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Le saumon d’élevage bientôt dans votre assiette

Une nouvelle vague d’aquaculture est en train de naître au Québec, avec des projets agricoles ambitieux dans des régions qu’on n’associe pas naturellement à la pisciculture commerciale, le Pontiac ou la Haute-Mauricie.


Publié à 1h13

Mis à jour à 5h00

« Nous pensons que l’avenir de cette industrie résidera dans les installations terrestres », explique Cameron McDonald, président de Nayad Aquaculture. L’entreprise, qui fait également de l’aquaculture dans les Maritimes, développe un projet d’élevage de truite arc-en-ciel à La Tuque qui aurait une capacité annuelle de 2 000 tonnes dans sa première phase.

En Outaouais, c’est plutôt une production de saumon en circuit fermé qui veut s’implanter sur la terre ferme à proximité d’une ancienne usine de pâtes et papiers, à Litchfield, une petite municipalité située à une centaine de kilomètres de Gatineau. Production annuelle projetée : 12 000 tonnes.

Samonix vient de soumettre un avis de projet au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, qui doit l’évaluer et l’autoriser. Preuve d’un certain enthousiasme, le ministère doit étudier une autre demande pour une ferme salmonicole, à Baie-Trinité, sur la Côte-Nord, sur le site d’une ancienne scierie. Ce projet est encore plus ambitieux puisqu’il prévoit, à terme, une production annuelle de 30 000 tonnes de saumon atlantique.

Mathieu Farley, fondateur de Samonix, travaille avec des partenaires scandinaves qui disposent des fonds et de l’expertise nécessaires pour mener à bien une entreprise de cette envergure. Ce comptable de formation a travaillé pendant six ans à l’élaboration de ses plans avant de les présenter pour approbation le mois dernier.

La rigueur est de mise, car d’autres projets aquacoles annoncés n’ont toujours pas vu le jour ou ne verront jamais le jour.

C’est le cas de cette usine de truites arc-en-ciel de Bécancour, Wôlinak Aquaculture, qui est tombée à l’eau.

En Gaspésie, le projet d’élevage de truites sur l’ancien hippodrome Bonaventure prend plus de temps que prévu initialement, mais est toujours d’actualité, confirme la municipalité.

« Des projets ont été abandonnés parce que les gens espèrent avoir des autorisations rapidement et croient que ce sera simple », soutient Mathieu Farley, qui sait désormais bien que ce ne sera pas le cas.

Si son entreprise obtient toutes les autorisations, la construction des installations pourrait débuter en 2027 pour une production trois ans plus tard, au mieux. Le poisson sera abattu et transformé en filets sur place. A terme, Samonix pourrait même réaliser du saumon fumé, du gravlax…

Une nouvelle technologie

Plusieurs raisons peuvent expliquer ici les échecs de certains projets et le lent développement de l’aquaculture terrestre.

Selon Céline Audet, professeure émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski, la technologie a évolué et peut désormais rentabiliser un projet terrestre, ce qui était pratiquement impossible jusqu’à récemment.

Les systèmes de circulation sont de nouvelles façons de produire sur terre. Nous n’avons pas besoin de pomper notre eau ni de faire de grands déversements d’eau. C’est une nouvelle technologie qui arrive.

Céline Audet, professeure émérite de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski

Le fondateur de Samonix tient le même discours : « L’avenir de cette industrie viendra de ceux qui auront pris le temps de développer des installations utilisant des technologies de circulation intensive », estime Mathieu Farley, qui estime également que les fermes à terre font partie de l’avenir. d’une aquaculture responsable : nous utilisons moins d’eau, elle est traitée plus efficacement et les déchets peuvent être recyclés sur place. Les poissons n’ont pas besoin d’antibiotiques.

Les plans d’affaires de ces entreprises doivent inclure l’origine des œufs, un enjeu en soi, et le type d’alimentation de ces poissons carnivores – des projets véritablement écoresponsables devront en tenir compte, note Céline Audet.

Selon ce professeur spécialisé en aquaculture, un plan bien conçu doit également définir le marché cible du producteur pour ces poissons locaux.

Samonix et Nayad visent d’abord le Québec, avec un développement vers le Sud. L’objectif est de retirer une part des importations qui dominent largement les rayons des poissonneries.

À moins de huit heures de route de notre site, environ 280 000 tonnes de saumon sont consommées chaque année. De ces 280 000 tonnes, environ 240 000 tonnes ne proviennent pas du Canada.

Mathieu Farley, fondateur de Samonix

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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE ARCHIVES

Le Canada est un grand importateur de saumon du Chili, mais notre plus grand fournisseur de poisson et de fruits de mer reste les États-Unis (36 %).

Reste la question de l’acceptabilité sociale à laquelle devront faire face ces entreprises qui veulent produire du poisson en gros volumes – contrairement à d’autres piscicultures commerciales déjà présentes au Québec, mais qui produisent des volumes beaucoup plus modestes.

A Litchfield, Mathieu Farley assure que les discussions avec le quartier et la municipalité se déroulent bien, jusqu’à présent.

« Quand on comprend la manière dont on s’approvisionne aujourd’hui en saumon au Québec, au Canada ou même en Amérique du Nord, on se rend compte que nous résolvons plusieurs des problèmes causés par cet approvisionnement : 100 % du saumon de l’Atlantique qui est consommé en l’épicerie est un élevage de saumons en milieu marin», précise Mathieu Farley.

La clé du succès de ces systèmes d’aquaculture à recirculation réside dans un traitement de l’eau plus efficace. La professeure Céline Audet rappelle qu’avec les circuits fermés, l’utilisation de l’eau est également restreinte et les déchets métaboliques peuvent être bien gérés.

« Je pense que ce que nous allons voir dans le futur, et peut-être dans un avenir proche, sera très différent de ce que nous avons vu dans l’aquaculture il y a quelques années. Ça va vraiment être autre chose. Parce que nous avons identifié les problèmes et que nous essayons d’y remédier”, déclare M.moi Il ose.

Le président de Nayad Aquaculture va plus loin : le Québec est un possible eldorado pour cette industrie. « Le principal marché d’exportation des produits de la mer se trouve uniquement vers le sud », explique Cameron McDonald. La qualité de l’eau est incroyable et nous possédons le meilleur système énergétique en Amérique du Nord, une hydroélectricité produite de manière renouvelable. » Nayad espère pouvoir débuter la construction de ses installations à La Tuque l’année prochaine.

Apprendre encore plus

  • 84
    Au Québec, 84 entreprises détiennent un permis d’aquaculture commerciale terrestre. En termes de quantité, l’truite mouchetée (truite mouchetée) et la truite arc-en-ciel sont de loin les plus produites.

    CARTE, données 2023

    25 tonnes
    Les entreprises qui pratiquent déjà l’aquaculture terrestre produisent des volumes inférieurs à ceux proposés par les nouveaux projets. À titre de comparaison, Opercule, qui produit de l’omble chevalier au cœur de Montréal, a une production de 25 tonnes annuellement.

    Couverture

 
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