Est-il vrai que les sacs compostables ne sont pas compostés à Montréal ? Mais alors, par quoi faut-il les remplacer ?
Nous avons reçu plusieurs questions de lecteurs sur les sacs de plastique compostables suite à un article publié en octobre sur l’ouverture d’une première usine de compostage à Montréal.
Lire « Démarrer votre première usine de compostage »
Les sacs en plastique compostables sont-ils toujours retirés ?
Après vérification, bien qu’ils soient acceptés par la municipalité, les sacs de plastique compostables sont effectivement éventrés avant d’être retirés de la circulation à leur arrivée à l’usine de compostage.
« Il faut les séparer des résidus et les envoyer en décharge », souligne Camille Bégin, conseillère en communications à la Ville de Montréal.
La raison est simple : ces sacs, fabriqués à partir de matières végétales, sont difficiles à distinguer des sacs en plastique ordinaires, fabriqués à partir de pétrole.
Si l’on voulait séparer les sacs plastiques compostables du reste, « il faudrait les trier en vérifiant chaque sac un par un. Mais il est impossible de prendre ce temps lorsqu’on reçoit un volume important de matières, comme c’est le cas à Montréal », explique Vincent Beaudoin, spécialiste de la gestion des matières organiques.
C’est pourquoi, parfois – comme à Montréal – tous les sacs de plastique sont retirés, pour éviter que le compost ne soit contaminé par des morceaux de plastique.
Attention cependant : dans certaines communes, il existe des filières permettant de composter les sacs plastiques compostables ; et à l’inverse, dans d’autres, aucun sac plastique – compostable ou non – n’est accepté.
«On ne peut pas généraliser à l’ensemble du territoire, cela dépend vraiment du procédé utilisé», résume Vincent Beaudoin.
Pourquoi les accepter ?
Sacs compostables acceptés au compostage, mais non compostés ? Cela peut paraître paradoxal ; d’autant plus qu’une fois envoyés à la décharge, ces sacs libéreront du méthane en se décomposant.
Si Montréal et d’autres villes les acceptent, c’est avant tout pour une raison pragmatique : si les sacs étaient interdits, plusieurs citoyens renonceraient à participer à la collecte.
« Cela vaut vraiment la peine d’impliquer davantage les gens, souligne Vincent Beaudoin. « Bien sûr, nous envoyons nos sacs à la décharge, mais ce faisant, nous évitons qu’un volume important de matières organiques n’y finisse. »
Et ces sacs ont aussi l’avantage de ne pas poser de problème si des fragments finissent dans le compost, contrairement aux sacs en plastique ordinaires.
La « guerre cachée » des sacs
Si l’on doit retirer tous les sacs, c’est qu’il y a un problème de fond : souvent, les citoyens utilisent des sacs à composter qui ne sont pas adaptés au compostage. Et ce, sans le savoir.
En effet, « il y a une incompatibilité entre les produits vendus et les procédés de compostage utilisés par les municipalités », explique Vincent Beaudoin.
« Pourquoi y a-t-il 26 choix de sacs sur les tablettes, alors qu’on sait très bien qu’il y en a probablement trois qui correspondent à la réalité québécoise, et qui pourraient vraiment être compostés ? », dit-il.
Notamment, « les sacs oxobiodégradables sont en tête de liste de nos problèmes », soupire Maud Fillion, experte en gestion des matières résiduelles à la Ville de Montréal. Ceux-ci sont fabriqués à partir de plastique ordinaire auquel on a ajouté un additif pour le rendre plus rapidement dégradable.
S’ils sont utilisés pour le compost, ils présentent donc un risque de contamination… même si leur nom incite à les utiliser de cette manière.
«La vraie question n’est donc pas autour du sac compostable, mais autour de cette “guerre cachée”», soupire Vincent Beaudoin.
« Il y a des industries qui sont juste là pour vendre leur salade. Ce qu’il faut avant tout, c’est mieux contrôler ce qui se trouve dans les rayons, pour que les citoyens puissent faire le bon choix », ajoute-t-il.
Que choisir, finalement ?
Dans les communes où le système des sacs violets est utilisé, ceux-ci doivent être utilisés (et pas d’autres) pour composter.
Ailleurs, idéalement, mieux vaut se tourner vers des sacs en papier, ou du papier journal – ou même, ni sac ni journal –, afin d’être sûr que les sacs finiront eux aussi au compost, avec les matières résiduelles qu’ils contiennent.
Si vous souhaitez utiliser des sacs en plastique pour le compostage, vous devez vous assurer de choisir des sacs certifiés compostables – à condition, bien entendu, que votre municipalité les accepte. La certification de référence au Québec est celle du Bureau de normalisation du Québec (CAN/BNQ 0017-088 ou ISO 17088).
Quant aux sacs oxobiodégradables, biodégradables ou autres, qui n’ont pas de certification prouvant qu’ils sont compostables, ils sont à éviter pour le compostage.
«Et en cas de doute, vous pouvez toujours appeler votre municipalité» pour vérifier ce qu’elle accepte ou non, ou ce qu’il est préférable d’utiliser, conseille Vincent Beaudoin.