Il y a exactement 467 jours, sous le commandement du Hamas, plusieurs milliers de combattants islamistes entraient en Israël depuis la bande de Gaza, massacraient environ 1 200 personnes et prenaient plus de 250 en otages.
Au cours des 15 mois qui ont suivi, les forces de défense israéliennes ont bombardé et occupé de vastes étendues du territoire palestinien. En réponse, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, ses alliés occidentaux ainsi que certains États arabes, a lancé des roquettes sur le territoire israélien.
Le Qatar en action
Selon diverses estimations, les combats auraient causé directement ou indirectement plusieurs dizaines de milliers de morts – combattants et civils. L’ONU estime que la quasi-totalité de la population de Gaza a été contrainte de fuir. De son côté, Israël déplore plusieurs centaines de morts au sein de ces forces de sécurité.
Mercredi 15 janvier, Doha a annoncé une avancée majeure dans les négociations visant à mettre un terme aux affrontements sanglants entre Israël et le Hamas. Ces derniers mois, l’émirat a été le théâtre d’échanges intenses entre les deux protagonistes du conflit – sans jamais avoir de discussions directes ; les États-Unis, le Qatar, l’Égypte et la Turquie font office de médiateurs.
Accord en trois phases
Si l’accord en trois phases se concrétise, le silence devrait commencer à partir du 19 janvier à 12h15, heure locale, pour une première période de six semaines.
Dans le même temps, l’armée israélienne doit retirer ses troupes de la bande de Gaza – de quelles zones exactement, on ne sait pas encore tout à fait clairement, mais le Qatar, hôte des négociations, a parlé des zones densément peuplées de l’enclave. Une mesure qui permettrait notamment aux habitants du nord, réfugiés au sud, de regagner leurs foyers – ou plutôt ce qu’il en reste.
Des centaines de prisonniers palestiniens détenus en Israël doivent également être libérés en échange de la libération de 33 otages détenus par le Hamas – principalement des enfants, des femmes, des blessés et des malades. Enfin, les organisations humanitaires doivent pouvoir à nouveau accéder progressivement à l’enclave palestinienne et ainsi fournir aux Palestiniens de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité en quantités bien plus importantes que par le passé.
Suivrait ensuite une deuxième phase avec la libération des otages restants et le retrait complet des forces israéliennes.
Actuellement, 98 otages sont toujours aux mains du Hamas. Mais nous ne savons pas combien sont encore en vie. Jusqu’à présent, 36 personnes ont été déclarées mortes. Sur plus de 250 personnes enlevées le 7 octobre 2023, plus de 110 ont été libérées ou libérées vivantes à ce jour.
Côté palestinien, des combattants du Hamas feraient également partie des détenus qui seront libérés – aucun toutefois ayant participé à l’attentat terroriste du 7 octobre 2023.
Fragilités et défis
La phase 3 serait le début des chantiers de reconstruction, perspective encore très lointaine, et de restitution des corps des otages tués pendant leur captivité. Les décisions politiques qui seront décisives pour la région ne sont pas encore prises. Il s’agit notamment de savoir qui contrôlera la bande de Gaza à l’avenir et si la solution à deux États sera retenue.
Notez également que les phases 2 et 3 de l’entente seront précisées lors de la première phase. Si les futures négociations échouent, les combats reprendront probablement.
A l’origine du déverrouillage
Qatar, Turquie, Égypte : tous ont joué un rôle. Mais c’est aussi sans doute le prochain changement de pouvoir aux Etats-Unis qui a donné un nouvel élan aux négociations. Joe Biden, le président démocrate sortant, et Donald Trump, le nouveau président républicain, revendiquent tous deux ce succès.
Et ce sont en effet probablement à la fois les efforts entrepris depuis des mois par l’équipe Biden puis la pression mise par Donald Trump qui ont finalement joué un rôle. Sans oublier qu’Israël a également atteint bon nombre de ses objectifs militaires.
Auteur : Jan Walter
Adaptation : Constance Fischer