L’Assemblée française renverse le gouvernement

L’Assemblée française renverse le gouvernement
L’Assemblée française renverse le gouvernement

(Paris) Les députés français ont voté mercredi la censure du gouvernement en place depuis à peine trois mois, une première en depuis 1962 qui aggrave l’incertitude politique et économique dans un pays pivot de l’Union européenne.


Publié à 6h57

Mis à jour à 14h32

Boris BACHORZ et le service politique de l’AFP

Agence France-Presse

Après trois heures et demie de débats très houleux dans une salle comble, 331 députés ont finalement décidé de faire tomber l’exécutif, alors qu’il fallait 288 voix.

« En raison de la motion de censure, […] le Premier ministre doit soumettre la démission du gouvernement au président de la République », a déclaré la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet au Perche.

A peine revenu d’une visite d’État en Arabie Saoudite, M. Macron doit nommer un nouveau Premier ministre conformément à la Constitution.

Pour parvenir à la censure, les parlementaires de gauche et d’extrême droite du Rassemblement national, ainsi que ses alliés, ont voté ensemble pour censurer le gouvernement sur les questions budgétaires, alors que la France est très endettée.

Les dirigeants de cette alliance de circonstance ont clairement laissé entendre qu’au-delà du gouvernement de droite et de centre de Michel Barnier, c’était Emmanuel Macron qui était dans leur viseur, même si le sort du président français, dont le mandat court jusqu’en 2027, n’est juridiquement pas lié à celui-ci. celui de l’exécutif.

La France insoumise (gauche radicale), par la voix de sa présidente à l’Assemblée Mathilde Panot, a immédiatement demandé à « Emmanuel Macron de partir », réclamant « des élections présidentielles anticipées ».

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PHOTO SARAH MEYSSONNIER, REUTERS

Mathilde Panot

La leader de l’extrême droite française Marine Le Pen a estimé que le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier devait tomber, car il perpétue « les choix technocratiques » du président Macron, élu en 2017 et réélu en 2022, actuellement au plus bas du scrutin. sondages.

Le triple candidat malheureux à l’élection présidentielle, dont deux fois face à M. Macron, a ajouté qu’il devait « conclure lui-même s’il [était] capable de rester [président de la République] ou non.”

M. Barnier s’est exprimé avant le vote, moins pour dissuader les élus de voter la censure que pour fixer une date en cas de renversement de son gouvernement. La France consacre 60 milliards d’euros par an au paiement des intérêts de sa dette, plus qu’à sa défense ou à l’enseignement supérieur, a-t-il rappelé.

« On peut dire ce qu’on veut, c’est la réalité. Croyez-moi : cette réalité ne disparaîtra pas par la magie d’une motion de censure », a-t-il prévenu.

Appel à la responsabilité

Cette censure fait suite à des mois de crise, déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale souhaitée par le chef de l’Etat après la déroute de son camp européen face à l’extrême droite.

Les élections législatives anticipées qui ont suivi ont abouti à la formation d’une assemblée fracturée en trois blocs (alliance de la gauche, des macronistes et de la droite, extrême droite), dont aucun ne dispose de majorité absolue. Après 50 jours de négociations, un gouvernement de droite et du centre a finalement été nommé début septembre.

La chute de l’exécutif après seulement trois mois de mandat constitue un record de brièveté depuis l’adoption en 1958 de la Constitution française.

Les deux motions ont été déposées après que le Premier ministre a déclenché mardi l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote sur le budget de la Sécurité sociale.

Une décision prise au terme de plusieurs jours d’âpres discussions budgétaires, au cours desquelles M. Barnier a cédé à plusieurs revendications de l’extrême droite, qui réclamait toujours plus, selon lui.

Signaux rouges

Depuis l’Arabie Saoudite, où il était en visite d’Etat, le président français a de son côté affirmé qu’il ne pouvait « pas croire au vote de censure » du gouvernement. M. Macron devait rentrer à Paris mercredi soir, à - pour recevoir la démission de Michel Barnier.

Il appartiendra à M. Macron de nommer un nouveau Premier ministre, sur fond d’endettement croissant du pays. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien supérieur aux 4,4% prévus pour l’automne 2023, le déficit public manquera son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèsera sur le coût de la dette et la croissance.

La gauche, le centre et la droite semblent désunis pour s’entendre sur un nouveau gouvernement de coalition.

Marine Le Pen a les yeux rivés sur la prochaine élection présidentielle prévue en 2027. Mais son destin politique est suspendu à une décision de justice attendue le 31 mars. Elle risque cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat pour détournement de fonds du Parlement européen pour l’élection présidentielle. bénéfice de son parti.

L’instabilité politique explique en partie la nervosité des marchés, dans un contexte d’endettement lourd : le taux d’emprunt à 10 ans de la France est même passé, le 27 novembre, très brièvement au-dessus de celui de la Grèce, traditionnel étudiant pauvre en la matière dans l’UE.

 
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