Contrairement à son « ami », le roi de France Henri IV, François Bayrou ne s’est pas converti au catholicisme à l’aube de ses 40 ans. La foi chrétienne du nouveau Premier ministre a toujours constitué un pilier essentiel de sa vie et de son engagement politique. François Bayrou et son épouse Élisabeth ont donné une éducation catholique à leurs six enfants – Hélène, Marie, Dominique, Calixte, Agnès et André – dont certains ont même une pratique religieuse plus traditionaliste que leur père. « L’épouse de François Bayrou est très pieuse et très impliquée dans l’Église locale. » témoigne un ecclésiastique béarnais. L’heureux grand-père de 28 petits-enfants porte un regard très critique à l’égard des mouvements écologistes qui prônent l’arrêt de la procréation et déplore une « glissement de transcendance » les jeunes générations. Démocrate-chrétien autoproclamé, Bayrou estime que dans un monde pour lequel Dieu est mort, il reste une quête d’absolu qui s’incarne aujourd’hui à un niveau horizontal dans le « se battre pour la planète ».
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A Pau, François Bayrou fréquente les églises Saint-Martin et Saint-Jacques, proches de la mairie. Le Premier ministre va à la messe tous les dimanches. Un ecclésiastique local raconte « qu’il ne cherche pas à s’y montrer, préférant souvent se placer au fond de l’église, et quittant généralement les lieux avant la fin de l’office ». Il s’est rendu “une ou deux fois” dans une église à la périphérie de la ville. “Son arrivée s’est très bien passée, on pourrait même penser que c’est un homme normal” témoigne le curé, amusé. Enfin, la famille Bayrou prit l’habitude de se rendre régulièrement à Lourdes, pour les célébrations de l’Assomption, ou encore à pied, en pèlerinage, par aucun autre chemin que celui nommé d’après Henri IV.
La foi se manifeste également dans les relations personnelles. Cette semaine, alors que l’ancien sénateur socialiste André Vallini venait de perdre un proche, François Bayrou lui a adressé un long message de soutien teinté de vernis religieux. Un geste que Vallini, qui dit avoir “dans une foi commune” avec le président du MoDem, très apprécié.
François Bayrou se montre très réservé sur le sujet de la fin de vie
Fidèle à une conception de l’homme qui reste imprégnée de l’idée de Dieu, François Bayrou a toujours considéré que l’humanité devait rester au cœur de toute conception politique. Ainsi depuis ses débuts, les références religieuses rythment sa longue carrière politique. Lors de la campagne présidentielle de 2007, François Bayrou expliquait que sa foi, bien qu’intime, est ce qui « nous pousse à vouloir la justice et la paix pour tous. » En 2014, à l’Assemblée nationale, il avouait : « Les fondements de ma foi chrétienne sont dans l’amour du prochain, dans la recherche du bien commun, dans la défense de la dignité de chaque être humain. » En 2015, en pleine crise migratoire, François Bayrou estime que l’accueil des réfugiés est avant tout « un acte de charité »de la même manière qu’il juge que la charité chrétienne doit être « la Source de notre politique sociale » et ça « Ce n’est pas l’État seul qui doit assumer la responsabilité de la pauvreté, mais nous tous, en tant que société, en tant qu’êtres humains ».
Ministre de l’Éducation nationale entre 1993 et 1997, il assimile en 2018 les valeurs de l’éducation républicaine à celles de l’Évangile : « vivre ensemble, respecter les autres et développer une conscience éthique ». Dans les débats de société plus récents, François Bayrou se montre très réservé sur le sujet de la fin de vie. En mai 2023, il prend clairement position, confiant au Figaro : « Nous avons une loi pour accompagner ce passage vers la mort, mais nous ne faisons pas de service public pour provoquer la mort. » Et quand l’idée de rendre payant l’accès à Notre-Dame est évoquée, le président du MoDem invoque une “mauvaise idée”, ajoutant que ” il y a des choses qui sont au-dessus des questions d’argent, qui appartiennent au domaine philosophique, spirituel.
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Croyant mais laïc dans sa vision de l’exercice du pouvoir, François Bayrou n’a jamais cultivé l’ambiguïté entre religion et politique, essentiellement par considération pour la foi, « parce que cela risquerait d’altérer la pureté des idéaux religieux ». Nommé le vendredi 13 à Matignon, jour de malheur selon les superstitions qui trouvent leur origine dans la Bible, nul doute qu’à Matignon, le Premier ministre chrétien compte sur l’Esprit Saint pour le protéger des désastres.