Alors qu’une vague de froid est attendue au Québec en début de semaine prochaine, les Québécois sont invités à baisser un peu le chauffage. Mais agir de manière préventive pourrait aussi être la solution.
Dans les nuits de lundi à mardi et de mardi à mercredi, le mercure devrait descendre jusqu’à –25°C, selon les prévisions d’Environnement Canada. L’entreprise publique s’attend donc à ce que mardi et mercredi matin, la demande en électricité atteigne environ 41 500 mégawatts (MW), notamment entre 6 heures et 9 heures.
Selon le porte-parole de l’entreprise publique, Cendrix Bouchard, même si le réseau sera mis sous pression, Hydro-Québec aura la capacité de répondre à cette demande. On est encore loin du pic historique du 3 février 2023, explique-t-il. La demande avait dépassé ce jour-là la barre des 43 000 MW.
Afin de désengorger le réseau, l’entreprise publique demande cependant à ses abonnés de prendre quelques mesures, comme baisser le thermostat de l’habitation d’un ou deux degrés pour les clients résidentiels. Il les invite également à retarder les tâches énergivores comme la recharge d’une voiture électrique ou l’utilisation d’appareils électroménagers (lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle). L’importance d’utiliser des thermostats intelligents est également rappelée, car ils atténuent l’effet de la baisse des températures.
Améliorer les bâtiments
Une façon de se protéger contre les vagues de froid serait aussi d’agir en prévention et d’améliorer l’enveloppe thermique des bâtiments afin de les rendre moins sensibles aux variations de température, explique Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire en gestion de l’énergie. secteur énergétique de HEC Montréal.
« Si on ciblait les bâtiments passifs, qui nécessitent 15 kWh/an/m2 pour le chauffage comparativement à 120 kWh pour la moyenne des immeubles résidentiels au Québec, non seulement on réaliserait des économies d’énergie très importantes, mais on n’aurait pas des pointes de consommation aussi prononcées lors de grands froids. »
Selon M. Pineau, développer des systèmes de chauffage au bois à haut rendement (faibles polluants) ou au gaz naturel renouvelable pour les grands froids serait également une solution à ces pointes.
-Ce n’est pas la priorité du gouvernement
Le spécialiste des questions liées à l’énergie regrette également que le gouvernement tarde beaucoup à mettre en place une réglementation sur la performance énergétique des bâtiments résidentiels. Il pointe notamment le projet de loi 41, qui tarde à être mis en place.
« Cela ne vaut pas non plus la peine d’agir fermement sur le code du bâtiment (pour exiger des bâtiments passifs ou performants). Nous voulons également maintenir les prix de l’électricité à un niveau bas et avec des tarifs très simples… ce qui n’aide pas du tout aux efforts d’efficacité énergétique et à la gestion des pointes », dit-il.
Récemment, dans les pages de Devoiril était favorable à une hausse des tarifs pour la clientèle résidentielle d’Hydro-Québec.
Un tarif d’électricité pour les clients résidentiels ?
Pierre-Olivier Pineau avance également l’idée d’avoir un tarif d’électricité pour la clientèle résidentielle pour envoyer un signal structurel pour gérer la pointe.
« Les clients commerciaux et industriels ont un tarif d’électricité, ce qui limite grandement leurs pointes », explique-t-il. Le problème à la pointe au Québec est un problème résidentiel. Nous faisons tout notre possible pour déconnecter ces consommateurs de ce problème, sauf en cas de froid extrême, lorsque nous demandons une participation volontaire », dit-il.
Selon Hydro-Québec, l’effort consenti par les clients « affaires » représente environ les deux tiers (647 MW) des 1 000 MW déplacés lors des vagues de froid, soit l’équivalent de la consommation de 92 500 résidences.