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La présence croissante des opioïdes au Québec risque de faire augmenter ce chiffre, craignent les experts.

Il y a toujours eu de la drogue à l’école, mais ces dernières années, la situation est devenue plus préoccupante. Les substances sont plus variées, plus fortes et surtout plus sournoises en raison de la contamination au fentanyl et ses dérivés. Dans le même temps, l’accès aux stupéfiants, via les réseaux sociaux, est plus facile que jamais. Devoir je voulais me pencher sur la question. Dans cette rubrique : les surdoses mortelles.

Le décès par overdose du jeune Mathis, âgé d’à peine 15 ans, en décembre dernier, a fait grand bruit au sein de la population québécoise. Mais il n’est pas le seul mineur à être mort d’une overdose. Depuis 2013, au moins huit autres jeunes de moins de 18 ans ont perdu la vie à la suite d’une intoxication médicamenteuse, dont cinq qui avaient consommé des opioïdes, mais leurs cas, bien que tout aussi dramatiques, ont presque tous été ignorés. le radar.

Au Québec, le nombre de surdoses mortelles chez les mineurs est encore très faible, mais cela pourrait changer très rapidement, craignent plusieurs intervenants et spécialistes. Car en matière de toxicomanie, les mouvements observés dans l’Ouest canadien sont généralement observés au Québec quelques années plus tard. Et en Colombie-Britannique, les surdoses sont devenues la principale cause de décès chez les adolescents ces dernières années, devant les suicides et les accidents de voiture, selon un rapport des coroners de la province sur les décès d’enfants publié en 2024.

A. avait 16 ans. Avec deux amis, l’adolescent fouille dans les médicaments de sa mère, décédée peu avant d’un cancer, et trouve une soixantaine de comprimés d’hydromorphone, un opioïde cinq fois plus puissant que la morphine communément appelée Dilaudid, qui lui avait été prescrite pour soulager la douleur. en soins palliatifs.

Sans expérience avec ce type de médicaments et ayant lu sur Internet que cela pouvait lui procurer une sensation d’euphorie, A. prend 20 comprimés. Son ami aussi. Le troisième a « le bon sens » de ne prendre qu’un seul comprimé, écrit le coroner Jacques Ramsey dans son rapport. Les jeunes consomment également du cannabis. « La fête ne dure pas longtemps, explique le coroner. A. veut seulement dormir. L’ami qui prenait également des médicaments souffrait de nausées et de sueurs et vomissait plusieurs fois en début de soirée puis pendant la nuit. Cela lui a peut-être sauvé la vie. »

A. n’a pas eu cette chance. Lorsqu’un de ses amis l’appelle le lendemain matin, son frère, « qui ne se doute pas encore de ce qu’il a mangé », s’aperçoit qu’il ronfle. Il essaie de le réveiller, mais il marmonne quelque chose et se rendort. Ce n’est que dans l’après-midi que la famille a découvert que A. prenait 20 comprimés d’opioïdes. « Quand on retourne au chevet du jeune homme, il est trop tard. »

À l’époque, en 2013, la crise des opioïdes n’était pas sur les radars au Québec. Le coroner lui-même n’utilise pas ce terme, parlant plutôt de stupéfiants.

« Personne ne connaît les effets des stupéfiants, alors on laisse A. dormir, croyant qu’il se réveillera le matin une fois que les effets de la drogue se seront dissipés. Malheureusement, une intervention médicale à base de naloxone et d’assistance respiratoire aurait pu sauver la vie du jeune homme. »

« N’ayant jamais consommé de stupéfiants auparavant, et donc n’étant pas dépendants, les jeunes sont particulièrement vulnérables. Il y a eu presque deux décès», souligne le coroner.

MDMA contaminée

Depuis, presque chaque année, un nouveau décès se produit. Jeunes de 14 à 17 ans, provenant de différentes régions du Québec. Certains ont des problèmes connus de toxicomanie, d’autres qui semblent n’avoir aucun antécédent.

C’est le cas de G., 16 ans, qui a perdu la vie après avoir consommé « trois comprimés d’une drogue illicite qu’il croyait être de la MDMA » lors d’un rassemblement festif tenu au Palais des congrès de Montréal en 2018. La MDMA est une drogue de synthèse. dans la catégorie des amphétamines, souvent vendues sous le nom d’ecstasy ou de molly.

« L’enquête n’a pas révélé l’origine des comprimés », explique la coroner Marie-Pierre Charland, qui rapporte qu’« au moins une personne s’est promenée dans les lieux où a eu lieu le rassemblement avec une affiche indiquant : MDMA à vendre ».

Outre G., sept autres personnes — dont un autre mineur — ayant participé à cette fête ont été transportées en ambulance en raison de convulsions qui pourraient être liées à la consommation de ces mêmes comprimés.

Deux décès en 2021

En 2021, deux autres adolescents sont décédés, l’un d’une intoxication à la MDMA, l’autre d’une polyintoxication. Ce dernier avait mélangé plusieurs substances. Dans son sang, la présence de fentanyl, de cocaïne et de méthamphétamine a été détectée.

Dans sa chambre, des champignons magiques, des comprimés d’ecstasy, de la méthamphétamine, de l’héroïne violette et des sachets contenant de la poudre blanche et violette ont été retrouvés. L’analyse révèle que ces substances contenaient de l’étonitazène, un opioïde de synthèse plus puissant que le fentanyl. Le coroner note que c’était « la première fois que de l’étonitazène était détecté au Québec ». Depuis, cette substance, et ses nombreux dérivés classés dans la catégorie des nitazènes, ont provoqué plusieurs décès dans la population.

