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Pourquoi le Tchad n’a pas organisé d’élections législatives depuis 2011

Pourquoi le Tchad n’a pas organisé d’élections législatives depuis 2011
Pourquoi le Tchad n’a pas organisé d’élections législatives depuis 2011

Crédit photo, Getty Images

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Au Tchad, quelque 8 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche 29 décembre pour les élections législatives, provinciales et municipales.

Près de 179 partis ou groupements politiques sont en lice pour les élections législatives avec 718 listes.

1 329 candidats sont autorisés par le Conseil constitutionnel à figurer sur les listes définitives des candidats aux élections législatives pour 188 sièges au parlement.

Les élections législatives marqueront la fin de la transition avec le rétablissement de l’Assemblée nationale. Celle-ci a été dissoute, comme les autres institutions, en avril 2021, lorsque l’armée a pris le pouvoir suite à la mort sur le champ de bataille du président Idriss Déby Itno.

Pour le rapporteur national de la campagne MPS et ministre de l’Infrastructure Aziz Mahamat Saleh, les prochaines élections « donneront une majorité au président de la République pour traduire dans les faits son programme politique ».

Au-delà d’un « retour à l’ordre constitutionnel », « on assistera à un renouvellement générationnel de la classe politique à l’Assemblée nationale et dans les collectivités territoriales ».

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Plusieurs rapports

Les dernières élections législatives remontent à 2011. L’Assemblée nationale devait être renouvelée en 2015, mais le vote a été reporté à plusieurs reprises en raison de la menace jihadiste, puis des difficultés financières et de l’épidémie de coronavirus.

Le décès du président Idriss Déby, suivi de la transition menée par son fils, ont fourni des raisons supplémentaires pour reporter le vote. Un parlement de transition composé de 93 membres a été nommé par décret présidentiel en 2021.

Pour le politologue Evariste Ngarlem Toldé, avec la mise en place d’une nouvelle Assemblée nationale, le Tchad aura de nouveaux députés, de nouveaux élus. « Aujourd’hui, c’est au peuple de décider d’élire ces représentants à l’Assemblée nationale, les députés élus au suffrage universel. » Les élus auront ainsi toute leur légitimité.

Crédit photo, Getty Images

Boycott de l’opposition

L’opposition dénonce un régime qu’elle juge autocratique et violemment répressif.

« Participer aux élections législatives dans les conditions actuelles, c’est participer à l’apartheid législatif », estime le patron du parti Transformateurs, Succès Masra, battu à la présidentielle de mai avec un score de 18,54 %.

“Cette élection vise à légitimer le pouvoir en place qui s’apparente à une dynastie de succession et fait face à d’énormes défis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays”, ajoute le professeur Ahmat Mahamat Hassan, enseignant constitutionnaliste à l’Université de N’Djamena.

Pour Remadji Hoinaty, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS), les élections sont politiquement sans enjeu car elles se déroulent « entre eux, autrement dit entre ceux qui ont accepté d’accompagner Déby à la présidentielle ».

“Les sièges seront partagés et nous nous retrouverons avec une assemblée unicolore dominée par le MPS, le parti au pouvoir, une sorte de chambre d’enregistrement”, note-t-il.

Le politologue Evariste Ngarlem Toldé renchérit en expliquant que « les Assemblées nationales en Afrique répondent toujours aux exigences de ceux qui gouvernent ». Quel que soit le résultat, le parti au pouvoir aura la majorité et les lois qui seront votées iront dans le sens de celui au pouvoir et « les députés voteront les lois proposées par l’exécutif. »

Le professeur et chercheur à l’Université de N’Djamena estime que le boycott de l’opposition aura une double conséquence.

Premièrement, cela pourrait « discréditer ces élections législatives parce que le parti « Transformateurs » représente une force importante dans l’opposition ; son absence pourrait influencer le taux de participation.

Evariste Ngarlem Toldé estime également que ces élections ont été l’occasion pour le parti Succès Masra de « tester son poids sur la scène nationale ».

Selon lui, sur le plan politique, « ce parti est une force politique, c’est indiscutable ». « Mais il a fallu qu’ils viennent tester leur force sur le terrain politique pour qu’on sache quel est leur poids. Malheureusement, ils ont choisi la politique de la chaise vide. »

Pour lui, cette absence du parti Transformers va entraîner une perte de terrain.

“Le fait de ne pas avoir de députés à l’Assemblée sera forcément un coup dur pour cette formation politique qui a toujours eu la facilité de mobilisation.”

Caravane de l'opposant Succès Masra lors d'un meeting de campagne à N'Djamena le 4 mai 2024

Crédit photo, Getty Images

Légende de l’image, « Participer aux élections législatives dans les conditions actuelles, c’est participer à l’apartheid législatif », estime Succès Masra.

Grève des médias en ligne

Morose malgré les efforts du pouvoir, la campagne électorale a souffert d’un trou noir de l’information lié à une longue grève de l’Association des médias en ligne du Tchad (AMET) contre les restrictions de publication.

En effet, le 4 décembre, le président de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama) a interdit la production de contenus audiovisuels par les médias en ligne n’ayant pas demandé d’autorisation à cet effet. Il a menacé de les retirer de la liste des médias légitimes. En réponse, une quarantaine de médias en ligne tchadiens, parmi les plus lus, ont observé une « journée sans presse » pour l’ouverture de la campagne électorale, dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement et les médias privés.

Jeudi 19 décembre, la Cour suprême a suspendu la décision de Hama d’interdire la diffusion et la production de contenus audiovisuels sur les médias en ligne.

Selon le président de la Cour suprême Samir Adam Annour, cette interdiction de diffusion et de publication « prive les citoyens de leur droit à l’information et constitue une atteinte grave à la liberté d’expression et de communication » à la veille d’élections importantes.

La campagne électorale pour ces élections législatives, provinciales et municipales se termine le 27 décembre. La proclamation des résultats provisoires est prévue le 15 janvier 2025 et les résultats définitifs le 3 février 2025.

 
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