Les agriculteurs de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, tentent ce lundi 6 janvier de «monte à Paris» d’exprimer leur mécontentement, dénonçant toujours l’accord commercial UE-Mercosur, juste avant les élections aux chambres d’agriculture, où ils espèrent gagner en influence. Dimanche, quelques convois de tracteurs sont partis de différentes régions de France, mais aucun n’est revenu vers la capitale, que les derniers vacanciers quittaient avant la rentrée scolaire ce lundi matin.
“Nos tracteurs sont partis, mais dans les endroits où ils sont regroupés, les gendarmes les empêchent de circuler”, a déclaré dimanche soir le secrétaire général du mouvement, Christian Convers. Ce dernier a lui-même été brièvement interpellé par la police à Paris dimanche en fin d’après-midi, alors qu’il arrivait – en voiture – pour participer à un rassemblement symbolique place du Brésil, en signe de protestation contre le récent accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil). , Uruguay, Paraguay). Cet accord est accusé par les agriculteurs français de favoriser l’importation de produits à bas prix et aux normes environnementales moins strictes que celles qui leur sont imposées.
“Ils m’ont relâché en me disant que je devais quitter Paris, ce qui voudrait dire qu’on n’aurait même plus le droit de marcher sur les trottoirs à Paris ?” a-t-il noté, avant d’ajouter : “Nous ne venons pas bloquer Paris, d’ailleurs nous avons convenu de ne pas rentrer dans la capitale dimanche soir, en revenant de vacances, nous venons en tracteur exprimer nos inquiétudes, et nous avons besoin d’une base où nous regrouper.” Christian Convers a également prévenu : “Si aucune base ne nous est accordée par les autorités, cela se transformera en une confrontation dont nous ne voulons pas.”
La préfecture de police de Paris a interdit les rassemblements non déclarés du dimanche 18 heures au lundi 12 heures dans une grande zone du centre de Paris, comprenant notamment Matignon et le ministère de l’Agriculture. « considérant les appels à manifester le 5 janvier 2025 lancés par un syndicat agricole en vue de « bloquer le capital » ». La préfecture du Val-de-Marne a fait de même autour du marché de Rungis et sur l’autoroute A6. Avant de converger vers Paris ce lundi matin, les agriculteurs de toute la Normandie doivent se retrouver à Heudebouville en bordure de l’A13, entre Vernon et Rouen, a indiqué Damien Cornier de la Coordination rurale de Normandie. D’autres lieux de rassemblement sont prévus au nord, à l’ouest et au sud de la capitale.
The ultra-dominant FNSEA
“Nous demandons d’avoir les mêmes normes de production que les autres pays, nous demandons une réduction des contrôles dans les fermes et une augmentation des contrôles dans les supermarchés où l’on trouve des produits qui ne répondent pas à nos normes”, explique Damien Cornier, qui cultive des céréales et des betteraves aux Andelys (Eure). «Nous avons trouvé sucre et farine d’Ukraine dans les supermarchésalors que le fabricant qui nous achète des betteraves sucrières nous demande de réduire nos volumes de production de 15 % cette année, et les prix à la tonne augmenteront à 23 euros en 2025 contre 36-38 euros en 2024 », il a ajouté.
Les actions du CR, qui lui confèrent une visibilité médiatique et syndicale, interviennent à la veille du lancement de la campagne pour les élections aux chambres d’agriculture. Ces élections, organisées du 15 au 31 janvier, détermineront le nouveau rapport de force entre les syndicats agricoles, parmi lesquels la FNSEA est ultra-dominante selon le dernier scrutin de 2019.
Les quatre principaux syndicats, dont la Coordination rurale, doivent être reçus à Matignon le 13 janvier. « Garantir une rémunération décente est la mère des combats », a assuré la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en le JDD. Concernant l’accord UE-Mercosur, elle a assuré que le processus était en cours « loin d’être terminé » et que le gouvernement “J’allais me battre comme un fou contre ce mauvais accord”. Invité de la matinale de TF1 ce lundi 6 janvier, le ministre de l’Agriculture a néanmoins condamné les tentatives de blocage de Paris et a refusé de recevoir les agriculteurs avant la semaine prochaine. “Je pense que l’urgence qu’ils mettent en avant pour être reçus maintenant, ici, tout de suite, n’est pas vraiment justifiée”, a-t-elle affirmé, précisant tout de même que “Leur inquiétude est parfaitement compréhensible.”