TÉMOIGNAGES – La fréquence de ces infractions les inquiète particulièrement. L’un d’eux a été cambriolé trois fois en six jours.
En cette période de Noël, les commerçants de Nantes et de ses environs sont déprimés. Alors que le mois de décembre est particulièrement important pour eux, ils se retrouvent victimes de cambriolages en série ces dernières semaines. Dans le centre de Saint-Herblain, en périphérie de Nantes, une dizaine de vols ont été recensés. « Des événements ponctuels existent, mais cette répétition est assez inhabituelle »constate le président de l’association Herblinoise des commerçants du village, Frédéric Vigneron, en poste depuis quatre ans.
Dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 novembre, Marie Judalet, gérante du salon de coiffure Absolutif, un peu plus loin, a été la première à en faire les frais. Elle a d’abord cru qu’il s’agissait d’un acte isolé. Les malfaiteurs ont démonté la vitre de la porte pour pouvoir entrer. « Ils ont attaqué mon ordinateur. Il y avait une vingtaine d’euros dans un tiroir qu’ils n’ont pas pris… »dit-elle, dubitative, en se demandant si les auteurs n’ont pas été surpris par le bruit du sèche-linge qui fonctionnait la nuit. Elle a également retrouvé son ordinateur au petit matin, allongé dans la rue. La femme d’affaires qui a porté plainte a pu rouvrir immédiatement, et s’estime chanceuse. « Je n’ai vraiment rien à redire. Ce sont des coûts inférieurs à ceux de mes collègues. L’une d’entre elles avait la porte complètement défoncée..
Pour les petites entreprises comme nous, cela peut être dramatique
Frédéric Vigneron, président de l’association des commerçants de la ville de Saint-Herblain
Son homologue du salon By Loonis a été touché jeudi 5 décembre au petit matin. 500 euros de liquide et espèces ont été volés, qu’elle ne retrouvera pas, mais surtout, une porte d’un montant de 3 000 euros a été défoncée. Pour le manager, c’est la fin de l’année “pas cool” qui arrive. « On a peur que ça recommence ». La même nuit, deux autres magasins ont été visités, dont un salon de coiffure à trois reprises en six jours. « Nous ne nous sentons pas en sécurité. Un cambriolage est psychologiquement traumatisant. Pour les petites entreprises comme la nôtre, cela peut être dramatique. alert Frédéric Vigneron, the president of Bouge ton bourg. « Au-delà du préjudice financier du vol qui est assez ridicule, c’est la franchise d’assurance à payer, c’est trouver quelqu’un qui viendra le réparer, c’est le stress… Ce sont des tracas dont on se passerait bien »résume ce fromager. « Ces individus se sentent suffisamment en sécurité et peu inquiets pour se permettre de casser des vitres »note-t-il avec amertume.
« La ville est mobilisée. Le week-end dernier (dès le 7 décembre, NDLR)nous avons décalé les équipes de la police municipale de 20 heures à 1 heure du matin, en attendant que la police nationale puisse fournir du personnel supplémentaire »communique Jocelyn Gendeck, adjoint au maire de Saint-Herblain, chargé de la tranquillité. Répondant à ceux qui lui demandaient davantage de vidéosurveillance, il a indiqué qu’une caméra était installée dans la commune mais que, en tout cas, elle ne ralentirait pas les criminels encagoulés et très mobiles. “Ce qui va les arrêter, c’est la présence policière” : il croit particulièrement au flagrant délit. L’élu est également en contact avec le directeur interministériel de la police nationale de Loire-Atlantique.
Vols vers l’île de Nantes
Les forces de l’ordre observent une multiplication d’épisodes relativement similaires à Nantes. « La lutte contre la hausse des cambriolages dans les locaux commerciaux que l’on constate depuis plusieurs jours à Nantes est une priorité absolue pour les services de police nationale »informe la préfecture du département. Là encore, les sommes volées sont faibles et les dégâts matériels assez importants. Ils travaillent sur l’hypothèse d’un bélier à deux roues et tentent de déterminer si ces faits sont commis par la même bande.
D’autant que d’autres magasins, dans le centre et sur l’île de Nantes, ont également été visés. Président de l’association des commerçants de Prairie-au-Duc et de la Nefs, Jérôme Cuny a dénombré au moins huit cambriolages ou tentatives dans son secteur depuis le 1est Décembre. « Ce qu’on a remarqué, c’est qu’on casse la porte et qu’on va à la caisse. Souvent pour des sommes ridicules. ». A tel point que la consigne a été donnée de vider la caisse et de l’exposer en vitrine le soir. Certains préviennent même sur papier qu’il n’y a rien à voler. « Les commerçants ont du mal, déjà à cause du travail (entraînant la fermeture du pont Anne de Bretagne aux voitures, NDLR)et maintenant, ils se retrouvent face à cela en pleine période des fêtes.… Petite consolation, ils ont reçu le soutien moral de la municipalité.
Selon une source policière qui s’est entretenue avec Ouest de la France une cinquantaine d’incidents ont été enregistrés dans la zone de police. En début de semaine, ce sont les commerçants de Bouguenais (commune au sud-ouest de Nantes gérée par les gendarmes) qui ont été visés. Selon les chiffres communiqués par la préfecture de Loire-Atlantique concernant le nombre de cambriolages dans des locaux commerciaux, « le chiffre cumulé annuel, en 2024 à fin novembre, est de 834 incidents, contre 1 046 incidents en 2023, soit une baisse de 20,3% » et « le chiffre cumulé pour le mois de novembre 2024 est de 75 incidents, contre 145 incidents en novembre 2023, soit une baisse de 48,3% ». Les chiffres de décembre ne sont pas encore connus mais seront certainement scrutés.