“Nous avons eu différents engagements pris par le Président de la République sur la place centrale de la politique de l’enfance. Mais cela ne se traduit pas par des actions concrètes», déplore vendredi 27 décembre sur franceinfo, Corentin Bailleul, chef de la division plaidoyer et programmes de l’Unicef France. L’absence d’un ministère de l’Enfance dans le nouveau gouvernement Bayrou en est la preuve selon lui.
Cette cause «est le grand oublié», a déploré jeudi 26 décembre dans un communiqué la Dynamique pour les Droits de l’Enfant qui regroupe 27 organisations, dont l’Unicef. En juin dernier, Emmanuel Macron déclarait lors d’une conférence de presse : «Nous devons agir pour nous-mêmes, nos enfants, de manière beaucoup plus forte et plus claire, en réalisant une véritable révolution dans l’action publique en faveur des enfants et des jeunes, des 1 000 premiers jours jusqu’à 20 ans. Nous devons reconstruire notre système de protection de l’enfance. C’est une véritable politique nationale qu’il faut construire.“
Pour cela, insiste Corentin Bailleul, «il nous faut une stratégie globale en faveur des enfants qui soit ambitieuse, cohérente, portée par un ministre qui en ait les moyens, qui ait une place centrale au sein du gouvernement» Il souligne que la France a eu entre mai 2022 et décembre 2024, trois ministres délégués ou secrétaires d’État chargés de l’Enfance. “Cela nuit à la continuité de l’action publique » car « un certain nombre de stratégies ont été suspendues et cela a des conséquences sur les enfants ».« .
Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et de la Famille, a abordé la question de la protection de l’enfance lors de sa passation de pouvoir au ministère de la Santé, mardi 24 décembre. Cela ne rassure toutefois pas la cheffe de la division plaidoyer et programmes de Unicef France. “C’est un méga ministère. Nous craignons donc que cette question soit minimisée ou négligée.” alors que “les ressources sont insuffisantes« .
Corentin Bailleul appelle à «un nouvel élan” voiture “un certain nombre de sujets majeurs autour de la protection de l’enfance” doit “être dirigé par un ministre à part entière« . Il rappelle que chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, ce qui «3 000 décisions de justice ne sont pas exécutées faute de ressources» alloués par les départements. Il souligne également que «la crise du logement touche les enfants. 2 000 enfants sont aujourd’hui dans la rue, 40 000 personnes vivent dans des hébergements d’urgence« .
Enfin, ce représentant de l’Unicef France évoque la situation à Mayotte où «la moitié de la population a moins de 18 ans« . Après le passage du cyclone Chido, «il faut adapter la réponse d’urgence et notamment la situation des enfants« . Pour cela, «il faut aussi peser sur les arbitrages interministériels« .
Le responsable de la cellule de plaidoyer à l’Unicef France estime que le Comité interministériel pour l’enfance, créé en 2022, «était une initiative intéressante“mais il ne le fait pas”ne s’est pas réuni depuis novembre 2023« . L’Unicef France lancera en 2025. »un appel à une grande convention citoyenne autour de l’enfance« . L’association des droits de l’enfant appelle également à ouvrir le droit de vote dès 16 ans pour les élections municipales de 2026.