L’Europe a décidé du statut de protection du loup. On passe d’une « espèce faunique strictement protégée » à « une espèce faunique protégée ». Actuellement il y a une dizaine de loups installés en Lorraine. Quelles seront les conséquences pour Canis lupus, voici les réactions en Lorraine, ce mercredi 4 décembre 2024.
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En modifiant le statut de protection du loup, la question a été soulevée il y a plus d’un an par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen. C’est fait, le loup sera désormais moins protégé. Les membres de la Convention de Berne du Conseil de l’Europe ont adopté la proposition. La décision finale sera officiellement publiée le 6 décembre 2024.
En Lorraine, le chien est bien implanté au carrefour des trois départements de la Meuse, des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle. Les attaques contre les troupeaux de moutons sont régulières. La Lorraine compte une dizaine d’individus installés et de passage en 2024. Personne n’a été tué l’année dernière, selon l’association Meuse Nature Environnement. En France pourtant, 200 loups ont été tués en 2024.
Cela va peut-être attiser encore davantage la guerre entre agriculteurs et écologistes. C’est ce qu’il fera !
Yves Lacroix, éleveur de moutons à Chef-Haut (Vosges)
Dégrader le statut de protection du loup, pour les agriculteurs lorrains, est une décision qui ne facilitera pas leur quotidien.
“Cela ne veut absolument rien dire pour moi” explique Yves Lacroix, son troupeau de moutons a été attaqué en janvier 2024. »Nous avons fait plaisir à la présidente de la Commission européenne car son poney a été attaqué par un loup. Après, qu’est-ce qui va changer pour nous ? Le taux de réussite reste le même pour la France. Dans un domaine où il ne devrait pas être là, on n’aura plus le droit de le licencier, on aura toujours toutes les règles administratives. Je ne vois pas vraiment l’intérêt.”ajoute l’éleveur vosgien.
Dans la Meuse, à Baudrémont, la dernière attaque de loup contre Cyril Weisse remonte à octobre 2024.
« Pour moi ce statut ne changera rien… En 2024 j’ai perdu 28 moutons, je dors 3 heures par nuit. Les anciens ont éradiqué le loup, ce n’est pas pour rien.”explique l’agriculteur épuisé par la perte de ses moutons. « Le loup attaque les animaux sains. Dans l’enclos, il y avait des moutons malades qui ne couraient pas, il les a laissés”, ajoute l’agriculteur qui a installé des clôtures électriques mobiles pour se protéger.
Bientôt, chaque pays de l’UE devra établir ses propres règles en matière d’abattage des loups. Les dérogations administratives continueront à être en vigueur, assure le responsable du projet Meuse Nature Environnement.
« Il n’existe pas de véritable distinction entre le statut « strictement protégé » et le statut « protégé » en droit français. Cela veut dire qu’en France il faudra attendre pour voir comment les choses vont se passer. Il y aura toujours des demandes d’autorisation de licenciement qui s’effectueront dans un cadre précis, qui ne changera pas, spiega Sébastien Lartigue, responsabile del programma lupo del Meuse Nature Environnement.
En France, le gouvernement a mis en place des comités « loups » pour les départements concernés. L’objectif est d’établir des stratégies et d’améliorer la coexistence entre loups et agriculteurs.
Sébastien Lantrigue a participé au dernier comité départemental de Meurthe-et-Moselle au cours duquel a été évoqué le changement de statut du loup. Pour lui, il faut trouver le bon équilibre dans la prise de décision et rester attentif aux écarts.
« Lorsqu’un éleveur appelle à un tir défensif, c’est la légitime défense de son troupeau. Par contre, dire qu’on va à la chasse, qu’on va en forêt et qu’on tire, devient stupide. Il suffit de faire preuve de bon sens là où il y a des troupeaux et des loups, avec de nombreux moyens différents pour tirer et ensuite le laisser tranquille. conclude Sébastien Lartigue, responsabile del progetto Meuse Nature Environnement.
En 1937, le loup a été éradiqué en France, selon l’Office français de la biodiversité. 50 ans plus tard, elle obtient de l’Europe le statut d’espèce protégée, ce qui favorise le développement de l’espèce. Les loups reviennent sur le territoire français en passant par le massif alpin. Du côté italien, l’espèce n’avait pas disparu. Selon les dernières estimations de l’OFB, la population de loups en France est comprise entre 704 et 1344 individus, soit 5 % des loups d’Europe.