Le chancelier allemand Olaf Scholz à la Chancellerie de Berlin, le 22 octobre 2024 (AFP / RALF HIRSCHBERGER)
Le chancelier allemand Olaf Scholz subit des pressions croissantes de la part de l’opposition et des milieux économiques pour qu’il quitte le pouvoir sans délai après l’éclatement de sa fragile coalition gouvernementale, qui a plongé la première économie d’Europe dans une grave crise.
“Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois”, a déclaré le chef du principal bloc d’opposition, le conservateur CDU-CSU, Friedrich Merz.
L’implosion tant redoutée du gouvernement arrive au pire moment pour l’Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l’Europe, qui s’inquiète des répercussions sur son commerce et sa sécurité de l’élection du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine. élection.
Lors d’une réunion d’environ 25 minutes à la chancellerie, Friedrich Merz a promis à Olaf Scholz de coopérer sur certaines lois en suspens si la question de confiance était posée « dans les prochains jours ».
Mais le chef de l’exécutif a décliné et s’en tient à la date fixée, le 15 janvier, afin d’ouvrir la voie aux élections de mars.
Les milieux économiques et industriels allemands réclament également des élections rapides, tout comme l’AfD, parti d’extrême droite, le BSW (gauche radicale), ainsi que Christian Lindner, le ministre des Finances récemment limogé, dont le départ a provoqué la chute du parti hétéroclite. coalition composée des sociaux-démocrates, des Verts et de son parti libéral (FDP).
“Notre pays n’a pas de temps à perdre”, a-t-il insisté.
– Appel à la « raison » –
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé les politiques à la « responsabilité », soulignant que le pays « a besoin de majorités stables et d’un gouvernement efficace ».
Le président, social-démocrate comme le chancelier, sera chargé de dissoudre le Bundestag si Olaf Scholz perd, comme prévu, la question de confiance.
Malgré le séisme provoqué par l’effondrement de sa coalition au pouvoir depuis fin 2021, Olaf Scholz souhaite se rendre dans la soirée à Budapest pour rencontrer ses homologues européens et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Il a en revanche annulé son déplacement prévu à la COP29 à Bakou qui débute lundi.
L’agonie du gouvernement a duré plusieurs mois en raison de profondes divergences sur la politique budgétaire et économique.
Les sociaux-démocrates et les écologistes sont favorables à la relance d’une économie nationale au point mort par les dépenses, tandis que les libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
M. Lindner est remplacé au Finance par l’un des proches conseillers d’Olaf Scholz, Jörg Kukies, un ancien banquier d’investissement de 56 ans.
Deux autres libéraux quittent le gouvernement, tandis que le ministre des Transports Volker Wissing a décidé de rester et a ainsi quitté son parti. Il sera en charge de la Justice, outre les Transports.
– « Nous prendrons des décisions » –
Le gouvernement est désormais minoritaire, mais “nous sommes au pouvoir, nous pouvons prendre des décisions et nous prendrons des décisions”, a assuré le vice-chancelier Robert Habeck (Verts). L’opposition refuse tout soutien au gouvernement.
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l’origine de la crise actuelle, l’incertitude règne. Une version minimale et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne, mais la paralysie de l’équipe Scholz ne peut pas perdurer, estiment de nombreux commentateurs.
“Heureusement, c’est fini”, titre le magazine Der Spiegel, résumant le sentiment général qui règne dans le pays.
Olaf Scholz espérait que l’élection de Donald Trump, partisan du protectionnisme et des affrontements diplomatiques, obligerait sa coalition à resserrer les rangs. Mais c’est le contraire qui s’est produit.
Si des élections devaient avoir lieu demain, l’opposition conservatrice arriverait en tête avec 32% des voix selon un nouveau sondage jeudi de l’institut Ipsos, réalisé début novembre, avant l’éclatement de la coalition.
Et Friedrich Merz serait le favori pour devenir chancelier. Mais lui aussi aurait du mal à former une coalition majoritaire, l’AfD d’extrême droite guettant en deuxième position (18%) avec laquelle il rejette toute alliance gouvernementale. Le SPD est crédité de 15%, les Verts de 11% et le FDP de seulement 5%.
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