Il y a un an, la question qui revenait tôt ou tard dans toute discussion sur la politique québécoise était la suivante : oui, ça va mal pour la CAQ et François Legault, mais est-ce qu’ils finiront par revenir plus tard ?
J’ai répondu par l’affirmative, sans aucun doute réel : ouais, ils vont remonter, ils ont le temps, ils contrôlent l’agenda, le PQ est monté très haut très vite…
Un an plus tard, je commence à douter de ma réponse.
Le gouvernement Legault a connu de mauvaises semaines. Même lorsque l’immigration et la laïcité sont au cœur de l’actualité, on les sent ballottées par les événements, en réaction.
Et il faut le dire : ce n’est pas seulement le gouvernement qui semble dépassé, c’est aussi et d’abord le premier ministre François Legault lui-même.
La stratégie de la CAQ consistant à le raréfier, autrement dit à le cacher aux médias, en est le symptôme.
C’est d’autant plus inquiétant.
Immigration
En 2022, le Premier ministre affirmait qu’il serait « un peu suicidaire » de dépasser le seuil d’immigration permanente de plus de 50 000 immigrants par an. Et que sans nouveaux pouvoirs fédéraux, c’était le louisianisation qui nous regardait.
Au final, environ 64 000 immigrants ont été admis en 2024. Il y en aura 67 000 en 2025.
Conseil amical : vous devriez envisager de vous inscrire dès maintenant à des cours de cuisine cajun et à des cours de banjo.
En guise d’alibi, le gouvernement Legault impute cette hausse à la popularité de la voie accélérée pour les étudiants temporaires vers l’immigration permanente – ce qu’on appelle le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
Or, c’est la CAQ elle-même qui a déplafonné le plafond d’admission au PEQ en 2022 !
Ce programme a été réformé une première fois par Simon Jolin-Barrette en 2019, une autre fois en 2020 encore par Jolin-Barrette, a ensuite été révisé sans plafond par Christine Fréchette en 2023, et voilà, Jean-François Roberge annonce un moratoire.
Ne vous inquiétez pas, j’ai aussi le vertige.
Des vertiges, oui, mais aussi un torticolis en raison de la distance entre le discours et les promesses du premier ministre et ses actes, qui se traduisent par un relèvement des seuils par rapport aux gouvernements Couillard et Charest.
Et ce sont maintenant Marc Miller et Justin Trudeau qui demandent au gouvernement Legault son plan pour réduire l’immigration temporaire.
Aux vertiges et aux raideurs de la nuque, il faut ajouter la gêne.
Secularism, DPJ, Francisation
Même sur la laïcité, on sent un essoufflement de la part du Premier ministre. Cependant, l’opportunité est là s’ils veulent renforcer la loi 21, établir de nouveaux remparts laïcs et revoir le financement public des écoles religieuses privées, ce qu’un État laïc et un Premier ministre véritablement cohérent s’attaqueraient.
Puis en réaction aux scandales de dysfonctionnement du DPJ, le Premier ministre a d’abord évoqué une demande qui dépasse l’offre, loué les investissements historiques de son gouvernement, et a fini par faire un lien boiteux entre demandeurs d’asile et problèmes au DPJ, le petit doigt comme seul guide.
Que dire également de la fermeture des cours de français ? La CAQ se défend comme avec le DPJ : les budgets sont plus imposants que jamais.
Reste que la demande est là, et qu’on ne peut pas déplorer une anglicisation en coupant dans les classes de francisation.
Non seulement nous en prenons davantage, mais nous ne nous en occupons pas dans ce cas-ci.
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