« Il faut monter des projets » pour relancer Saint-Roch

« Saint-Roch a besoin de nouveaux projets comme celui-là », insiste la directrice générale de la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville, Marie-Pier Ménard.

La perte de dynamisme commercial du quartier a défrayé la chronique ces dix derniers jours. Les fermetures successives des magasins Benjo et La Cordée ont alimenté le discours selon lequel le milieu des affaires de Saint-Roch s’effritait.

Une fois les observations faites, plusieurs commerçants se disent impatients. La recherche de solutions a commencé.

En entretien à Soleilils partagent un attachement profond, voire un « amour », pour leur quartier. Ils sont unanimes : Saint-Roch peut – et va – rebondir.

Mais d’ici là, il reste beaucoup à faire.

Plus d’habitants, plus de touristes

Faire revenir les gens semble être le consensus pour inverser le déclin commercial de Saint-Roch.

« Personne n’a envie de venir se promener dans un quartier où il n’y a personne », analyse Guillaume Carpentier, cofondateur de la brasserie artisanale La Korrigane.

Rue Saint-Joseph Est, au coeur du quartier Saint-Roch. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil)

« S’il n’y a plus de passants dans notre rue, nous ne vendrons pas », confirme Tony Tannous, copropriétaire de La Galette Libanaise.

Le restaurateur constate qu’ils sont moins nombreux à arpenter l’artère commerciale où son entreprise a élu domicile, la rue Saint-Joseph. Résidents mais aussi touristes.

“Il va falloir bouger et faire des projets.”

— Tony Tannous, co-owner of La Galette Libanaise

À quelques rues de là, le promoteur immobilier Trudel prévoit construire une série d’immeubles comprenant quelque 400 logements et 150 chambres d’hôtel, pour remplacer les 100 000 pieds carrés de l’actuel stationnement de Dorchester. Une épicerie à gros volume, des commerces de proximité et des espaces verts publics promettent également d’aménager la cour.

Selon le dernier échéancier communiqué par Trudel, le projet du bloc Dorchester, évalué entre 200 et 300 millions $, devrait être livré au printemps 2027.

De quoi « diversifier » l’offre dans le quartier, selon Tony Tannous. «Je l’accueille à bras ouverts. Cela apportera plus d’activité. Supposons qu’il y ait 1 000 personnes qui vivront là et qu’elles viennent manger deux fois par an, cela fait quand même 2 000 repas de plus que j’aurai servi », estime-t-il.

Les entreprises voisines du projet du bloc Dorchester réfléchissent à l’impact causé par l’arrivée de nouveaux résidents et de touristes dans le quartier. (Groupe Trudel)

Voisin de l’îlot Dorchester, le Maelstrøm n’en espère pas moins. « À terme, pour nous, on s’attend à une explosion économique », projette le directeur des opérations, Frédéric Boudreau.

Les difficultés liées à l’itinérance dénoncées par les commerçants de la rue Saint-Joseph sont moins observées rue Saint-Vallier Est, où les affaires vont « étonnamment bien », selon M. Boudreau. Hormis les cas « isolés », la cohabitation n’est pas « problématique » et le secteur reste « assez calme ».

Néanmoins, comme d’autres, il ne refuserait pas la possibilité d’attirer encore plus de trafic.

«Nous sommes ravis du résultat final. Une fois construit et habité, nous osons croire qu’il doublera, voire triplera notre achalandage », anticipe Léa Ratycz-Légaré, copropriétaire des Salons d’Edgar.

« Nous espérons que les gens seront plus forts que le travail. »

— Léa Ratycz-Légaré, co-owner of Salons d’Edgar

Comme le Maelstrøm, elle ne cache cependant pas que « le pendentif nous fait peur ». Avec les travaux, les rues bloquées et la suppression des places de parking font craindre au restaurant des accès plus complexes.

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« Encore de la place » pour les entreprises

Il est vrai que Saint-Roch a connu son lot de fermetures ces derniers temps. Mais « il y a encore de la place pour le commercial », soutient le directeur général de la SDC Saint-Roch. Trudel lui-même prévoit inclure les entreprises locales dans son projet.

