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pourquoi le PS a revu sa stratégie envers le parti de Raoul Hedebouw

De la « tromperie » à la solution « anti-Azur »

Le PS a longtemps ostracisé le parti de Raoul Hedebouw, estimant, dans ses discours, qu’il n’était pas crédible. « Le PTB est la plus grande tromperie politique que nous ayons jamais eue », nous expliquait même en septembre 2023 Paul Magnette, le président du PS. « Jusqu’à présent, ils n’ont jamais rien fait. Ils existent depuis 40 ans, ils n’ont jamais rien fait et je ne pense pas qu’ils feront jamais quoi que ce soit.

Un discours qui semble aujourd’hui dépassé. “Il faut distinguer le temps de la campagne de la période post-électorale, qui peut être marquée par un discours différent »rappelle immédiatement le politologue Benjamin Biard. “Vraisemblablement, il y a d’un côté la volonté de mettre le PTB au pouvoir en le forçant à prendre ses responsabilités, et peut-être en espérant retirer les marrons du feu lors des prochaines élections. Le deuxième élément est de pouvoir contourner le blocage formé par le MR et les Engagés. Même si cette éventuelle double stratégie comporte un risque pour le PS : d’un côté être pointé du doigt pour avoir pactisé avec la gauche radicale, de l’autre rendre le PTB plus fréquentable et ainsi accroître la concurrence à sa gauche.»

Double risque

Un double risque qui a suscité des débats en interne au PS, comme le révèlent nos confrères de La Libre. Rappelons également que la présence du PTB dans les majorités municipales n’est pas un fait nouveau. En Flandre, le PTB avait un échevin dans le quartier anversois de Borgerhout. Ils étaient également associés au pouvoir à Zelzate. Mais dans cette dernière commune, ils viennent d’être écartés par le Vooruit au profit de la N-VA et du CD&V.

De l’autre côté de l’échiquier, ces nouvelles alliances, dont on pensait «impossible”ne sont pas qualifiés de «progressistes »mais de “dangereux”. Présent à Forest ce mardi, Georges-Louis Bouchez, le président du MR, estime que le PS «n’a plus de ligne politique” : “Il est prêt à tout pour rester au pouvoir. Je regrette l’utilisation des municipalités comme laboratoires. Ce n’est ni très sérieux ni très réaliste..

A Liège, l’accord PS-MR-Les Engagés conclu au niveau provincial prévoit même que quiconque formerait une alliance avec le PTB au niveau local rendrait l’accord nul et non avenu. “C’est un élément qui n’est pas anodin dans les rapports entre les partis de droite ou du centre par rapport à la gauche radicale.»comments Benjamin Biard. “Ce qui est intéressant, c’est la transparence de cette démarche et que Maxime Prévot a ouvertement évoqué cette clause… C’est une idée visant à réduire le champ des possibles pour la gauche dans le cadre de la formation au niveau local.»


Le cordon sanitaire est-il applicable au PTB ?

Après Mons et Forest, c’est Molenbeek et peut-être même Schaerbeek qui pourraient être menés par des majorités là où le PS s’est allié au PTB. Cette stratégie permettrait aux troupes de Paul Magnette de s’implanter dans neuf des dix-neuf communes bruxelloises. Au sein du MR, certains estiment cependant que le PS a « cassé » une forme de cordon sanitaire.

Pour le politologue Benjamin Biard (Crisp), le cordon santé ne s’applique pas au PTB : «Tel qu’il a été élaboré, le cordon sanitaire vise explicitement les partis d’extrême droite. Ce n’est pas un accord qui concernerait une autre idéologie politique, comme la gauche radicale. Au fond, on ne trouve pas dans le discours et le programme du PTB d’éléments racistes, xénophobes ou négationnistes… Bien sûr, d’un point de vue stratégique, certains souhaiteraient l’extension du PTB, soit parce qu’ils sont convaincus du danger que le PTB représente pour la démocratie, soit parce que d’un point de vue stratégique, il contribue à diviser la gauche et cela peut réduire le champ des possibles en termes de formation de coalitions.»

 
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