Le député caquiste Sylvain Lévesque reçoit une réprimande de la commissaire à l’éthique parce qu’il a tenté de la tromper lors d’une enquête sur un cocktail de financement de la CAQ dans sa circonscription.
Le député de Chauveau a annoncé mercredi sa démission de son poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, à la suite du dépôt du rapport de la commissaire Ariane Mignolet.
Le député pourrait également être exclu du caucus caquiste. La question sera soulevée lors de la réunion des députés du parti mercredi soir, a confirmé le premier ministre François Legault.
En janvier dernier, une plainte avait été déposée par le député solidaire Vincent Marissal.
Il accuse une membre du personnel du bureau de circonscription de Chauveau d’avoir favorisé, dans l’exercice de ses fonctions, les activités de financement partisanes de la Coalition Avenir Québec.
Elle a suggéré à un citoyen qui demandait de l’aide de payer 100 $ pour participer à une activité de financement de la CAQ, afin de pouvoir rencontrer le ministre des Finances Éric Girard. Le commissaire ne blâme pas le député pour ce geste.
Tromper le commissaire
En revanche, elle conclut que Sylvain Lévesque a commis une infraction au code en trompant ou en tentant de tromper et d’entraver la commissaire dans l’exercice de ses fonctions.
L’enquête démontre que le député a menti au commissaire en voulant dissimuler son inaction auprès du citoyen qui a fait appel à lui. Contrairement à ce qu’il avait affirmé, il n’avait jamais remis à un employé de la ministre Girard une lettre écrite par ce citoyen en 2023.
“Le député a reconnu avoir volontairement communiqué des informations inexactes au cours de l’enquête.”
Les preuves recueillies montrent qu’il a utilisé une adresse email personnelle pour transmettre des mois plus tard, lors d’une enquête en 2024, le texte écrit par ce citoyen au cabinet Girard puis a supprimé son email “pour ne pas laisser de trace dès le moment de sa transmission”, » souligne le commissaire.
Pour se défendre, il a expliqué qu’il craignait d’embarrasser le ministre. “Le député affirme avoir agi “par panique”, pour “se protéger” et pour éviter que le battage médiatique ne s’amplifie encore”, note le commissaire.
“De manière consciente et assumée, il a choisi de ne pas communiquer les informations exactes concernant les circonstances”, décide toutefois M.moi Mignolet, qui recommande des sanctions et un blâme de la part de l’Assemblée nationale. Elle ne croit pas que le député devrait démissionner.
Sur Facebook, le député a tenu à s’excuser. «Je dois admettre que je n’ai pas été parfait lors du processus d’enquête qui a mené à ce rapport. Concernant les manquements qui m’ont été imputés, j’avoue avoir très mal réagi et avoir transmis des informations inexactes”, a-t-il écrit.
Démission demandée
Le chef conservateur Éric Duhaine « espère » pour sa part que le député Lévesque aura « la décence de démissionner » pour les citoyens de Chauveau. « Les mensonges ont des limites », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il aimerait se présenter dans sa circonscription lors d’une éventuelle élection partielle.
L’auteur de la plainte, Vincent Marrisal, est satisfait du travail du commissaire. Il rappelle qu’à l’époque, le Premier ministre l’avait accusé de lancer de la « bouillie ».
Il soutient que les gestes posés par le député Lévesque « sont graves », mais qu’il ne souhaite pas s’entêter.
La libérale Monsef Derraji « espère vivement que tous les élus se montreront à la hauteur en appliquant ces recommandations essentielles pour préserver la confiance du public ».
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