Claude Allègre, un climato-sceptique contre le bien commun

Claude Allègre, un climato-sceptique contre le bien commun
Claude Allègre, un climato-sceptique contre le bien commun

Claude Allègre, ancien ministre de l’Éducation nationale, géochimiste et figure du climato-scepticisme en , est décédé samedi 4 janvier, à l’âge de 87 ans. Plusieurs responsables politiques ont rendu hommage à sa mémoire, dont le Premier ministre François Bayrou, qui https://twitter.com/bayrou/status/1875595470279733387 et « esprit original »et « homme de combat »et glorifiait la figure romantique de « seul contre tout le monde ». Nicolas Sarkozy, soutenu par Claude Allègre lors de la présidentielle de 2012, s’est félicité « un leader politique engagé, courageux et réformateur, qui a mis sa créativité et sa remarquable intelligence au service de la France et des Français ». « je suis fier d’avoir été son ami »a-t-il conclu sur son compte X.

Ces hommages occultent cependant une facette centrale de son héritage : son engagement dans la diffusion du climato-scepticisme, qui a marqué durablement le débat public en France. Figure de proue de la contestation, Claude Allègre s’est opposé à une communauté scientifique unanime sur la réalité du changement climatique et son origine anthropique. À travers ses positions publiques, il a propagé une rhétorique qui a entravé les efforts de sensibilisation et d’action face à l’urgence climatique. Il n’était pas « seul contre tout le monde »mais contre l’intérêt de tous.

Des arguments largement réfutés

À partir des années 2000, dans ses écrits et déclarations – largement relayés dans les médias – il cherche à discréditer le consensus scientifique sur le réchauffement climatique d’origine humaine, le considérant comme un danger imaginaire inventé par les lobbies et nuançant le rapport du GIEC. « fausse alerte ». Son livre La tromperie climatique (2010), dans lequel il accusait les climatologues de servir un « mafia et système totalitaire »a eu un impact majeur : il a offert rhétorique et arguments à ceux qui refusaient de voir l’urgence climatique, donnant ainsi à leur inertie un vernis pseudo-scientifique.

Criblée d’erreurs factuelles et de données manipulées, elle a été largement réfutée par les climatologues. L’Académie des sciences fut même contrainte de publier un rapport officiel rejetant catégoriquement les thèses de Claude Allègre. Adopté à l’unanimité, ce document conclut que le réchauffement climatique est bien d’origine anthropique. Quelques mois plus tôt, 600 scientifiques dirigés par Valérie Masson-Delmotte dénonçaient, dans une lettre ouverte adressée à leurs encadrants, les attaques systématiques du géochimiste contre les climatologues et leur éthique. Cela ne l’a pas empêché de persister.

Comme d’autres personnalités controversées, de Didier Raoult à Daniel Husson – qui arrive en tête des ventes de livres à la Fnac, et dont les arguments climato-sceptiques trouvent aujourd’hui un public inquiet mais désorienté – Allègre a exploité la volonté de «seulement du génie» de miner la crédibilité du consensus scientifique, au détriment du bien commun.

L’idée de «seul contre tout le monde» trouve ses racines dans des personnages comme Galilée ou Einstein. Mais cette vision est une distorsion romantique de l’histoire des sciences. Alors que des individus isolés peuvent créer des percées révolutionnaires, la science progresse collectivement, grâce à la validation, la réfutation, la collaboration et l’amélioration des idées. En fin de compte, c’est toujours la force du consensus scientifique, fondé sur des preuves solides, qui triomphe.

Marchands de doute

Claude Allègre n’était pas un Galilée moderne, mais un homme qui s’est activement battu contre ce processus collectif. Ses critiques à l’égard des climatologues ne constituaient pas une contribution au débat scientifique. Il s’agissait davantage de spectacle médiatique et de désinformation, un phénomène que l’on observe encore aujourd’hui avec des auteurs comme Daniel Husson, dont le succès éditorial alimente des doutes infondés.

Le «seul contre tout le monde» ne se limite pas à déformer la perception de la science : elle a des conséquences concrètes. En attribuant un crédit disproportionné à des voix isolées et contestées, nous affaiblissons la confiance dans les institutions scientifiques et renforçons l’inaction face aux urgences collectives. Cette dynamique a eu un impact profond sur la lutte contre le changement climatique en France. Claude Allègre a alimenté la méfiance et la confusion du public : en qualifiant les climatologues d’alarmistes et en minimisant les responsabilités humaines, il a contribué à légitimer l’inaction politique.

Aujourd’hui encore, cette méfiance persiste. Selon le baromètre de l’Ademe et diverses études, 30 à 40% de Français seraient climato-sceptiques. Un chiffre en constante augmentation. Ce scepticisme persistant est un héritage d’Allègre.

Omission et minimisation

En rendant hommage à cet homme sans évoquer cette part essentielle de son palmarès, François Bayrou et une partie de la classe politique font plus qu’oublier : ils promeuvent, indirectement, une position intellectuelle qui a contribué à affaiblir la réponse collective à celle de les plus grands défis de notre siècle. Cet hommage illustre aussi, implicitement, une tendance politique à relativiser les responsabilités. François Bayrou minimise régulièrement ce que la France peut accomplir face à cette crise mondiale, notamment par rapport aux émissions de la Chine. [1]oublier la responsabilité historique de la France : si l’on additionne les émissions cumulées depuis XVIIIᵉ siècle, la France fait partie du top 10 des pays les plus émetteurs.

Il ne s’agit pas de nier les autres aspects de la carrière de Claude Allègre, qui avait reçu plusieurs prix scientifiques prestigieux pour ses contributions à la science géologique, dont la médaille d’or de CNRS en 1994. Mais ces succès ne peuvent effacer sa responsabilité dans la méfiance et l’inaction climatique de la France. Ignorer cet aspect, ou pire, considérer son climatoscepticisme comme une preuve d’indépendance d’esprit, est une faute politique et morale.

Dix-huit jours après s’être rendu au conseil municipal de Pau, dont il est maire, à bord d’un avion Dassault Falcon 7X, tournant le dos à une réunion de crise consacrée à Mayotte, tout juste balayée par le cyclone Chido, François Bayrou aurait pu s’abstenir. . Dans son communiqué, l’Élysée a, de son côté, relevé les positions climato-sceptiques de Claude Allègre.

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