Deux projets de loi ont été adoptés mercredi soir par les députés, l’un pour le remboursement intégral des fauteuils roulants, l’autre visant à simplifier la vie des parents d’enfants handicapés. Ils doivent encore être examinés par le Sénat.
L’Assemblée nationale a approuvé à l’unanimité, dans la nuit de mardi à mercredi, le remboursement intégral des fauteuils roulants par l’assurance maladie. “Certains appareils ont un coût élevé”plus « la dignité de ceux qui l’utilisent au quotidien n’a pas de prix »a affirmé le rapporteur du texte, Sébastien Peytavie (Génération.s, membre du groupe écologique et social) lui-même paraplégique depuis l’âge de 3 ans. Son projet de loi prévoit que les fauteuils roulants «sont soumis à une prise en charge complète par les organismes d’assurance maladie»avec la participation éventuelle de la complémentaire santé et de la prestation de compensation d’invalidité (PCH).
Ce vote intervient après que le gouvernement ait annoncé aux associations un décret “avant la fin de l’année» pour mettre en œuvre ce remboursement intégral, une promesse d’Emmanuel Macron remontant à avril 2023. « Nous poursuivons pleinement le même objectif » que celui de la loi proposée, mais avec une vraie divergence quant à la méthode »a commenté lors du débat la ministre chargée des personnes handicapées Charlotte Parmentier-Lecocq. Cette question, a-t-elle rappelé, fait l’objet de négociations entre la Sécurité sociale, les fabricants et distributeurs de chaises, afin d’arriver à des tarifs encadrés.
« Ce n’est pas un luxe d’avoir un fauteuil adapté à ses besoins »
Sébastien Peytavie (Génération.s, membre du groupe écologique et social)
Or, le projet de loi de Sébastien Peytavie précise que les fauteuils “sont exonérés d’un prix de vente maximum”. « Ma chaise coûte 8 500 euros. Dans la réforme proposée par le gouvernement, qui fixe un plafond à 6 300 euros pour ce type de prestations » équipement, “il ne serait donc plus du tout supporté”a expliqué le rapporteur. Selon lui, le prix limite de vente est un mécanisme “injuste”, “inefficace” et “inapproprié” aux besoins spécifiques des personnes handicapées, dont certaines doivent “lancer des jackpots” ou recourir à un prêt pour financer leur équipement.
Le député a parlé de son “sept chaises en 39 ans de paraplégie”ses “points de suture” à cause d’un fauteuil qui se plie trop facilement, ou du « frottement d’un dossier trop haut » le voici « a usé la peau des omoplates ». « Ce n’est pas un luxe d’avoir un fauteuil adapté à ses besoins »ou « Plus une personne a des besoins spécifiques, plus elle a de personnes à sa charge »a soutenu le député. Son texte, approuvé en première lecture à l’Assemblée, doit encore être présenté au Sénat. A moins que “le gouvernement, ou le prochain, ne présente un décret sans plafond de prix de vente”, a-t-il déclaré à l’AFP après le vote.
Un peu plus tôt, les députés avaient approuvé à l’unanimité en première lecture un projet de loi visant à simplifier le quotidien des parents d’enfants atteints d’une maladie grave ou d’un handicap. Obtenir un coup de pouce pour accéder à un logement, suspendre le remboursement d’un prêt ou être hébergé à proximité de l’hôpital, les mesures adoptées ont été élaborées avec les associations familiales concernées.
La double peine
“Pour les familles, c’est souvent un double coup dur : aux soucis directement liés à la maladie ou au handicap, s’ajoutent des difficultés financières ou administratives qui peuvent prendre des proportions considérables, notamment pour les familles les moins aisées”a résumé le rapporteur du texte, Vincent Thiébaut (Horizons). « Plusieurs milliers de jeunes et leurs familles sont aujourd’hui touchés par ces drames »a souligné la ministre chargée des Familles, Agnès Canayer, qui a évoqué le risque de perte de revenus pour ceux qui doivent « quitter leur emploi ou travailler à - partiel pour s’occuper de leurs enfants ».
Pour simplifier la vie des ménages concernés, le texte prévoit des dispositions visant à faciliter la suspension du remboursement d’un prêt – sur décision d’un juge -, ou à accélérer l’attribution de l’allocation scolaire pour enfant handicapé (AAEH). Les familles pourront également obtenir un parking gratuit à l’hôpital – une dépense qui peut atteindre 50 euros par jour, dans les grands centres hospitaliers – et bénéficier d’une prise en charge à 100 % pour les séances de psychologue ou de psychomotricien. pour leur enfant. Actuellement, ces soins ne sont possibles que si les professionnels travaillent directement à l’hôpital.
Le texte simplifie également les conditions d’octroi de l’allocation parentale journalière (AJPP), qui permet au parent d’être indemnisé s’il cesse temporairement son activité pour s’occuper de son enfant gravement malade, blessé ou handicapé. Dans le cas d’un couple séparé, les deux parents pourront prétendre à cette allocation, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Le texte doit également être transmis au Sénat, où la date de son examen n’est pas encore connue.