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De l’Ehpad au cimetière, il n’y a que quelques pas…

Aux apéritifs immortels, on met les mots à mort

La jeune femme a complété un master au sein de l’Unité de psychologie de la sénescence (ULiège) dirigée par le professeur Stéphane Adam, co-fondateur de la spin-off LyAge qui propose des services d’évaluation, de formation, d’accompagnement et de conseil. liée au vieillissement. Pendant un an, elle a accompagné les équipes de plusieurs maisons de repos (MR) et/ou maisons de retraite (MRS) à Liège avant de rejoindre LyAge le 1er octobre.

Difficile de ne pas associer l’idée de la mort…

Difficile de ne pas associer les maisons de retraite à l’idée de la mort. “Une fois entrés, nous sommes déjà exclus de la société : nous ne vivons qu’au rythme de l’institution et, d’une certaine manière, nous n’y vivons plus.dit le psychologue. La prise en charge des résidents est avant tout axée sur le soin et beaucoup moins sur la vie, poursuit-elle.

Les maisons de repos sont-elles alors des maisons mourantes ? Dans son mémoire de maîtrise, Julie Mathot aborde la question – notamment – ​​sous l’angle de la localisation géographique des MR-MRS. Les résultats de cette étude préliminaire sont éloquents : le mot « mourir », qui peut paraître provocateur, est plus qu’un symbole.

Patricia a refusé de se laisser « déranger par la mort »

Une distance moyenne de 1,58 km

La jeune femme a utilisé Google Maps pour mesurer la distance, à pied, qui sépare chacune des 542 maisons de repos wallonnes du lieu de sépulture le plus proche. Pour vérifier son hypothèse, elle a appliqué la même méthode aux 309 centres d’hébergement pour personnes handicapées (CPH), l’établissement d’hébergement le plus proche de la maison de repos en termes de fonctionnement et d’offre de services.

L’exercice est édifiant. Pour les maisons de repos, la distance moyenne est de 1,58 km (la plus longue étant de 6,9 ​​km), contre 2,34 km (14,1 km pour la distance maximale) pour les CPH. Les institutions pour personnes âgées relevant du secteur associatif sont les plus éloignées du cimetière (1,75 km en moyenne). Les maisons de repos privées sont distantes en moyenne de 1,61 km et celles dépendantes du CPAS sont à peine à 1,37 km. L’un d’eux détient le record de la distance la plus courte jusqu’au cimetière : 30 mètres. Avec un voisin commun : la maison funéraire. Juste quelques pas avant la tombe.

Voisins des lieux de sépulture

« Géographiquement, la maison de repos est bien l’institution résidentielle la plus proche du cimetière »note Julie Mathot. Il existe aujourd’hui environ 2.190 cimetières en Région wallonne. Historiquement, les lieux de sépulture ont été situés en dehors des villes, et donc exclus de la société, pour des raisons de santé. En 2018, un rapport de localisation des cimetières wallons, basé sur des plans cadastraux, montrait qu’ils étaient situés en périphérie, loin des villes, au cœur d’un paysage majoritairement dominé par l’agriculture. “La conséquence de cette évasion est l’exclusion de la mort.souligne le psychologue. Cette relocalisation témoigne de la volonté de tenir la mort à distance, de l’éloigner du quotidien urbain. Les maisons de repos et leurs résidents sont donc En fait logés dans le même bateau.

A la maison de la mort, les citoyens entourent la mort

On oublie parfois que les gens sont chez eux

En entrant dans une maison de repos, met-on déjà un pied dans la tombe ? “Cet exercice quelque peu rudimentaire de mesure des distances jusqu’au cimetière confirme la nécessité d’un changement de paradigme, répond le consultant spécialisé dans le vieillissement. Voulons-nous ajouter des années à la vie ou la vie aux années ?

De nombreuses maisons de repos sont calquées sur le modèle hospitalier. “Les soignants travaillent comme à l’hôpital sauf qu’ici, dans un Ehpad, on est chez les gens. Ils oublient parfois que les gens sont chez eux. Un exemple ? Si un résident fait une chute, on laisse la porte de sa chambre entrouverte, pour surveiller, et tant pis si la personne perd son intimité.

Représentations biaisées des personnes âgées

La plupart des professionnels ont des représentations biaisées car ils n’ont pas de formation concernant le bien-être des personnes âgées et adoptent une position paternaliste. “Nous viserons la prévention, la sécurité… Nous avons toujours peur que la personne âgée tombe ou s’enfuie. Comme si, en vieillissant, on ne pouvait plus prendre de risques. Si nous appliquions cela à tous les âges de la vie, en examinant les statistiques d’accidents, nous ne reprendrions plus jamais notre voiture.

Solitude extrême proche de la mort

C’est comme si la vie se retirait déjà… »Il existe une sorte de surprotection des personnes âgées dans les Ehpad. Nous lavons le sol avec Dettol trois fois par jour. Est-ce que vous faites ça à la maison ? Même en termes de nourriture, les habitants ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. Quand la diététicienne dit : pas de sucre, car la personne est diabétique, même la petite gaufre comme collation est interdite, même si elle reste une Source de plaisir après 80 ans. Ce n’est plus la vie, ça… »

Il faudrait pouvoir remettre le curseur plus au milieu, moins centré sur le soin et davantage sur la personne, insiste Julie Mathot.

 
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