C’est le genre de débat qui surgit chaque année sur les sites de discussion en ligne comme Reddit ou sur les ondes des radios. India Desjardins, la scénariste du film 23 décembre, qui a été tourné principalement au Québec en 2022, en garde aussi de drôles de souvenirs.
«Je voulais absolument inclure le Petit Champlain dans le film», dit-elle. La Ville de Québec a gentiment accepté de prolonger les décorations jusqu’en mars pour nous accueillir. On m’a raconté que certaines personnes, sans savoir que le tournage se préparait, avaient critiqué le fait que les décorations de Noël soient présentes en mars.
Cinéma ou pas, les lumières brilleront au moins jusqu’à la Saint-Patrick, le 17 mars, dans la Capitale nationale.
Grâce à l’initiative, entre autres, des Sociétés de développement commercial (SDC) du Vieux-Québec, du Vieux-Port — 75 000 lumières pour ces deux secteurs seulement — et de Saint-Jean-Baptiste.
«C’est une façon d’apporter de la lumière au propre comme au figuré», explique Pierre Lanthier, directeur général de la SDC Saint-Jean-Baptiste. Notre idée est d’apporter un esprit positif et lumineux aux citoyens et aux touristes qui se promènent et, pourquoi pas, que l’ambiance les amène à faire des achats dans le circuit local que nous proposons.
Son acolyte Xavier Bernier-Prévost, de la SDC du Vieux-Québec, ajoute : « Il est essentiel d’embellir les rues et les places publiques », dit-il, précisant que leurs projets d’illumination ont été rendus possibles grâce à l’organisation du Marché de Noël allemand. au Québec. C’est la base du développement du tourisme hivernal au Québec. Si les rues ne sont pas attractives, ça se vend beaucoup moins bien !
Prouvé par la science
Créer une ambiance agréable est en effet essentiel pour inciter les consommateurs à acheter, explique Maryse Côté-Hamel, docteure et professeure adjointe en sciences de la consommation à l’Université Laval.
« Tout ce que nous appelons atmosphères de vente au détail [marketing d’ambiance]tels que les odeurs, l’éclairage ou les éléments décoratifs, contribuent à générer des émotions positives chez le consommateur.
Ces éléments permettent selon elle aux clients de s’évader de leur quotidien et de vivre une expérience différente, qui favorise leur bien-être.
“Plus on se sent à l’aise, plus on se laisse aller, et cela se traduit souvent par des achats, notamment impulsifs”, ajoute-t-elle.
Contre-attaquer les achats en ligne
Ces stratégies sont particulièrement intéressantes pour les rues commerçantes, car elles encouragent non seulement les consommateurs à acheter, mais aussi à revenir.
Miser sur une ambiance accueillante et immersive devient donc un atout majeur pour les commerçants qui souhaitent se démarquer et fidéliser leur clientèle selon le professeur.
Pour Pierre Lanthier, arrivé à la SDC Saint-Jean-Baptiste il y a à peine deux mois, cette initiative de marketing ambiant prend tout son sens dans un contexte où les centres-villes et les rues commerciales se dévitalisent en partie à cause de la concurrence du commerce en ligne.
« Amazon peut paraître pratique, mais il faut aussi regarder autour de soi si l’on ne veut pas se laisser engloutir par quelque chose qui vient de l’extérieur », explique le directeur général. Pour contrer cette concurrence imminente, il est crucial de créer un environnement propice à l’achat local. Cela s’inscrit dans une transition socio-écologique où l’échange devient plus fondamental. Et aussi propre à notre identité, pourrait-on ajouter.
Vecteur d’émotion
Pour Charles de Brabant, directeur général de l’École de commerce de détail Bensadoun de l’Université McGill, le mot clé est « émotions ».
« On peut parler de stratégie, mais ce qui est bien plus fort, ce sont les émotions », insiste-t-il. Il est essentiel de bien comprendre les valeurs que nous souhaitons mettre en avant pour raconter l’histoire de notre marque, qui est notre artère commerciale. Si nous sommes clairs sur ces valeurs et sur la vision que nous voulons véhiculer pour nous différencier, cela fait toute la différence.
Contrecarrer un court ensoleillement
La neuropsychologue et chercheuse au Centre d’études avancées en médecine du sommeil (CÉAMS) de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, Véronique Daneault est également d’avis que ces guirlandes et installations lumineuses peuvent être positives du point de vue de la ‘ humeur.
