Le Maroc se lance dans une profonde transformation de son secteur agroalimentaire grâce à un programme de 850 millions de dollars. Soutenu par un financement conditionnel de la Banque mondiale, ce projet vise à moderniser les pratiques agricoles, renforcer la résilience des zones pluviales et garantir la sécurité alimentaire face aux défis climatiques.
Face aux défis climatiques et économiques croissants, le gouvernement met en œuvre un programme stratégique de restructuration des systèmes agroalimentaires. Ce projet, qui s’inscrit dans la stratégie « Green Generation 2020-2030 », mobilisera 850 millions de dollars, dont 200 millions seront cofinancés par la Banque mondiale. L’objectif est de moderniser les pratiques agricoles, d’assurer la durabilité des ressources naturelles et de stabiliser les revenus des agriculteurs, notamment dans les zones pluviales.
Financement conditionné à des objectifs mesurables
La Banque mondiale, via son instrument de financement basé sur les résultats, conditionne son prêt à la réalisation des objectifs fixés par le programme. Ce système garantit une mise en œuvre alignée sur les ambitions du Maroc : rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces, résilients et respectueux de l’environnement.
En pleine évolution rapide, le secteur agricole marocain est confronté à de nombreux défis. Le projet entend répondre à cela en apportant un soutien accru aux zones pluviales, en renforçant les outils d’assurance agricole et en promouvant des pratiques durables, adaptées aux conditions climatiques extrêmes.
Un secteur agricole fragilisé
Le secteur agroalimentaire marocain, moteur de l’économie nationale depuis plus d’une décennie, est aujourd’hui touché par plusieurs chocs successifs. Il s’agit notamment de sécheresses récurrentes, de pénuries d’eau et de perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Entre 2018 et 2023, l’insuffisance des précipitations a considérablement réduit l’approvisionnement en eau d’irrigation, impactant lourdement l’agriculture pluviale, qui constitue une part essentielle des superficies cultivées au Maroc. Ces dérèglements climatiques, combinés à la hausse des coûts des intrants agricoles, ont amplifié l’inflation alimentaire, tout en augmentant la dépendance du pays aux importations pour répondre aux besoins nationaux en céréales, viande et lait.
Donner la priorité à l’agriculture pluviale
L’agriculture pluviale, qui couvre près de 80 % des terres cultivées du pays, joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire et l’emploi rural. Le programme de transformation agroalimentaire accorde une attention particulière à ce secteur longtemps sous-financé, avec des initiatives axées sur :
-Agriculture de conservation : des incitations financières seront mises en place pour favoriser l’utilisation de semences résistantes et d’équipements tels que des semoirs directs, adaptés aux conditions climatiques extrêmes.
-Réforme de l’assurance agricole : un nouveau système, appelé Programme de résilience et d’adaptation au changement climatique (PRAC), remplacera les systèmes existants. Il comprendra une couverture modernisée contre les risques climatiques et encouragera les pratiques agricoles durables.
Ces mesures visent à améliorer les rendements, réduire les émissions de gaz à effet de serre et sécuriser les revenus des agriculteurs.
Vers une sécurité alimentaire durable
Parallèlement à la résilience agricole, le programme aborde la qualité et la sécurité alimentaire pour répondre aux besoins nutritionnels d’une population croissante. Plusieurs domaines prioritaires ont été définis :
-Développer l’agriculture biologique et le recyclage des déchets agricoles pour réduire l’impact environnemental.
-Réduire les pertes alimentaires en modernisant les lignes de production.
-Encourager les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement afin d’améliorer la productivité tout en préservant les ressources naturelles.
En outre, une assistance technique sera fournie par la FAO pour renforcer les capacités nationales, notamment dans l’adoption de nouvelles technologies agricoles.