L’arme hybride de Moscou
Cependant, malgré cette présence militaire actuelle, l’expert reste prudent quant à la pérennité de cette influence : «Pour l’instant, je suis plutôt pessimiste quant aux chances de la Russie de rester en Syrie. Mais s’ils avaient décidé de quitter le pays, ils l’auraient déjà fait, mais ce n’est pas encore le cas.» Même si certaines bases semblent partiellement abandonnées, la Russie occupe toujours des positions clés, confirmant sa volonté de ne pas céder cette région à d’autres puissances. Le pays essaie tant bien que mal de jouer la carte diplomatique et militaire. Moscou semble par exemple retirer une partie de ses équipements et de ses hommes vers la Libye du maréchal Haftar. Plus généralement, si l’Afrique n’est pas un objectif en soi pour la Russie, elle représente une potentielle zone de désordre orchestré qui pourrait entraîner des conséquences migratoires majeures.
« La Russie est capable de provoquer des troubles massifs, des violences ou des massacres qui pousseraient les populations civiles africaines à fuir vers le nord, créant ainsi un une pression migratoire considérable sur l’Europeexplique Tom Simoens. Cela pourrait créer des flux de réfugiés vers les pays du nord et du sud de l’Europe. Ces derniers, souvent en première ligne pour accueillir les réfugiés, se retrouveraient à gérer d’importantes vagues migratoires, tandis que les migrants chercheraient à rejoindre d’autres États européens. Une telle situation raviverait les divisions politiques internes au sein de l’UE sur la question de la répartition des réfugiés, un débat déjà source de tensions.»
La Russie pourrait profiter de cette situation pour accentuer les divisions européennes et tester la cohésion politique et institutionnelle de l’UE, mais aussi de l’OTAN.
HTS va dissoudre sa branche armée
Le chef militaire du groupe radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête de la coalition qui a pris le pouvoir en Syrie, a annoncé mardi que « la prochaine étape » serait la dissolution des groupes armés, à commencer par le sien, pour se fondre dans la future institution militaire. Dans une interview donnée dans la ville côtière de Lattaquié, Mour-haf Abou Qasra (nom de guerre : Abou Hassan al-Hamwi) a également affirmé que le nouveau pouvoir souhaitait étendre son autorité sur les zones kurdes du nord-est du pays et que il « a refusé le fédéralisme ».
Dans le même entretien accordé à l’AFP, Mourhaf Abou Qasra a appelé à l’arrêt des frappes et des « incursions » israéliennes qui se sont intensifiées depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre. Il a enfin appelé l’Occident à destituer le HTS et son leader Abou Mohammad. al-Jolani, de son vrai nom Ahmad al-Chareh, de la liste des « organisations terroristes ». HTS reste considéré comme « terroriste » par l’ONU, les États-Unis et certains pays européens.