Dans sa présentation, la candidate a donné la priorité au portefeuille de l’égalité, s’engageant notamment à mettre pleinement en œuvre la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. .
Feuille de route pour les droits humains, nouvelle stratégie pour l’égalité des genres post-2025, révision de la stratégie pour l’égalité des personnes LGBTIQ, nouvelle stratégie antiraciste, nouvelles mesures en faveur des personnes handicapées, cadre stratégique pour les communautés roms, protection contre le cyber-harcèlement : Hadaj Lahbib s’engage sur tous ces points, sans toutefois entrer dans le détail des mesures prévues.
Quant aux crises et à leur gestion, le candidat a confirmé la nécessité de mieux préparer l’Union. « On ne peut plus simplement réagir aux crises, il faut mieux anticiper et prévenir grâce à une stratégie de soutien aux États membres, que je présenterai en début de mandat ». Hadja Lahbib a également insisté sur la nécessité d’impliquer l’ensemble de la société et les citoyens pour construire un “culture” une préparation partagée aux crises, un point sur lequel Ursula von der Leyen avait déjà insisté.
Inondations en Espagne : « Il faut mieux se préparer »
Le candidat s’est concentré sur la situation en Espagne, frappée par des inondations meurtrières. « C’est une terrible preuve que nous devons mieux nous préparer. Je vais donc renforcer notre résilience climatique et contribuer à notre plan d’adaptation climatique ». La préparation aux crises sanitaires et aux menaces chimiques, biologiques ou nucléaires a également été abordée.
Quant à l’aide humanitaire, le chef de la diplomatie belge a souligné l’importance d’impliquer davantage de donateurs à travers le monde et d’encourager les États membres à atteindre l’objectif de 0,7% du produit national brut. Sans citer directement l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, soutenue par l’UE mais ciblée par Israël, elle a réitéré son soutien à l’ONU et rappelé les principes de ne pas cibler les populations civiles, les écoles et les hôpitaux.
Applaudie à la fin de son introduction, la candidate a enchaîné avec les questions des députés européens, auxquelles elle a répondu cette fois en français.
Interrogée sur les droits des femmes et la lutte pour l’égalité
Dès la première question, le « libre choix » des femmes de disposer de leur corps et de décider d’avoir ou non des enfants a été mis en avant par Hadja Lahbib. Interrogée sur la baisse de la fécondité en Europe, elle a insisté sur le soutien nécessaire pour permettre aux femmes d’accoucher. “sans crainte de perdre sa carrière”Par exemple.
Les prochains mois seront consacrés à dresser un état des lieux de « réalité sociale » grâce aux données d’organismes comme l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, dans le but de « mettre tout en place pour pouvoir bien accompagner les femmes dans leur choix ».
Interrogée sur le droit à l’interruption volontaire de grossesse (avortement), Mme Lahbib a saisi la Cour européenne des droits de l’homme, « qui estimait en 2023 que le manque d’accès sûr et sécurisé à l’avortement est une atteinte aux droits individuels (…) C’est une base sur laquelle on peut construire ». Une affirmation suivie d’applaudissements.
Alors que le corps des femmes « divise les sociétés »les droits sexuels et reproductifs sont « des droits fondamentaux qui doivent absolument être protégés »a-t-elle insisté, regrettant le déclin observé dans certains pays européens. Hadja Lahbib a également annoncé une feuille de route sur la stratégie pour l’égalité femmes-hommes pour le 8 mars. Elle s’engage à être attentive au financement de cette thématique. Le ministre est resté prudent quant à l’échec récent de l’UE à parvenir à une définition commune du viol, basée sur le consentement.
Plusieurs députés se sont demandés si le couplage du portefeuille de l’égalité avec celui de la gestion de crise ne constituait pas un retour en arrière. Hadja Lahbib a souligné que les forces de sa prédécesseure Helena Dalli (commissaire à l’égalité sortante, NDLR) restaient en place. L’idée est d’intégrer le thème de l’égalité dans tous les commissariats de manière transversale à travers une task force, a-t-elle expliqué. “Pour moi, il y aura 26 commissaires qui devront répondre de l’égalité durant ce mandat.”
L’extrême droite s’en prend à la maternité de substitution. Le candidat a évité le piège. «C’est une compétence des États membres»répondit-elle. Cependant, elle a soulevé un angle européen : les différences de législation au sein de l’UE conduisent à davantage d’inégalités dans la reconnaissance des enfants entre les États membres, c’est aussi une question de liberté de circulation des personnes. Hadja Lahbib a soutenu l’idée d’un certificat européen de reconnaissance pour ces enfants, “peu importe leurs parents”» dit-elle, suscitant des applaudissements. Ce fut également le cas lorsqu’elle s’est prononcée contre la thérapie de conversion.
Hadja Lahbib répond aux attaques contre les visas iraniens et son voyage en Crimée
La ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib a répondu aux questions répétées de certains députés qui l’interrogeaient, lors de son audition de confirmation en tant que commissaire européenne, sur deux dossiers brûlants qui mettaient en péril son mandat : la délivrance de visas en 2023 à une délégation iranienne et un reportage journalistique en 2021 en Crimée occupée par la Russie.
Ces questions venaient notamment de l’eurodéputée N-VA Assita Kanko (ECR), de l’extrême droite (AfD allemande) ou encore de membres du PPE qui ont voté contre Ursula von der Leyen en juillet, comme le Français François-Xavier Bellamy (Le Républicains). La commissaire désignée a réitéré les réponses qu’elle avait déjà données devant la Chambre sur ces deux dossiers. Elle a notamment rappelé que la délivrance des visas à la délégation iranienne avait été faite contre l’avis de son ministère, et qu’elle avait elle-même obtenu la confiance de la Chambre.
Quant à la polémique autour de ses reportages en Crimée, où elle était entrée via la Russie, elle a réfuté les allégations d’un élu de l’AfD affirmant que l’invitation lui venait “La fille de Poutine”et remettant en question son soutien à l’Ukraine. “Cette invitation est venue d’un artiste qui vivait en Belgique”répondit-elle. «Il ne fait aucun doute qu’en tant que ministre des Affaires étrangères, j’ai toujours défendu la souveraineté de l’Ukraine sur la Crimée»a déclaré Hadja Lahbib, soulignant sa proximité avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi que le soutien armé et financier de la Belgique à Kiev.
Sur la compétence de l’aide humanitaire, des élus d’extrême droite ont attaqué le candidat sur le soutien belge et européen à l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, dont Israël accuse les agents de soutenir le terrorisme. Le ministre a réitéré la position de l’UE : s’il n’y a pas de risque zéro, il y a tolérance zéro ; Des contrôles extrêmement stricts sont effectués et l’UE continue de soutenir l’ONU.
Interrogé une énième fois sur la Crimée, le ministre a cependant commis une erreur en répondant sur le dossier iranien. Pour passer sans problème, Hadja Lahbib a besoin du soutien des coordinateurs des groupes politiques représentant les deux tiers des commissions concernées. Le soutien du groupe ECR est donc également nécessaire, aux côtés du PPE, du S&D, de Renew et des Verts/ALE. Des questions écrites supplémentaires, voire une nouvelle audience, sont théoriquement possibles si le récit n’y est pas. Au final, un vote à la majorité simple pourrait avoir lieu.
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