Avec la mondialisation, les migrations et le développement soutenu des réseaux sociaux, les frontières virtuelles n’existent plus ; ils ont été remplacés par des replis identitaires transnationaux. Les Marocains ne sont plus tous mononationaux, ni limités par les frontières du royaume. On les retrouve partout, avec leurs traditions, leur attachement au pays et leur solidarité autour de ce qui les définit désormais : une foi, un drapeau et des institutions. Auparavant, ils étaient également définis en fonction de l’appartenance à un espace géographique, mais ce n’est plus le cas.
Le Football, activité sociale et sportive par excellence, n’a pas échappé au mouvement. Depuis le milieu des années 1990, tous les entraîneurs du pays font appel à la diaspora pour constituer leurs équipes. Avant cette date, des clubs comme l’AS FAR, le Wydad, le Raja, le MAS ou le KAC étaient les principaux fournisseurs de l’équipe nationale.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : la plupart des joueurs de l’épine dorsale des Lions de l’Atlas sont issus de centres de formation européens et de l’Académie Mohammed VI de Football, et non de clubs. A quelques exceptions près, dont la plus notable est Nayef Aguerd du FUS, aucun des tenants de l’épopée Coupe du monde au Qatar n’est diplômé de la catégorie senior du Botola Pro. Ounahi, Bounou et En-Nesyri ont joué exclusivement chez les jeunes. catégories avant leur transition vers le professionnalisme européen.
La Fédération Royale Marocaine de Football est consciente de la situation et souhaite renforcer les clubs nationaux. A cet effet, elle a signé une convention avec la Fondation OCP pour promouvoir, professionnaliser et structurer la formation de jeunes destinés à briller plus tard dans leurs clubs respectifs. Les sommes allouées sont importantes et leur destination est parfaitement maîtrisée. Ce projet n’a pas pour but de détourner les budgets de formation en faveur de l’équipe première. Les débuts du programme sont difficiles et les obstacles difficiles à surmonter, d’autant que la plupart des clubs souffrent en termes de résultats, de continuité et de stabilité, avec des indicateurs inquiétants.
Les performances de l’AS FAR et du Raja en phase de groupes de la Ligue africaine des champions ce week-end laissaient à désirer. Décidément, rien n’est perdu pour les deux clubs. Après deux journées, l’AS FAR est en tête du peloton avec 4 points et le Raja n’est qu’à un point de la deuxième place ; Il reste quatre jours avant la qualification pour les quarts de finale.
C’est au niveau du contenu que la situation est sombre. Les deux clubs, auteurs du record de la saison précédente, sont loin de satisfaire leurs fans. Tout manque : l’efficacité, la domination dans le jeu et la qualité technique. C’est inquiétant pour la suite du championnat et c’est une tache si l’on se réfère aux résultats fantastiques de nos équipes nationales. Sans doute nos clubs nous doivent-ils une revanche.
Seule la Renaissance Sportive de Berkane conserve sa place en Coupe de la CAF. Ils ont battu l’équipe sud-africaine de Stellenbosch à Durban, sur le score sans appel de 3 buts à 1. Une petite revanche, au vu de nos récents résultats en sélection contre l’Afrique du Sud.
Quant au Wydad, en crise depuis deux ans, l’attente est encore plus grande. Ils représentent le continent africain lors de la première édition de la toute nouvelle Coupe du monde des clubs. Le format du tournoi a été calqué sur celui des sélections de la Coupe du monde, avec 32 participants, répartis en huit groupes de quatre, dont les deux premiers seront qualifiés. pour les huitièmes de finale. Lors de la procédure précédant le tirage au sort, le Wydad et l’Égyptien Al Ahly ont été placés dans le pot 3 ; c’est le résultat de l’excellent parcours du club avant sa chute. Les deux autres clubs africains, l’Espérance de Tunis et les Mamelodi Sundowns, ont été placés dans le Pot 4.
Cela n’a pas empêché le Wydad de faire partie du groupe de la mort aux côtés de Manchester City, de la Juventus et d’Al Ain FC. Le WAC est confronté à un défi, celui d’émerger avec distinction. Se qualifier à la huitième place n’est pas impossible et le rendez-vous est fixé pour un premier exploit historique, contre Manchester City le 18 juin à Philadelphie. Viser la lune ne doit pas effrayer le club d’une nation arrivée deux fois première de son groupe à la Coupe du monde : en 1986 dans un groupe composé de la Pologne (médaille de bronze en 1982, elle bat la France de Platini dans un match de classement) ; d’Angleterre (quarts de finale) et enfin du Portugal, dont 7 joueurs du FC Porto, seront sacrés champions d’Europe l’année suivante.
En 2022, le Maroc termine une nouvelle fois premier dans un groupe difficile. Il était composé de la Croatie (finaliste de l’édition 2018), de la Belgique (3e en Russie) et du Canada (dont le brillant Alphonso Davies du Bayern était déjà une menace à lui seul). Nous connaissons tous le reste.
C’est avec ces résultats dans le rétroviseur que le Wydad doit préparer et affronter sa compétition phare de l’année. C’est un défi qu’il faudra relever pour consolider la position et le leadership du football marocain.