En lisant tous ces reportages, on constate que plusieurs jeunes sont morts dans leur lit. La drogue a provoqué un état de somnolence et ils se sont couchés sans poser de questions. Puis ils sont tombés dans une dépression respiratoire sans que personne ne s’en aperçoive. A. ronflait. S. aussi. Cela aurait pu être un signal, indique le coroner Donald Dionne, dans le rapport sur le décès de S, 16 ans, endormi dans un faire la fête chez un ami après avoir consommé de la cocaïne, des benzodiazépines, du cannabis et de l’oxycodone. “Il ronflait bruyamment”, ce qui “laissait penser qu’il était dans un état de dépression du centre respiratoire”, a écrit le coroner.

L’histoire de Mathis

La somnolence extrême et le ronflement sont des signes reconnus d’une surdose d’opioïdes. Mais est-ce que les gens le savent ? Cela, le petit Mathis ne le savait visiblement pas. Le coroner n’a pas encore rendu public son rapport, mais le père de Mathis, Christian Boivin, répète son histoire depuis son décès tragique en décembre 2023, espérant que la mort de son fils soit « un signal d’alarme » qui puisse faire bouger les choses.

« Les jeunes, comme Mathis, n’en sont pas conscients. C’est ça le problème, dit M. Boivin en soupirant. Il a pris quelque chose, il se sentait mal, il s’est couché. Il n’a jamais pensé qu’il allait en mourir. »

Le jeune de 15 ans a raconté à son ami, avec qui il jouait à Roblox en ligne, qu’il avait pris de l’oxycodone, que son bras avait l’impression que des moustiques le piquaient et qu’il s’était endormi. Rien d’autre. Il n’a pas vomi, il n’a pas chancelé comme cela peut arriver quand on boit trop d’alcool. Rien. Il a même pris la peine d’enfiler son pyjama, de se brosser les dents et de brancher son téléphone, comme si tout était normal. «C’est là que c’est sournois, c’est le réflexe de se dire : je vais me coucher, et demain, ce sera réglé», soutient M. Boivin.

“Ayant connu”

Les parents de Mathis ont eu des échanges francs avec lui, gardant une communication ouverte, tout en l’informant des risques liés à la consommation. Ils lui ont parlé des substances contaminées, lui ont envoyé des articles à ce sujet, mais leur fils leur a dit qu’il ne prenait plus de drogues de synthèse et qu’il faisait attention. Le premier conseil de prévention que les intervenants en prévention donnent généralement aux parents est de maintenir le dialogue et d’éviter de tomber dans un ton trop moralisateur. C’est ce qu’ont fait les parents de Mathis. Mais dans ce cas-ci, cela n’aura pas suffi.

Lorsque son père le trouva dans son lit le lendemain matin, il était déjà trop tard. Dans son portefeuille, l’adolescent avait quatre faux comprimés d’oxycodone. Les analyses ont montré qu’il s’agissait de l’isotonitazène, un opioïde de synthèse plus puissant que le fentanyl.

« Avec le recul, j’aurais poussé beaucoup plus mon dialogue avec lui sur les symptômes d’une overdose, les choses à surveiller », confie son père. Tu sais, j’aurais dit plus : si tu ne te sens pas bien, viens me voir, je ne te chicanerai pas. »

Ces mots : « avec le recul ». Et ceux-ci : « avoir connu ». Elles reviennent inévitablement dans le discours de M. Boivin, démontrant l’ampleur du désarroi d’un père, qui se demande constamment ce qu’il aurait pu faire différemment pour garder en vie son fils aîné.

Et c’est un peu pour cela qu’il a décidé de parler publiquement de la mort de Mathis. Sensibiliser les parents, pour éviter que cela n’arrive aux autres. « Si quelqu’un avait fait le plus de bruit possible comme moi il y a un an, j’aurais peut-être agi différemment, j’aurais peut-être eu une conscience un peu plus aiguisée. Je ne comprends pas pourquoi nous n’en entendons pas parler. »

La vague de l’Ouest canadien

Christian Boivin s’inquiète de constater que les surdoses sont devenues la principale cause de décès chez les adolescents en Colombie-Britannique. Car, selon lui, ce n’est qu’une question de temps avant que la vague ne frappe les adolescents québécois. « Nous ne devons pas fermer les yeux », a-t-il déclaré. Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas plus peur de ce qui arrive, ça arrive définitivement ici. »

Il n’a pas tort de s’inquiéter, si l’on se fie à l’analyse de Jean-Sébastien Fallu, professeur à l’école de psychoéducation de l’Université de Montréal. « Tout ce qui se passe dans l’Ouest canadien finit ici », affirme M. Fallu. Il n’y a aucune exception. Que ce soit le crystal methla crise des surdoses, la xylazine, les nitazènes, etc., c’est toujours comme ça. »

Si les surdoses mortelles chez les jeunes et dans les écoles québécoises ne sont pas pour l’instant une Source d’inquiétude majeure, les directeurs d’école, les intervenants en prévention, mais aussi les policiers et la santé publique rappellent l’importance de travailler en consultation, de pratiquer la prévention et de rester en poste. le guetteur. Comme le dit Lydia Lefebvre, directrice du programme de prévention des addictions à la Maison de Jonathan : « Une tendance arrive tellement vite. »

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