“Molière and his masks”, Simon Falguières’ farce tour – Libération

Le Moulin de l'Hydre, ancienne filature normande reconvertie en résidence de théâtre, accueillait ce week-end son festival annuel. Le metteur en scène y présentait sa dernière création, un détour prometteur par la comédie.

Il est des lieux qui façonnent le destin d’une troupe, où s’ancrent les aventures passées et futures, où se fondent les contours des âmes qui les font grandir. L’auteur et metteur en scène Simon Falguières a projeté dans le Moulin de l’hydre des rêves aussi grands que les épais murs de pierre qui le soutiennent. Cette ancienne filature de coton à la frontière de l’Orne et du Calvados est son île utopique : une « usine à théâtre », inaugurée en mai après deux ans et demi d’un travail colossal participatif. Espace de création, de stockage, de construction et d’hébergement, le Moulin est le fruit du travail rigoureux de bâtisseurs, habitués aux aventures collectives et aux projets déraisonnables. Les fenêtres de la grande salle de répétition offrent une vue imprenable sur le bien nommé mont Cerisy-Belle-Etoile, contre les pentes duquel semblent reposer les marches de la scène extérieure. Au fond du jardin serpente le Noireau, dont le gargouillement résonne comme une seconde bénédiction.

C'est la troisième année qu'un festival de rentrée est organisé ici, deux jours de spectacles et de concerts qui rassemblent presque autant de monde que les habitants de la petite commune ornaise de Saint-Pierre d'Entremont, soit environ 660 personnes. Pour y arriver, il faut sillonner les routes sinueuses de cette Suisse normande vallonnée et surtout ne pas craindre la pluie, torrentielle aujourd'hui, selon les habitants qui ont déjà eu droit à des averses. Concert écourté, spectacle assuré