« Sachant que la lumière améliore l’humeur et que cette période de l’année est particulièrement pauvre en ensoleillement », explique-t-elle. De plus, il y a presque deux fois plus d’heures d’ensoleillement au solstice d’été qu’au solstice d’hiver. Cela fait huit heures de moins entre juin et décembre !
Le scientifique est sans équivoque : la lumière naturelle est essentielle pour réguler notre horloge biologique, mais les mois d’hiver posent un défi, car les conditions météorologiques propices à son exposition sont rares.
Des lumières en plein hiver, mais pas en pleine nuit !
Cependant, si les ambiances lumineuses en ville contribuent à améliorer l’humeur et qu’on a l’impression qu’elles compensent quelque peu ce manque, il faut aussi veiller à ce qu’elles n’engendrent pas de désagréments.
« La lumière riche en bleu, présente à la lumière du jour, a un effet direct sur notre horloge biologique », explique Véronique Daneault. Il améliore l’éveil, la vigilance et même les performances. Idéalement, vous devriez rechercher une exposition à la lumière naturelle pendant la journée. Mais, deux à trois heures avant le coucher, mieux vaut éviter les lumières riches en bleu et privilégier celles aux teintes orangées ou rouges qui ne gênent pas la production de mélatonine, l’hormone qui favorise le sommeil et régule notre cycle. dormir.”
Comprendre : Si vous êtes la Chevrolet Chase de votre quartier, en référence au film L’arbre a des boules (Vacances de Noël) un petit coup de variateur est nécessaire. Les lumières blanches et chaudes doivent être privilégiées et si possible éteintes la nuit, pendant que les citoyens dorment.
« Il faut avoir une conscience sociale pour les éclairages destinés à éclairer, afin qu’ils soient allumés seulement pendant les périodes où les gens sont actifs », insiste Véronique Daneault.
Le Père Noël est d’accord (évidemment !)
Un point de vue partagé par le Père Noël : il faut croire à la magie. « Vous savez, en hiver, dans les pays nordiques, on a besoin de cette lumière, on a besoin de cette chaleur », confie Nicolas Noël, contacté dans ses quartiers du Pôle Nord. Peut-être ne devrions-nous pas laisser les lumières allumées toute la nuit comme nous le faisons pendant la période des fêtes. Mais avec la technologie d’aujourd’hui, des lumières LED et des minuteries moins énergivores, nous pouvons facilement prolonger la saison.
Le personnage barbu, qui affirme être en ce moment plongé dans la longue nuit du nord où le soleil ne se lève pas au solstice comme tous ceux qui vivent dans les limites du cercle polaire à une latitude de 66º 33′, plaide pour un éclairage fantaisiste. en attendant le retour des belles heures d’ensoleillement.
“C’est un peu comme dire au soleil : “S’il te plaît, reviens, nous avons besoin de toi.” Comme un signal pour l’inciter à revenir plus vite», argumente Nicolas Noël.
Un arbre ? Cinq cents par jour
Chez Hydro-Québec, la tendance est peut-être de faire fonctionner le lave-vaisselle la nuit, héritage de l’ancien super ministre Pierre Fitzgibbon, mais on est plus indulgents en ce qui concerne les guirlandes lumineuses à LED.
«Ces luminaires décoratifs extérieurs ont un très faible impact sur le réseau», rapporte Cendrix Bouchard, porte-parole de l’entreprise publique. Elles consomment beaucoup moins que les anciennes ampoules à incandescence, surtout lorsqu’elles sont monochromes. Pour preuve, avec cette technologie, un arbre illuminé de six pieds consomme moins de cinq cents d’électricité par jour selon les tarifs d’Hydro-Québec.
«C’était vraiment un besoin prioritaire pour les commerçants d’éclairer davantage les artères commerciales durant les mois froids et sombres de l’année», affirme Xavier Bernier-Prévost de la SDC du Vieux-Québec. La Ville de Québec, Destination Québec Cité et le ministère du Tourisme ont rendu le projet financièrement possible.
S’adapter en fonction des vacances
Dans les semaines à venir, l’éclairage s’adaptera aux couleurs des fêtes à venir, comme le Carnaval ou la Saint-Valentin. C’est ce que propose Nicolas Noël !
Il est prévu que le projet soit à nouveau déployé l’hiver prochain, en continuant de mettre l’accent sur la rue Saint-Louis intramuros et le parc Jean-Pelletier dans le Vieux-Port.
En attendant, gardons notre doigt éloigné de l’interrupteur. L’hiver québécois a besoin de sa dose de lumière magique pour réchauffer nos cœurs et booster notre humeur.