quatre entreprises dans le collimateur de l’Etat de Genève – .

quatre entreprises dans le collimateur de l’Etat de Genève – .
quatre entreprises dans le collimateur de l’Etat de Genève – .

Trois entreprises vont mener des enquêtes

Publié le 2 juillet 2024 à 13h29 / Modifié le 2 juillet 2024 à 18h11

Dans le canton de Genève, 12 sites présentent des prélèvements dans les eaux souterraines avec des valeurs dépassant, parfois de beaucoup, la norme de référence de l’ordonnance fédérale sur l’assainissement des sites pollués (OSites), fixée à 50 nanogrammes par litre (ng/l). Retrouvez notre article : Exclusif – Voici la carte de la contamination de Genève par les PFAS, ces « éternels polluants »

La météo et la RTS ont ainsi activé une seconde fois la loi sur l’information du public et l’accès aux documents (Lipad) pour obtenir ces informations d’intérêt public. Sur les quatre décisions, trois nous sont parvenues sous une forme expurgée. La quatrième société, précise l’Etat de Genève, s’est « catégoriquement opposée à toute transmission », puisque la décision fait « l’objet d’une procédure judiciaire en cours ».

Cette décision concerne l’usine des Cheneviers, exploitée par les Services industriels de Genève. — © Oyeyi Sandra (DT)

L’appel de Givaudan

Nous avons toutefois pu établir qu’il s’agit de Givaudan. Le géant mondial des parfums, basé à Vernier à quelques mètres du Rhône, confirme que les termes de cette « demande de projet d’assainissement », notifiée en septembre 2023, « font l’objet de discussions ». Affirmant ne pas pouvoir indiquer le niveau de contamination aux PFAS en amont et en aval de son site (soit dans le Rhône). La firme soutient qu’il s’agit de « valeurs très faibles », tout en admettant qu’elles sont supérieures à la norme de référence de l’ordonnance fédérale sur l’assainissement des sites pollués (OSites). Cette demande de l’Etat est susceptible d’être modifiée en raison du recours introduit devant le Tribunal administratif de première instance.

Débat

Une motion d’« action » déposée au Grand Conseil

Publié le 2 juillet 2024 à 13h22 / Modifié le 2 juillet 2024 à 18h18

Quatre jours après la publication de notre carte de pollution des eaux souterraines du canton par les PFAS, des députés de gauche ont déposé une motion demandant au Conseil d’Etat d’agir contre les menaces sanitaires et environnementales causées par ces substances.

Les autorités sont invitées, entre autres, à « accélérer la dépollution des sites pollués déjà identifiés », à étendre leurs investigations au-delà des nappes phréatiques et à établir des responsabilités en cas de pollution (application du principe pollueur-payeur). Le texte demande également que l’aéroport soit contraint d’évaluer l’impact de l’utilisation de dégivreurs d’aéronefs sur le Nant d’Avanchet et le Rhône, et d’informer les consommateurs sur les produits contenant des PFAS. La motion est à l’étude.

En 2018, le Tribune de Genève a noté que l’entreprise avait enregistré douze déversements accidentels de substances chimiques, dont quatre avaient eu un « impact grave » sur l’environnement. En avril dernier, contacté par La météo, Givaudan a également admis que des accidents s’étaient produits ces dernières années. Mais leur ampleur ne semble pas expliquer une telle pollution, d’où l’intérêt de l’enquête demandée.

A Vernier, Givaudan, qui opère sur un site pollué par des PFAS, conteste la décision de l’autorité cantonale. — © MARTIAL TREZZINI / KEYSTONE

Destinataire inconnu

Parmi les trois décisions qui nous sont parvenues, une reste totalement mystérieuse, la rédaction des autorités ne permettant pas d’identifier le destinataire. Datant de décembre 2022, le document indique que la parcelle est inscrite au cadastre des sites pollués depuis 2004, époque à laquelle les PFAS n’étaient pas encore testés. Cela signifie que d’autres polluants ont contaminé ce site, qui appartient clairement à un groupe industriel également implanté le long du Rhône, au vu des éléments contenus dans la décision.

En revanche, il est avéré que l’Etat de Genève a demandé ce printemps aux Services industriels de Genève (SIG) de mener une telle investigation dans l’usine des Cheneviers à Aire-la-Ville, toujours au bord du fleuve. Ce site était déjà sous surveillance en raison de la détection d’ammonium. Des analyses réalisées en 2021 ont révélé une contamination en PFAS variant significativement entre l’amont (5-17 ng/l) et l’aval (578-588 ng/l) du site, ce qui laisse penser que les SIG en sont la source. Elles ont apporté des informations sur l’utilisation de mousses anti-incendie, source connue et répandue de pollution aux PFAS en raison de leurs propriétés hydrophiles et hydrophobes.

