Un nouveau leader des conservateurs prêt à discuter avec le leader d’extrême droite
Dans la foulée, Karl Nehammer a annoncé qu’il démissionnerait « dans les prochains jours » de son poste de chancelier et de la présidence du Parti populaire autrichien (ÖVP, conservateurs), promettant « une transition ordonnée ». Il occupait les deux postes depuis fin 2021. Lors d’une réunion des dirigeants de l’ÖVP dimanche, le secrétaire général du mouvement, Christian Stocker, a été nommé chef du parti par intérim.
Christian Stocker a indiqué avoir été autorisé par son parti à entamer des négociations de coalition avec l’extrême droite. “Ce pays a besoin d’un gouvernement stable aujourd’hui, et nous ne pouvons pas continuer à perdre du temps que nous n’avons pas en campagnes ou en élections”, a-t-il ajouté.
“Une nouvelle voie s’est ouverte”
Peu auparavant, le président autrichien Alexander Van der Bellen avait indiqué qu’il allait rencontrer lundi le chef du Parti autrichien de la liberté (FPÖ, extrême droite), Herbert Kickl, pour “discuter de la nouvelle situation”. “Les voix au sein de l’ÖVP qui excluaient toute collaboration avec (…) Kickl sont devenues beaucoup plus discrètes”, a déclaré le président à la presse. «Cela signifie qu’une nouvelle voie s’est ouverte, qui n’existait pas auparavant.»
Lors d’une conférence de presse, Christian Stocker a salué la décision du président de discuter avec le leader d’extrême droite, dont le parti avait rassemblé près de 29% des voix aux législatives mais qui n’avait jusqu’alors pas trouvé de partenaires pour former un gouvernement. On ne sait pas encore si Alexander Van der Bellen demandera à l’extrême droite de tenter de former un gouvernement.
Le président a initialement demandé aux conservateurs de former un gouvernement stable qui respecte les « fondements de notre démocratie libérale ». Par le passé, il a émis à plusieurs reprises des réserves à l’égard d’Herbert Kickl, dont le parti est donné 35% dans les derniers sondages.
En annonçant sa prochaine démission, le chancelier Nehammer a déploré samedi qu’il n’ait pas réussi à créer une “force de centrisme politique afin de construire un rempart contre les radicaux”. Le chancelier s’était précédemment déclaré ouvert à des discussions avec le FPÖ, mais il a toujours exclu de travailler avec son leader Herbert Kickl.
Dans un communiqué de presse, le chef du parti d’extrême droite Herbert Kickl a qualifié samedi les partis impliqués dans les discussions de coalition de « perdants ». “Au lieu de stabilité, nous avons le chaos” après trois “mois perdus”, a-t-il ajouté.
Les conservateurs de l’ÖVP sont arrivés en deuxième position aux élections législatives avec 26% des voix, suivis par les sociaux-démocrates (SPÖ, centre gauche) avec 21%. L’ÖVP a participé aux différents gouvernements du pays de 9 millions d’habitants depuis 1987. Il a déjà gouverné à deux reprises avec le FPÖ, partenaire minoritaire, en 2000 et en 2017.