Le réseau énergétique ukrainien, déjà très fragile, a fait face dimanche à l’une des attaques russes les plus importantes de ces derniers mois, des frappes faisant neuf morts et une vingtaine de blessés à travers le pays, selon les autorités.
Ces frappes interviennent au moment où l’Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le soutien américain avec le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche.
« Une attaque combinée massive a visé toutes les régions de l’Ukraine » et ciblé « nos infrastructures énergétiques », a déclaré le président Volodymyr Zelensky, faisant état de 120 missiles et 90 drones lancés.
Ce fut une « nuit d’enfer », a déclaré le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Yuriy Ignat, selon lequel les défenses anti-aériennes ont abattu 144 de ces cibles.
Le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga a dénoncé « l’une des plus grandes attaques aériennes » lancées par la Russie.
Le ministère russe de la Défense, pour sa part, a affirmé avoir touché « toutes » ses cibles lors d’une attaque massive contre « les infrastructures énergétiques essentielles qui soutenaient le complexe militaro-industriel ukrainien ».
Moscou, en multipliant ses attaques de drones et de missiles, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l’Ukraine, selon Kiev.
L’opérateur énergétique ukrainien DTEK a indiqué que certaines de ses centrales thermiques avaient été « gravement endommagées », sans faire de victimes parmi ses salariés.
Les pannes de courant ont touché les régions de Kiev ainsi que plusieurs régions de l’ouest, du sud et de l’est, comme Odessa et Dnipropetrovsk.
Le courant commençait à être rétabli à midi dans certaines régions, selon le DTEK.
Il s’agit de la dixième attaque majeure contre le réseau énergétique ukrainien depuis le début de l’année, selon l’opérateur Ukrenergo.
Kiev exhorte ses partenaires occidentaux à l’aider à reconstruire son réseau électrique et à lui fournir davantage d’équipements et d’armes de défense aérienne.
Dimanche, les pilotes d’avions de combat F-16 ont abattu dix des cibles lancées vers l’Ukraine, s’est félicité Volodymyr Zelensky. Ce précieux matériel militaire a été livré cet été à Kiev après plus de deux ans d’attente.
Au total, le bilan humain durant la nuit et la matinée a atteint neuf morts et une vingtaine de blessés, selon les autorités ukrainiennes.
Parmi eux, deux employés des chemins de fer d’Ukrzaliznytsia ont été tués et trois blessés lors du bombardement d’un dépôt à Nikopol (sud), a annoncé la compagnie publique.
Une femme a été tuée et deux personnes ont été blessées par une attaque de missile dans la région de Lviv (ouest), plus rarement ciblée, a indiqué le chef de l’administration militaire, Maksym Kozytsky.
Dans le sud, deux personnes ont été tuées et un garçon de 17 ans blessé à Odessa, tandis qu’une femme a été tuée par un drone à Kherson, selon les gouverneurs locaux. Une frappe de drone a tué deux femmes et blessé sept personnes, dont deux enfants, à Mykolaïv, selon le service des situations d’urgence.
Plusieurs personnes ont également été blessées lors d’attaques distinctes à Kiev, Dnipro (est) et dans les régions de Poltava (centre), Zaporizhia et Kherson (sud).
Des missiles et drones russes ont même atteint la Transcarpatie, une région très rarement ciblée de l’extrême ouest du pays, éloignée du front et frontalière de la Pologne et de la Hongrie.
L’armée polonaise a annoncé dimanche avoir fait décoller des avions de combat et mobilisé des forces pour défendre son territoire, une procédure habituelle en cas de danger à proximité de ses frontières.
La « réponse » de Poutine
Le ministre ukrainien Andriï Sybiga a estimé que les attentats constituaient la « véritable réponse » du président russe Vladimir Poutine aux dirigeants qui l’avaient « appelé ou rendu visite » ces derniers temps.
Kiev s’est agacée vendredi par un appel téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, le premier depuis décembre 2022.
Fin octobre, le président russe a également réuni autour de lui en Russie les dirigeants mondiaux, notamment le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, pour le sommet des Brics.
Dans le même temps, la récente victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine a relancé le débat sur les négociations entre Moscou et Kiev.
Samedi, Volodymyr Zelensky, qui a longtemps rejeté cette option, a déclaré vouloir parvenir à mettre fin à la guerre dans son pays en 2025 par des « moyens diplomatiques ».
Les positions russe et ukrainienne restent néanmoins opposées : Kiev exclut la cession des territoires occupés par l’armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition.
Côté russe, les attaques ukrainiennes ont fait deux morts dans les régions frontalières de Belgorod et de Koursk, selon les autorités locales.
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