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Mise sous pression par les élections américaines, l’Allemagne voit le gouvernement Scholz s’effondrer
Publié le 7 novembre 2024 à 18h14 / Modifié le 8 novembre 2024 à 13h28
“C’est l’économie qui compte, idiot.” Ce slogan prononcé en 1992 par le candidat démocrate à la présidence américaine Bill Clinton trouve depuis le 6 novembre un écho particulier en Allemagne. Le chancelier Olaf Scholz a limogé son ministre des Finances faute d’accord pour boucler le budget 2025.
Dans ce contexte très tendu, le scénario d’une élection de Donald Trump aurait pu permettre de serrer les rangs. Les dégâts pourraient être immenses pour une Allemagne économiquement affaiblie si le futur président américain mettait en œuvre ce qu’il a annoncé, à savoir l’arrêt de son engagement militaire en Ukraine et l’augmentation des droits de douane sur les produits européens. “L’élection de Donald Trump marque le début d’une des phases économiques les plus difficiles pour l’Allemagne”, estime le centre IfW de Kiel, qui encourage Berlin à investir massivement, notamment dans la défense.
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Evénement rare dans l’histoire politique de l’Allemagne, cette procédure permettra de demander aux “électeurs” de se prononcer sur la question “fondamentale” de la marche à suivre pour le pays aux prises avec une grave crise économique, a défendu lundi le leader social-démocrate. .
Le résultat est conforme à l’objectif : parmi les députés présents, 394 ont voté contre la confiance tandis que 207 ont voté pour, avec 116 abstentions. Le chancelier sourit à cette annonce et se tourna vers son vice-chancelier, l’écologiste Robert Habeck, pour lui serrer la main. Le leader va maintenant demander au chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier de dissoudre la chambre, et ainsi permettre la tenue du vote à la date convenue du 23 février.
Dans les heures qui ont précédé le débat sur ce vote parlementaire, celui-ci s’est transformé en un bilan des trois années passées au pouvoir par le leader social-démocrate. “Vous aviez votre chance, vous ne l’avez pas saisie”, a déclaré Friedrich Merz, chef du camp conservateur CDU/CSU et favori pour remplacer Scholz à la tête du pays.
L’une des pires crises économiques
Les questions économiques et sociales ont dominé les débats, reflétant la campagne électorale déjà largement en cours dans le pays. Friedrich Merz a accusé Olaf Scholz d’avoir laissé le pays « dans l’une des pires crises économiques de l’après-guerre ». Menacée d’une deuxième récession annuelle consécutive, l’Allemagne fait face à une remise en question de son modèle industriel et s’inquiète des répercussions sur ses exportations de l’élection de Donald Trump.
Olaf Scholz s’est présenté comme le champion d’un État social protecteur des plus vulnérables et des investissements d’avenir pour garantir la prospérité de la première économie européenne. De cette question des investissements “tout le reste dépend, notre sécurité, notre prospérité future, la compétitivité de notre économie, le bon emploi et la bonne formation, et enfin la cohésion sociale du pays”, a-t-il jugé.
La question est centrale dans le domaine de la défense où le pays a besoin d’« investissements massifs » dans le contexte de la guerre d’agression russe en Ukraine. “S’il y a un pays au monde qui peut se permettre d’investir dans l’avenir, c’est bien nous”, a-t-il insisté, soulignant que la dette de l’Allemagne avoisinait les 60 % du PIB alors qu’elle dépasse les 100 % dans la plupart des autres pays du G7.
Des désaccords sur la politique économique et le niveau des dépenses publiques avaient déjà été à l’origine de la chute de la coalition gouvernementale tripartite. Depuis le limogeage de son ministre libéral des Finances en novembre, Olaf Scholz dirige un gouvernement minoritaire entre son parti social-démocrate et les Verts, dont l’action législative est paralysée.
Battez les probabilités
Malgré son impopularité chronique, l’imperturbable leader veut croire en ses chances d’un second mandat. A ce stade, les sondages lui donnent peu d’espoir et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU mené par Friedrich Merz largement vainqueur, avec 30 à 33% d’intentions de vote.
Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5%, mais les autres partis excluent toute coopération avec lui. Le SPD (parti social-démocrate) recueillerait 15 à 17 % des suffrages, les Verts 11,5 à 14 %.
Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections de 2021, contre toute attente. Et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les sociaux-démocrates ne perdent pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, autrefois mis sur la touche par l’ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n’a jamais occupé de poste ministériel ni de maire.