Un optométriste vedette de la région de Québec, qui a voulu « redéfinir » son environnement en investissant des millions de dollars dans des lunettes, devra payer 107 500 $ d’amende après avoir été sévèrement réprimandé par son Ordre.
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« Je vous présente les cliniques La Vue. Mon but dans la vie ? Redéfinir l’optique au Québec», vantait l’optométriste Éric Savard en 2014, dans une courte publicité télévisée visant à accroître la popularité de sa bannière de l’époque.
Voir l’annonce en question de Dr Savard dans la vidéo ci-dessous :
Près de 10 ans plus tard, le Dr Savard est maintenant connu pour les « graves » erreurs commises à l’égard de ses patients, et non pour être un homme d’affaires prospère. Le Conseil de discipline de l’Ordre des optométristes du Québec l’a récemment reconnu coupable d’une dizaine de chefs d’accusation.
Le Conseil lui a notamment reproché de ne pas avoir procédé à des mesures, examens et évaluations auprès des patients.
“Il ne dispose d’aucune donnée à cet égard, ce faisant, il introduit des données erronées dans leurs dossiers, ce qui met en danger la protection des patients”, peut-il lire dans le document juridique consulté par Le Journal.
Annonces interdites
L’optométriste, qui disait vouloir investir près de 20 millions de dollars dans ses lunettes en 2016, a également refusé de donner des ordonnances à ses clients. Selon l’Ordre, cette technique empêcherait le patient d’acheter des lunettes dans un magasin autre que le sien.
En raison de ses lourdes dettes, l’optométriste a été contraint de liquider ou de vendre la majorité de ses 48 cliniques en 2018.
archives du site lavue.ca
« Il remet à une patiente une ordonnance non signée, ce qui ne permet pas à cette dernière de l’utiliser dans une autre lunetterie afin de commander ses lunettes. […] Ces infractions, loin d’être isolées, sont objectivement graves », critique le Conseil de discipline.
Le Dr Savard a également été reconnu coupable d’avoir créé de la publicité sur Facebook non conforme au Code de sa profession.
«Ceux-ci suggèrent que les honoraires de l’optométriste seront ajustés en fonction du service rendu et de la décision du patient d’acheter une paire de lunettes du mis en cause ou de son entreprise, ce qui est strictement interdit», explique-t-on.
Un récidiviste
L’optométriste a également un « passé disciplinaire chargé ». Il a en effet été reconnu coupable et sanctionné dans le cadre de deux autres plaintes similaires.
Dr Savard posant avec une de ses cliniques « Lavue.ca » en 2016.
www.newswire.ca
Pour toutes ces raisons, le Conseil de discipline l’a finalement condamné à payer une amende de 107 500 $ afin d’obtenir un « effet dissuasif ». Il fait également face à une période de radiation de 60 jours.
« Il est membre de l’Ordre depuis 2001 et possède donc, au moment des événements de 2024, 23 ans d’expérience professionnelle. Il ne pouvait donc pas ignorer ses obligations éthiques », peut-on lire dans la décision, soulignant ainsi son aveuglement volontaire.
Le Dr Savard, qui a été contraint de liquider ou de fermer la majorité de ses 48 cliniques en 2018 pour rembourser ses lourdes dettes, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue vendredi.
L’Ordre des optométristes du Québec, de son côté, n’a pas été en mesure de répondre à nos questions.
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