert que chez les mâles, cela entraînait une extinction de la peur altérée, une réduction du volume de l’hippocampe. (partie du cerveau qui joue un rôle dans le traitement de l’information et la mémoire, ndlr) et des troubles paradoxaux du sommeil. Cette dernière est essentielle pour consolider la mémoire de l’extinction de la peur. De plus, l’insomnie renforce le SSPT», explique le Dr Silvia Monari, médecin au service de psychiatrie générale des HUG et auteur principal de la recherche.[1] publiée en 2023. En permettant une meilleure compréhension de la population à risque, cette étude pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements.

Deux fois plus de risque pour les femmes

Même si à un moment ou à un autre, 90 % de la population générale est confrontée à un épisode traumatique, seuls 8 % des individus concernés développent ce trouble chronique. Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir du SSPT. Par effet cumulatif, les personnes déjà exposées à un tel choc sont également plus susceptibles de développer des symptômes, tout comme celles ayant des antécédents de dépression ou de troubles anxieux.

Notez qu’il existe des facteurs de protection. « Le soutien de votre entourage ou de professionnels en est un. Avoir conscience de ce qu’est le trouble de stress post-traumatique est également très utile, tout comme profiter d’une intervention immédiatement après l’événement. Les personnes concernées ne doivent pas hésiter à demander de l’aide si elles en ressentent le besoin. Si raconter ce qui s’est passé n’est pas toujours nécessaire, bénéficier de la chaleur humaine et du soutien de son entourage permet de se réinsérer dans le monde « d’avant ». Lorsque le SSPT n’est pas traité, il peut évoluer vers une dépression, une addiction, une phobie sociale ou même un TOC », poursuit le Dr Benzakour.

Plusieurs approches thérapeutiques existent, que ce soit sous la forme de différents types de psychothérapie, notamment l’EMDR (Désensibilisation et retraitement des mouvements oculaires), ou une aide pharmacologique.

Consultations spécifiques

Les HUG, de leur côté, ont créé Traumacare[2]une consultation de psychotraumatologie assurée par des psychiatres et psychologues spécialement formés au SSPT.

Le canton de Vaud n’est pas en reste. « La consultation Les Boréales[3] s’adresse aux personnes ayant subi ou commis des violences au sein de leur famille (lire l’encadré, ndlr). Les auteurs et les victimes sont susceptibles de souffrir, entre autres, du SSPT. Par ailleurs, dans tous les services du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), des personnes sont formées à la prise en charge des traumatismes», explique le professeur Daniel Schechter, médecin assistant au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. (SUPEA) du CHUV.

Les enfants et les adolescents sont particulièrement vulnérables

Il n’est pas facile d’aider les tout-petits, surtout lorsqu’ils ne sont pas en âge de parler. Pour les enfants de 0 à 5 ans exposés à des violences ou autres abus, le CHUV SUPEA propose un programme ambulatoire parent-enfant appelé « Papillon », la consultation « Les Boréales ». « Le thérapeute utilise notamment la narration verbale et non verbale, parfois à l’aide de vidéos d’entretiens passés pour rendre les souvenirs traumatiques moins effrayants, tout en restant attentif aux sensations corporelles et à l’état d’esprit de l’enfant. », explique le Professeur Daniel Schechter, médecin assistant à SUPEA. D’autres approches sont également possibles. Les parents, ou une figure d’attachement de l’enfant, sont toujours présents. « Les jeunes sont particulièrement vulnérables et peuvent développer un syndrome de stress post-traumatique sans avoir un souvenir précis de l’événement traumatisant. La thérapie devient alors d’autant plus difficile. Évoquer le traumatisme et le replacer dans un contexte moins dangereux permet de le surmonter », ajoute le spécialiste.

Quelles attitudes doivent alerter les adultes ? Agressivité inhabituelle, repli sur soi, vigilance accrue, comportement trop sexuel ou trop agressif, entre autres. « Malheureusement, certains enfants traumatisés ne présentent aucun de ces signes. Quant aux adolescents, ils réagissent parfois à un tel événement par des actes d’automutilation ou de délinquance. Tout changement de comportement doit alerter les parents. A noter qu’une relation d’attachement sécurisante avec un parent ou un autre adulte est un élément de protection pour l’enfant», conclut le professeur Schechter.

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Published in Le Matin Dimanche on 12/15/2024

[1] Une réactivité émoussée des glucocorticoïdes au stress provoque des altérations comportementales et biologiques qui conduisent à une vulnérabilité au syndrome de stress post-traumatique, Silvia Monari, Carmen Sandi (entre autres). Psychiatrie biologique, 22 septembre 2023.

[2] https://www.hug.ch/psychiatrie-liaison-dintervention-crise/consultation-psychotraumatologie-traumacare

[3] https://www.chuv.ch/fr/fiches-psy/centre-de-consultation-les-boreales

 
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