SSelon les premières estimations disponibles, l’Espagne a accueilli «environ 94 millions de visiteurs internationaux au cours de l’année 2024», soit 10% de plus que les 85,1 millions reçus en 2023, année du précédent record, a annoncé mercredi le ministre du Tourisme Jordi Hereu.
Le pays «continue de battre des records en termes de réception« des touristes et confirme son rôle »menant« dans ce secteur très compétitif, a-t-il dit, soulignant lors d’une conférence de presse les retombées économiques générées par cet afflux de visiteurs.
En 2024, l’Espagne récoltera 126 milliards d’euros de recettes touristiques, contre 108 milliards il y a un an.
L’Espagne – deuxième destination touristique derrière la France, qui a accueilli 98 millions de visiteurs en 2023, selon l’agence publique Atout France – a ainsi engrangé 126 milliards d’euros de recettes, contre 108 milliards il y a un an, d’après l’estimation rendue publique par le ministère.
Dans son dernier rapport, publié début décembre, l’association professionnelle Mesa del Turismo avait misé sur l’accueil de 95 millions de visiteurs en 2024, pour un niveau de dépenses de 200 milliards d’euros en incluant celle des touristes nationaux.
L’organisation professionnelle attribue cette dynamique à une augmentation des arrivées en provenance du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne, principaux pays d’origine des touristes en Espagne, et à la « saisonnalisation » du tourisme, avec une fréquentation en hausse. en dehors des périodes de vacances.
“Notre pays évolue vers un modèle touristique plus qualitatif et plus diversifié, tant en termes de saison, de produits que de destinations.», a souligné mercredi dans un communiqué le ministère, qui a fait de la montée en gamme du secteur une priorité, encore très dépendant du tourisme balnéaire.
Cette fréquentation record est une bonne nouvelle pour l’économie espagnole, qui devrait enregistrer une croissance de 3,1% en 2024 selon la Banque d’Espagne – un niveau nettement supérieur à celui de la zone euro, où la croissance devrait plafonner à 0,8%. selon la Banque centrale européenne.
Vers une crise du surtourisme ?
Mais elle suscite de fortes tensions au sein de la population, notamment dans des destinations prisées des visiteurs comme Barcelone, Malaga, les Baléares ou l’archipel des Canaries, où les manifestations contre le surtourisme se sont multipliées ces derniers mois.
-Les habitants dénoncent l’encombrement des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des commerces touristiques, mais aussi et surtout la flambée des loyers, de nombreux propriétaires se tournant vers la location touristique, bien plus rentable.
Face à ce déferlement de colère, plusieurs régions et communes ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l’image de la mairie de Barcelone, qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.
En Espagne aujourd’hui, « il y a trop d’Airbnb et pas assez de logements » pour les résidents
Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol
En Espagne aujourd’hui, «il y a trop d’Airbnb et pas assez de logements” pour les habitants, a reconnu lundi le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, en annonçant un plan pour endiguer la crise du logement, centré en partie sur la location touristique.
“Le devoir des administrations publiques est de donner la priorité à l’usage résidentiel et d’empêcher que l’usage touristique et spéculatif continue à se développer de manière absolument incontrôlée, aux dépens de la population locale.», a-t-il insisté en présentant ces mesures, dont certaines devront être approuvées par le Parlement.
Le chef du gouvernement a ainsi annoncé vouloir augmenter la fiscalité sur les locations de vacances, qui seront taxées au titre des activités commerciales, et introduire une taxe qui pourrait aller «jusqu’à 100%» sur l’achat de biens immobiliers par des non-résidents et des ressortissants de pays tiers.
Cette dernière mesure, qualifiée de «sans précédent» pour l’Espagne, pourrait concerner jusqu’à 27 000 transactions par an, selon Sánchez, qui n’a pas donné plus de détails sur la date de son éventuelle approbation et donc de son entrée en vigueur.