Si le grand public ne connaît pas (encore) le visage de cette énergique et chaleureuse jeune femme de 45 ans, née à Hennebont dans le Morbihan, il a déjà croisé son travail. La lampe de bureau Binic éditée par la prestigieuse Foscarini ? C’est elle. Les lampes sur les étagères du TGV ? Encore elle. Là, pour les célèbres assises de la cathédrale Notre-Dame, qui ouvre ses portes ce week-end à Paris, à une cinquantaine de chefs d’Etat samedi soir, puis au grand public dimanche, les projecteurs seront mondiaux.
« Tout a commencé par un appel d’offres fermé », explique le designer formé à l’école de design de Nantes. « Quelques noms ont été proposés au comité de sélection du diocèse, qui a fait son choix et a demandé à chacun d’imaginer un prototype. C’était une offre tellement unique, que même s’il y avait des noms très connus, j’y suis allée », explique celle qui vit depuis peu au Croisic (44) avec Orso, son chat, loin de la folie parisienne. Elle termine en finale face à Patrick Jouin, autre grand nom du design, avant de s’imposer. Les frères Bouroullec, ses anciens patrons, étaient également en lice !
Des chaises silencieuses…
« Au départ, la difficulté est de ne pas se laisser submerger par l’ampleur de la tâche historique et culturelle de ce bâtiment. Et plus concrètement, ce n’est pas facile d’aborder le projet car nous n’avons pas eu l’occasion de visiter la cathédrale, d’évaluer ses proportions, même si j’y étais déjà allé. J’ai fait appel à mes souvenirs, acheté plein de livres, vu des reportages, des conférences… J’ai essayé de faire dialoguer la chaise avec cette architecture gothique. » Le cahier des charges était précis et mystérieux : il fallait une chaise « silencieuse » tant auditivement que visuellement. « Cela se marie aussi bien avec le mobilier liturgique, les vitraux de Viollet-Le-Duc… », souligne le décorateur.
Tout s’est passé très vite : « Je me suis appuyé contre l’ébéniste Bosc pour imaginer une chaise à barreaux, en transparence et en arabesque, avec un dossier bas pour pouvoir m’agenouiller et m’appuyer sur celle de devant. » Jeudi dernier, son œuvre s’est concrétisée lors de l’installation – de nuit, dans la cathédrale illuminée, entre autres artisans – de cette mer de chaises élancées, prêtes à recevoir leurs premiers visiteurs. Elle doit également finir les tables de prière, les agenouilleurs, les bancs, etc.
Ionna a été contactée pour plusieurs nouveaux projets mais avant de revenir à Pornic, elle profitera des célébrations autour de cette cathédrale qui l’obsède depuis deux ans !