Prison à vie pour Ballouz, meurtrier sadique et dangereux, selon le juge

Prison à vie pour Ballouz, meurtrier sadique et dangereux, selon le juge
Prison à vie pour Ballouz, meurtrier sadique et dangereux, selon le juge

Le juge Éric Downs, de la Cour supérieure, n’a pas mâché ses mots en lisant vendredi son jugement sur la peine que devra purger Mohamad Al Ballouz pour les meurtres de son épouse et de leurs deux enfants, commis à Brossard en 2022. La loi impose la réclusion à perpétuité, et le magistrat a combiné cette durée d’incarcération avec une longue période d’inéligibilité à la libération conditionnelle pour la mort de Synthia Bussières.

Le magistrat a notamment qualifié Ballouz de sadique et de narcissique et l’a vilipendé pour avoir perpétré pour sa défense au procès des « actes de cruauté » contre son ex-conjointe et sa famille « même dans le domaine judiciaire ».

Le jury a rendu son verdict lundi : Mohamad Al Ballouz, qui se présente désormais comme une femme sous le nom de Levana Ballouz, a été reconnue coupable du meurtre au premier degré de ses deux enfants et du meurtre au deuxième degré de Synthia Bussières.

Comme le meurtre au premier degré entraîne automatiquement une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, l’exercice de détermination de la peine de vendredi matin pour le meurtre de Synthia Bussières a pu paraître théorique, puisqu’il n’ajouterait pas d’années de détention. Mais la loi prévoit qu’une condamnation doit être prononcée pour chaque crime, et cela permet aussi de ne pas reléguer au second plan le meurtre de cette femme et mère de deux bambins, Eliam et Zac.

Pour le meurtre au deuxième degré, la peine est la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle pour une période de 10 à 25 ans. C’est cette période qu’il restait au juge Downs de déterminer. Il a indiqué que le seuil d’interdiction de territoire de 15 ans ne devrait être franchi que lorsque le pronostic de dangerosité est convaincant compte tenu de la gravité de l’infraction et de la personnalité de l’accusé. Le juge l’a ici “largement dépassé”, optant pour 20 ans, une durée tout en haut de la fourchette, compte tenu des circonstances du meurtre, du caractère sadique de l’accusée et de son “grand danger”.

Le magistrat avait procédé à l’exercice d’examiner les circonstances aggravantes de son crime contre son épouse ainsi que les circonstances atténuantes. Il n’en a trouvé qu’un : avoir un emploi stable.

La liste des circonstances aggravantes pesait lourdement : le juge a relevé la violence « extrême » du meurtre, les mauvais traitements infligés à un partenaire intime, à l’intérieur du domicile familial, la présence des enfants, les tentatives de Ballouz pour dissimuler ses crimes, la les souffrances « indescriptibles » imposées aux proches de Synthia mais aussi le traumatisme vécu par les premiers intervenants, dont certains souffraient de stress post-traumatique.

“Le tribunal doit dénoncer le meurtre ignoble d’une femme par son compagnon dans un contexte familial”, a-t-il ajouté.

Le juge Downs a également imposé une peine de quatre ans à Ballouz pour avoir déclenché un incendie après ses meurtres sans se soucier de la sécurité des autres résidents de sa tour d’appartements.

À l’issue du procès, les jurés semblent avoir souscrit à la thèse de la Couronne selon laquelle Ballouz aurait poignardé à mort sa compagne avant de tuer leurs enfants – la méthode utilisée reste inconnue, car le pathologiste n’a pas pu déterminer la cause de leur mort – puis boire du liquide lave-glace et allumer un feu. Ce dernier a déclenché une alarme, et c’est pour cela que les premiers secours ont découvert la scène du crime : Synthia gisait dans son sang dans la salle de bain, tandis que Ballouz gisait sur le lit avec ses deux garçons morts.

Lors du procès, Ballouz s’est défendu sans avocat. Elle n’a pas présenté de preuves, mais a présenté devant le jury une thèse selon laquelle c’est son compagnon qui aurait tué les enfants, avant de l’attaquer. Ballouz n’aurait fait que se défendre, a-t-on soutenu.

Une « thèse farfelue » et peu plausible, a souligné le juge Downs, que le jury, « sans surprise », a rejetée.

Vendredi, la juge a critiqué sa manière de mener sa défense : « le tribunal ne peut pas rester stoïque au stade du prononcé de la peine et doit dénoncer le comportement de l’accusé à ce stade. […] [Ballouz] a abusé de son droit de soumettre des observations pour torturer la famille de la victime et vilipender Synthia jusqu’à sa tombe. Le juge l’avait empêchée de lire une lettre « calomnieuse » dans la salle d’audience.

Après la lecture du jugement, Ballouz a annoncé son intention de faire appel, sans préciser si elle visait le verdict ou la peine, ou les deux. Elle avait auparavant demandé à être incarcérée à la prison pour femmes de Joliette, mais le juge Downs a indiqué que cette décision relevait des autorités pénitentiaires.

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