“Leur objectif n’est pas de créer un Saint-Joseph 2.0.”

— Marie-Pier Ménard, directrice générale de la SDC Saint-Roch

Marie-Pier Ménard insiste, d’autres investisseurs ont aussi les yeux rivés sur le quartier pour les années à venir. Avec une offre résidentielle et touristique améliorée, de tels projets peuvent « faire partie de la relance », estime-t-elle.

« C’est un beau projet, mais ce n’est pas seulement l’île qui fera en sorte qu’il redécolle. Il faut réintéresser les gens à Saint-Roch», affirme Guillaume Carpentier, de La Korrigane.

Sortir Saint-Roch de la « tempête parfaite » « est l’effort de tous », invite-t-il. Je suis convaincu que ça reviendra, ça aura juste été une mauvaise passe. J’espère juste que cela ne sera pas trop long et que ce ne sera pas pire qu’aujourd’hui », partage celui qui a ouvert la brasserie en 2010.

Opposition réelle

S’ils voient dans le réaménagement de l’îlot Dorchester une manière de redonner un nouveau souffle au quartier, il n’en demeure pas moins que le projet se heurte également à des oppositions.

Le conseil de quartier Saint-Roch a également tenu une séance extraordinaire jeudi soir, pour entendre les commentaires d’une centaine de citoyens avant de prendre position sur le projet.

Le projet se heurte également à des oppositions. (Groupe Trudel)

L’organisme doit recommander ou non le changement de zonage demandé par Trudel, notamment pour permettre la construction de bâtiments plus hauts que ce qui est prévu au Plan particulier d’urbanisme (PPU) actuel.

« Les gens se rassemblent sur le fait que nous voulons un projet d’habitation qui contribuera à la qualité de vie et au dynamisme du quartier, cela ne fait aucun doute. Les craintes sont dans la mise en œuvre et savoir qu’elle sera cohérente » avec l’environnement, note la présidente du conseil de quartier, Alexia Oman, ne cachant pas certaines « tensions » entre les visions du projet.

Alexia Oman, présidente du conseil de quartier Saint-Roch

Alexia Oman, présidente du conseil de quartier Saint-Roch (Archives Le Soleil)

« Les gens y voient un élément positif pour le logement et les affaires, mais pas à n’importe quel prix », résume-t-elle.

Une « locomotive », promet Trudel

En entretien à SoleilLe promoteur William Trudel considère l’appui de nombreux commerçants comme une preuve que Saint-Roch ne peut se permettre de dire non au projet soumis. Pour lui, le bloc Dorchester pourrait constituer une « locomotive de développement », vante le président-directeur général de Trudel.

« On croit toujours au Saint-Roch. Nous voulons faire partie de la solution.

— William Trudel, président et chef de la direction de Trudel

De retour d’un voyage dans plusieurs grandes villes du monde, dont Dubaï, Los Angeles et Sydney, William Trudel dit s’être inspiré des « meilleures pratiques » et promet que la « version finale » du projet arrivera dans quelques semaines.

« J’ai demandé à l’équipe de conception de lui donner un twist pour le rendre encore plus moderne tout en respectant l’environnement bâti et l’environnement existant, en tenant compte de ce que les gens nous ont demandé », s’engage le promoteur.

Frères William et Jonathan Trudel.

Frères William et Jonathan Trudel. (Yan Doublet/Archives Le Soleil)

Il prévient toutefois qu’à lui seul, l’îlot Dorchester ne pourra pas résoudre « tous les problèmes de la société ».

« Nous ne pourrons pas avoir 100 % de bonheur et zéro inconvénient. Développer le Québec sur un modèle à six étages comme certains le souhaiteraient, cela n’arrivera plus jamais », affirme M. Trudel.

La Ville de Québec fournira bientôt des « orientations plus claires » sur le développement soumis par Trudel, a indiqué lundi le maire Bruno Marchand.

 
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