Le grand virage énergétique devait être un pari gagnant. Une force rassembleuse pour le deuxième mandat de la CAQ.
Entre Northvolt et l’accusation d’un Energy Dollarama, le projet a pris des allures de mirage. Difficile pour un gouvernement aussi impopulaire de faire rêver.
Or, c’est précisément le grand pari de l’Ontario.
L’ami Doug Ford n’est pas impressionné par la puissance industrielle d’Hydro-Québec.
Il veut faire de sa province la superpuissance énergétique de l’Amérique du Nord !
Parce que l’Ontario possède deux avantages majeurs sur le Québec : la variété des sources d’énergie et une certaine liberté idéologique.
Grand virage
Tout comme le Québec, l’Ontario manquera d’énergie d’ici 2050.
Et tout comme le Québec, l’Ontario a compris que ses ressources énergétiques représentent une mine d’or pour l’avenir.
Sauf qu’à l’ouest de la rivière des Outaouais, nous ne sommes pas paralysés par la bien-pensance écologiste.
Les Ontariens ont le choix, affirme Doug Ford. « Un programme favorable à la croissance qui attire les investissements, crée des emplois et maintient les coûts énergétiques à un faible niveau pour les particuliers et les entreprises, ou un dogme idéologique qui propose de faux choix. »
C’est ainsi que l’Ontario entend s’appuyer non seulement sur son hydroélectricité, mais aussi sur le gaz naturel et surtout sur le nucléaire pour prendre de front le virage énergétique.
Déjà, les quatre centrales nucléaires de la province seront modernisées, mais le ministre de l’Énergie n’exclut pas d’en construire de nouvelles.
Vous voyez, l’objectif n’est pas seulement d’attirer les entreprises et leurs milliards d’investissements. C’est aussi et surtout devenir le fournisseur d’énergie des Etats américains voisins.
L’État de New York, mais aussi le Michigan, la Pennsylvanie, le Wisconsin, l’Indiana, l’Ohio.
Le prix de l’audace
L’Ontario a déjà des contrats pour vendre des réacteurs nucléaires modulaires au Tennessee, à la Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick. Elle est en négociations avec la République tchèque, la Pologne et la Lettonie.
Personne n’imagine que la construction de nouvelles centrales électriques se déroulera comme une lettre à la poste.
Mais le gouvernement Ford s’en fiche !
Il a son idée, il se lance. Il entend rallier la majorité silencieuse.
Cependant, de son côté, le gouvernement Legault a fermé la porte à toute nouvelle exploitation gazière pour des raisons écologiques. Il a fait taire son nouveau PDG d’Hydro-Québec sur le nucléaire par crainte de réactions négatives.
Le Québec peut se vanter d’avoir signé des contrats d’exportation d’énergie avec New York et le Massachusetts.
Le message adressé au reste de la planète est clair.
Le robinet est fermé pour les États-Unis. Et l’Europe et sa dépendance au gaz naturel, hein. Pas de pipeline, pas de gazoduc, nous sommes vertueux !
Le Québec a tous les atouts pour s’imposer comme une superpuissance énergétique. Mais il a aussi tout ce qui lui fait du mal.
C’est au gouvernement Legault de décider. Doit-elle pondre tous ses œufs dans le secteur des batteries ou maintenir, voire élargir, la voie des exportations ?
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