Le chancelier allemand Olaf Scholz a limogé mercredi soir son ministre des Finances. Il demandera aux députés de se prononcer sur la tenue d’élections anticipées, tirant les conséquences des querelles qui ont paralysé sa coalition.
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06 novembre 2024 – 22h16
(Keystone-ATS) Cette décision, point d’orgue de mois de querelles entre les trois partis de gouvernement, plonge la première économie européenne dans une crise politique sans précédent à un moment crucial pour l’Europe, déjà ébranlée par la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis.
“Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays”, a plaidé la chancelière sociale-démocrate lors d’un discours solennel.
Pas le choix
Face aux « ultimatums » de son ministre des Finances, chef du camp libéral, Olaf Scholz a jugé qu’il n’avait pas le choix : il a d’abord décidé de limoger Christian Lindner, grand financier du gouvernement et président du parti libéral. FDP, a alors annoncé qu’il poserait aux députés la question de confiance.
Les élus du Bundestag décideront le 15 janvier s’ils souhaitent que des élections législatives anticipées se tiennent avant la date prévue en septembre 2025. Cela pourrait être le cas en mars.
« La confiance est souvent trahie »
Christian Lindner, leader du camp libéral, a « trop souvent trahi ma confiance », a déploré le dirigeant allemand, dénonçant son comportement « égoïste ».
Le divorce a été acté après une journée de pourparlers de crise organisée à la chancellerie pour tenter de sauver l’exécutif dirigé par Olaf Scholz depuis fin 2021.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne et Olaf Scholz souhaitait diriger la sienne jusqu’aux prochaines élections législatives prévues le 28 septembre 2025.
Une équipe mise à mal depuis des mois
Mais l’équipe gouvernementale est minée depuis des mois par des dissensions politiques, sur l’économie et l’immigration, et des querelles personnelles.
Les désaccords portent sur les solutions permettant de relancer la plus grande économie européenne, menacée de récession pour la deuxième année consécutive.
Les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz veulent préserver leurs priorités sociales ; Les Verts de Robert Habeck s’efforcent de lutter contre le changement climatique malgré les coûts de la transition tandis que les libéraux s’obstinent à respecter les limites constitutionnelles drastiques de l’Allemagne en matière de déficits budgétaires et de dette.
L’ombre de Trump
Olaf Scholz pensait que l’élection à la présidence des Etats-Unis annoncée le matin même du républicain Donald Trump, adepte du protectionnisme et des affrontements diplomatiques, allait contraindre sa fragile coalition à serrer les rangs.
C’est le contraire qui s’est produit. Selon le quotidien Bild, le ministre des Finances a affirmé lors de la réunion de crise que ces élections et leurs conséquences attendues rendaient encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne.
Le vice-chancelier vert et ministre de l’Économie Robert Habeck avait appelé chacun à reprendre ses esprits, soulignant qu’avec le retour de Trump au pouvoir, « le gouvernement doit être pleinement capable d’agir ». « C’est le pire moment pour qu’un gouvernement échoue », a-t-il prévenu en début de semaine.
Les conservateurs en tête dans les sondages
Autre argument de taille contre l’éclatement de la coalition, et donc des élections anticipées : les conservateurs sont largement en tête dans les sondages et leur leader, Friedrich Merz, est le favori pour devenir chancelier.
Quant au parti d’extrême droite AfD, en forte progression lors des dernières élections, il guette en deuxième position.
Fossé trop grand
Mais l’écart entre les partis de la coalition était devenu trop grand ces derniers jours, les désaccords se concentrant sur les solutions pour relancer la première économie européenne qui risque d’être en récession pour la deuxième année consécutive.
La fuite d’un document de Christian Lindner en vue d’un « tournant économique » libéral, allant à l’encontre de la ligne centriste suivie jusqu’ici par le gouvernement, a finalement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Le ministre, chantre de l’austérité budgétaire, avait lui-même menacé à plusieurs reprises de quitter la coalition avant la fin de l’année s’il n’obtenait pas gain de cause.
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