L’IDENTITÉ COMME COMBAT

L’IDENTITÉ COMME COMBAT
L’IDENTITÉ COMME COMBAT

Dans le cadre prestigieux du Musée des civilisations noires, le Salon du livre de femmes a offert un aperçu saisissant des méandres de la construction identitaire. Au cœur de cet événement littéraire devenu incontournable dans le paysage culturel sénégalais, deux voix de la littérature africaine, Ken Bugul et Diary Sow, ont partagé leurs réflexions sur ce processus complexe et permanent qu’est la quête de soi.

Le panel, orchestré par Amina Seck, a révélé comment l’identité se forge à travers la résistance et la résilience. Ken Bugul a parlé de son parcours marqué par l’absence d’héritage émotionnel, transformant ce vide initial en force créatrice. De son côté, Diary Sow a décrit sa lutte contre les assignations sociales traditionnelles, illustrant comment le refus des conventions peut devenir un terrain fertile pour une identité authentique.

La marginalité, thème récurrent dans leurs témoignages, apparaît non pas comme une fatalité mais comme un espace de liberté paradoxal. Parfois qualifiées de « folles » pour avoir osé défier les normes établies, ces femmes ont transformé leur exclusion en opportunité d’émancipation. Leurs histoires démontrent comment la société utilise souvent l’étiquette de folie pour discréditer ceux qui osent s’écarter des sentiers battus.

L’exil, qu’il soit géographique ou interne, apparaît comme un puissant catalyseur dans la quête d’identité. Les intervenants ont souligné combien le déracinement, malgré ses défis, peut devenir un terrain fertile pour l’auto-reconstruction. Face à de multiples discriminations – en tant que femmes, en tant qu’Africaines – elles ont développé une résilience qui nourrit leur créativité et leur engagement.

La littérature apparaît comme un vecteur essentiel de cette quête d’identité. Le parcours de Ken Bugul, dont l’œuvre « Le Baobab fou » lui a valu un doctorat honorifique, illustre comment l’écriture peut transformer une expérience personnelle en héritage universel. Cette reconnaissance académique témoigne de l’ampleur d’un travail qui transcende les frontières culturelles et générationnelles.

Ce dialogue intergénérationnel a mis en lumière une vérité fondamentale : la quête d’identité n’est jamais terminée. Elle se poursuit à travers les époques, les expériences, les rencontres, dans un processus de déconstruction et de reconstruction permanente. Les débats de ce Salon ont démontré que cette quête, bien que profondément personnelle, résonne collectivement, tissant des liens invisibles entre des générations de femmes qui osent réinventer leur destin.

 
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