L’usine des Cheneviers, un incinérateur de déchets de la commune d’Aire-la-Ville, le 26 juin 2024 à Genève. — © Nora Teylouni / Le Temps

Contactée, la SIG « prendra les mesures nécessaires tout en respectant le délai », qui est de deux ans à compter du 9 avril. La firme ajoute que « l’eau de cet aquifère n’est pas consommée » et que l’eau potable distribuée par la SIG, qui provient du lac, ne contient pas de PFAS. A noter que la SIG n’est propriétaire de l’usine des Cheneviers que depuis 2008. Auparavant, l’État exploitait lui-même cette usine d’incinération et pourrait donc devoir payer au moins une partie de la facture d’assainissement, en fonction des conclusions de l’enquête.

De l’essence au sous-sol

Pour la troisième décision, datée de décembre 2023, l’Etat avait même caviardé des articles de loi. Nous avons néanmoins réussi à établir qu’il s’agissait de la société Petrostock. Cette société exploite 31 pétroliers à Vernier, à proximité de l’autoroute et de l’aéroport, mais c’est Sasma qui bénéficie depuis 1962 d’un droit de superficie accordé par l’Etat de Genève, propriétaire de ce terrain dont les eaux se déversent dans le Nant d’Avanchet, puis dans le Rhône.

A lire aussi : Les gravières seraient à l’origine de la pollution aux PFAS en Champagne genevoise

La décision sur ce site déjà pollué fait suite à un incident survenu le 18 avril 2023. Ce jour-là, 1 550 litres d’essence sans plomb 95 se sont « totalement infiltrés » dans le sol de la parcelle, menaçant la nappe phréatique qui se situe entre 2 et 8 mètres de profondeur. Cette nappe est considérée comme un bien environnemental menacé.

Voici la décision expurgée, telle qu’elle nous est parvenue. Elle concerne la société Petrostock, qui exploite 31 pétroliers à Vernier.

Comme le veut la règle, l’entreprise a informé l’Office cantonal de l’environnement et le Département de l’environnement et des risques majeurs. Ce dernier veille au respect de l’ordonnance fédérale sur la protection contre les accidents majeurs (OPAM), qui s’applique aux sites présentant un risque important. Les autorités ont demandé en urgence une enquête technique ainsi que des échantillons d’eau relatifs à plusieurs substances nocives présentes dans les carburants, comme le benzène et les adjuvants. Une analyse des PFAS a également été demandée, car « les critères d’assainissement en aval du site pour les eaux souterraines sont dépassés ».

L’analyse d’expert

Accidents majeurs, mode d’emploi

Publié le 2 juillet 2024 à 13h34 / Modifié le 2 juillet 2024 à 18h23

Les réservoirs de Petrostock sont soumis à l’ordonnance fédérale sur la protection contre les accidents majeurs (OPAM), qui s’applique aux grandes voies de transit, à certains tronçons ferroviaires et aux installations de transport par pipeline telles que les oléoducs.

Comme l’explique l’avocate Mirjam Aemisegger, une voie publique ou une rivière située en dehors du terrain de l’entreprise peuvent faire partie de son ensemble spatial.

En cas d’accident, une entreprise assujettie à l’OPAM doit en informer l’autorité. Celle-ci est considérée comme majeure en cas de conséquences graves, ce qui n’était semble-t-il pas le cas du déversement de 1 550 litres d’essence sur le site de Petrostock. Il faut noter qu’il n’existe pas de critères spécifiques pour déterminer si la population doit être informée de l’accident. Dans tous les cas, le principe du pollueur-payeur s’applique s’il y a nécessité de nettoyer.

Dans une déclaration de position transmise au TempsPetrostock assure néanmoins qu’aucun des produits pétroliers stockés dans ses cuves ne contient de PFAS. L’entreprise ajoute que l’épandage d’essence ne présente pas de danger particulier et que la parcelle est classée en « site pollué ne nécessitant pas de dépollution ». Son directeur, Fredy Kaufmann, précise que ni la nappe phréatique ni le Nant d’Avanchet n’ont été touchés par cet « incident inattendu ».

Une fois les rapports d’enquête remis aux autorités, celles-ci décideront s’il faut ou non assainir les sites, et qui devra en supporter les frais. Les critères pris en compte sont l’urgence ou le danger, voire le potentiel. La loi sur la protection de l’environnement prévoit une responsabilité en l’absence de faute, explique Anne-Christine Favre, professeure de droit public à l’Université de Lausanne. Cela s’applique également rétroactivement en cas de pollution survenue lorsque les normes étaient plus laxistes… tant qu’elles perdurent, ce qui est le cas des PFAS.

Lire : Genève découvre l’ampleur de la pollution aux PFAS… et surtout ses conséquences
 
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