Le conflit entre les 1 200 débardeurs du port de Montréal et leur employeur continue de faire des vagues. Un lock-out pourrait être déclenché à partir de 21 heures
Publié à 8h51
Mis à jour à 18h26
Les débardeurs ont voté à 99,7% contre l’offre patronale considérée comme « globale et définitive ». « L’offre hostile a été rejetée parce que l’employeur a refusé de négocier. Rien dans l’offre ne reflète les revendications du syndicat. Si l’Association des employeurs maritimes (AEM) avait respecté les processus de négociation collective, nous aurions trouvé des solutions et évité un conflit au port de Montréal», commente le conseiller syndical Michel Murray dans un communiqué.
L’écart entre les revendications des débardeurs et l’offre des employeurs reste énorme. L’employeur propose une augmentation salariale de 3 % par année sur quatre ans, puis de 3,5 % pour les deux années suivantes. Le syndicat réclame de son côté une augmentation de 20 % sur quatre ans, et plus de flexibilité en termes d’horaires de travail.
Chaque jour de grève crée un déficit économique d’environ 90 millions de dollars, selon une étude du Port de Montréal, causé par le gel des exportations et de la chaîne d’approvisionnement des fabricants.
«La situation actuelle nous inquiète beaucoup», admet la porte-parole des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Julie White.
La réputation internationale de Montréal est entachée par les conflits de travail répétés au port, estime-t-elle.
« Les fabricants ont besoin de prévisibilité pour se préparer et rester compétitifs. Ces conflits répétés mettent à mal cette prévisibilité. On ne peut pas continuer comme ça», dénonce-t-elle.
Son association réclame une intervention du gouvernement fédéral, qui pourrait aller jusqu’à un retour forcé au travail.
Le gouvernement fédéral n’a pas tardé à déclencher la grève des cheminots. Nous attendons une réponse tout aussi rapide, équivalente pour le transport maritime. Nous laissons le gouvernement fédéral prendre ses décisions, mais nous lui demandons d’exercer son leadership.
Julie White, porte-parole des Manufacturiers et exportateurs du Québec
Pour éviter de futurs conflits, Manufacturiers et Exportateurs du Québec suggère que le transport maritime soit désormais considéré comme un « service essentiel », ce qui pourrait limiter les arrêts de travail dans l’industrie.
Un conflit qui stagne
Le conflit entre les deux partis dure depuis des mois et a déjà donné lieu à des journées de grève. Deux terminaux du port de Montréal sont même fermés en raison d’une grève générale de certains débardeurs.
L’implication du gouvernement fédéral dans les négociations n’aura donc pas eu d’impact évident. Vendredi, le syndicat des débardeurs et l’AEM ont passé deux heures au Service fédéral de médiation et de conciliation, sans aucun progrès.
Les chaînes d’approvisionnement canadiennes ont été touchées par trois conflits majeurs cette année, les deux autres impliquant le transport ferroviaire et aérien. Un lock-out a également éclaté il y a une semaine au port de Vancouver.
Il est rare de voir deux ports situés sur deux côtes différentes éclater en même temps, estime le professeur au département d’administration des affaires de la Texas A&M University, Jean-Paul Rodrigue. « La raison principale est que les contrats sont négociés séparément [différents syndicats] et ont des dates d’échéance différentes. »
La récente grève des débardeurs de l’Association internationale des débardeurs et de ceux du golfe du Mexique est un exemple de cet « asynchronisme », selon lui.
« Le synchronisme serait une stratégie très dommageable dans la mesure où il ferme complètement les chaînes d’approvisionnement et impose des interventions publiques, comme des lois spéciales, presque immédiatement », analyse-t-il.
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