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un délai accordé, « un veto » du MRC dénoncé

Les villes et MRC touchées par les propositions d’aires protégées, présentées dans le cadre de l’appel de projets du gouvernement Legault, auront finalement jusqu’au 10 janvier pour se prononcer. Malgré ce retard, des voix s’élèvent contre « le veto » confié aux élus locaux, qui pourrait tuer dans l’œuf plusieurs initiatives.

Les porteurs de projets d’aires protégées du sud de la province avaient jusqu’au 15 octobre pour transmettre leurs dossiers au ministère de l’Environnement.

Selon le mécanisme mis en place par Québec, ils avaient alors jusqu’au 29 novembre pour obtenir une résolution d’appui des MRC et des villes concernées par lesdits projets.

Sans ces résolutions, les propositions d’aires protégées seront considérées comme incomplètes et donc irrecevables. Autrement dit, ils seraient automatiquement exclus et ne seraient pas soumis aux tables de consultation régionales du ministère.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

À la demande de certaines MRC et de la Société de la nature et des parcs (SNAP Québec), l’organisme partenaire du gouvernement dans ce vaste projet, le cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, accepte de donner plus de temps.

Radio-Canada a en effet appris qu’elle annoncerait prochainement un report d’un peu plus d’un mois, fixant la nouvelle date limite au 10 janvier.

Selon nos informations, plus de 400 projets d’aires protégées ont été présentés au gouvernement. Parmi celles-ci, plusieurs risquaient d’être oubliées en raison des délais trop courts imposés par le ministère.

Veto déguisé

Au-delà de la question des délais, des voix s’élèvent et dénoncent l’existence même de ces résolutions de soutien des villes et des MRC. Pour certains groupes environnementaux, Québec devrait soumettre toutes les propositions aux tables de consultation régionales, et non les filtrer d’emblée.

Selon Action boréale, les résolutions de soutien représentent opposer son veto mis à la disposition des élus locaux, qui se retrouvent ainsi dotés d’un droit de vie ou de mort sur les projets, avant même que ceux-ci ne soient analysés plus sérieusement.

Selon l’organisme dont la mission est de protéger la forêt boréale, cette condition n’existait pas dans le passé et n’aurait pas dû être ajoutée par le ministère.

Le sort des projets est laissé à une décision politique local sans vrai débat sur la valeur écologique d’une proposition d’aire protégée, déplore Henri Jacob, président d’Action boréale.

Une MRC peut refuser de donner une résolution d’appui à un projet. C’est un veto qui n’a aucun sens.

Une citation de Henri Jacob, president, Action boréale
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Le président d’Action boréale, Henri Jacob (à gauche), et le vice-président de l’organisme, Richard Desjardins (à droite).

Photo : Claude Bouchard

Manque de leadership

Action boréale estime que les MRC ne possèdent pas toute l’expertise pour réaliser une telle analyse et ne devraient pas être en mesure de commenter à ce stade.

Cela est d’autant plus vrai que certains n’ont tout simplement pas l’intention d’accepter les projets tels qu’ils sont proposés, notamment où il y a des intérêts économiques. Il cite en exemple régions ressourcescomme l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord ou le Saguenay–Lac-Saint-Jean, où les activités minières et forestières sont le moteur de l’économie.

Cette façon de faire est d’autant plus critiquée que M. Jacob rappelle que la désignation d’une zone protégée est un processus long, complexe et difficilequi s’étend souvent sur plusieurs années. Selon lui, il est évident qu’une MRC n’a pas le temps, en quelques semaines, de réaliser une véritable étude des retombées d’un projet.

M. Jacob est d’avis qu’en procédant ainsi, le Québec se dégage de toute responsabilité et rejettera la responsabilité d’éventuels refus sur le MRC plutôt que sur le gouvernement. Il craint également certaines fractures au sein des communautés.

À ce sujet, le cabinet du ministre Benoit Charette répète que cette étape a été ajoutée afin d’assurer acceptabilité sociale projets.

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Le marais salant du Petit-Havre de Matamec, près de Sept-Îles

Photo de : Coastal Trails

Selon M. Jacob, les MRC et les villes ont leur mot à dire, mais pas à ce stade de la démarche gouvernementale. Si Québec supprimait l’obligation d’une résolution d’appuyer les élus locaux, poursuit-il, ces derniers auraient l’occasion d’exprimer leur point de vue, au même titre que les industries et les groupes environnementaux.

L’analyse des projets, puis la période de consultation associée pourraient, selon lui, permettre d’aboutir à des compromis tout en assurant la protection d’une partie des territoires proposés.

Si des projets entiers sont rejetés dès la première étape, M. Jacob craint qu’il y ait des carences de l’écosystème et que certains milieux, comme la forêt boréale, ne sont pas suffisamment représentés dans les aires protégées de la province. Nous aurions une grosse carence dans certains écosystèmes même si nous atteignions l’objectif de 30 %. d’ici 2030.

Exclure l’un des plus grands écosystèmes comme la forêt boréale est une aberration qui ne fonctionne pas.

Une citation de Henri Jacob, president, Action boréale

Angles morts

L’organisme Nature Québec exprime également des doutes quant à la démarche choisie par le gouvernement Legault. Il y a des angles morts dans cette approchedit la directrice générale, Alice-Anne Simard.

Certaines MRC reconnaissent ne pas avoir l’expertise nécessaire pour analyser les projets soumis» rapporte-t-elle à son tour. Il y a aussi des MRC qui n’ont pas compris le principe des résolutions de soutien. Ce n’est pas un feu vert pour des projets, c’est une résolution pour pouvoir passer à l’étape de l’analyse. Il semble que certaines MRC ne l’aient pas compris ; d’autres n’ont pas voulu comprendre et ont délibérément choisi de ne pas avancer.

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Le Québec doit atteindre la cible de 30 % d’aires protégées d’ici 2030. Le pourcentage est actuellement de 17 %.

Photo : Avec l’aimable autorisation du Club de randonnée des Appalaches

Selon Mme Simard, le report de l’échéance démontre lacunes dans la démarche du Ministère de l’Environnement. Elle critique au passage un manque de communication avec les MRC et les porteurs de projets.

Nature Québec demande que les projets refusés puissent être évalués malgré tout. Mme Simard estime que les fonctionnaires pourraient, par exemple, donne-toi le droit réévaluer le sort d’une aire protégée rejetée, notamment dans les régions où peu de propositions auront survécu à la première étape.

Québec prévoit également de lancer un deuxième appel à projets en 2027, toujours dans le cadre de son objectif de protéger 30 % du territoire d’ici 2030.

 
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