Le ministre Dubé a joué une carte importante vendredi dans les négociations avec les médecins : Québec cherche à contrôler jusqu’à 40 % de leur enveloppe salariale, contre à peine 5 % actuellement, afin de déterminer quels actes seront mieux rémunérés.
“Pour le moment, avec la manière dont les gouvernements précédents avaient donné le contrôle des enveloppes, nous n’avons rien à dire sur ‘qui fait quoi’ avec cet argent”, a déploré le ministre de la Santé au point de presse.
La gestion est laissée « entièrement à la direction des deux syndicats » qui représentent les spécialistes et les omnipraticiens, affirme Christian Dubé.
En ayant le contrôle des enveloppes, Québec espère pouvoir imposer des tarifs différenciés, selon les besoins.
« Pour que, par exemple, certaines spécialités soient mieux payées [et] prenons l’argent des autres spécialités qui sont probablement surpayées”, a expliqué le ministre.
En parallèle, Québec veut pouvoir s’assurer d’exiger « des résultats associés à nos demandes ».
Les soins à domicile, les délais pour consulter un spécialiste ou encore le temps d’attente pour rencontrer un médecin de famille pourraient figurer parmi les indicateurs surveillés. «C’est normal qu’on rémunère différemment quelqu’un, un médecin, qui va se déplacer pour aller dans un RPA ou pour aller dans un CHSLD», illustre Christian Dubé.
« Les honoraires seront fonction des résultats », ajoute-t-il. C’est un grand changement. Cela n’est jamais arrivé.
Actuellement, avec un contrôle sur seulement 5 % de l’enveloppe, la situation est « ridicule », estime le ministre. « Pourrait-on contrôler 30 %, 40 % de l’enveloppe ? Je pense que c’est de cela dont on parle», affirme Christian Dubé.
Des négociations difficiles à venir
Quelques minutes après le départ du ministre, la Fédération des médecins spécialistes du Québec a réagi avec un message cinglant à son égard.
“Nous n’avons pas le temps de répondre aux propos du ministre de la Santé : nous avons des choses plus importantes à faire”, a écrit la fédération sur la plateforme X. Le message était accompagné d’une photo du président de la FMSQ, le Dr Vincent Oliva, dans la salle d’opération du CHUM.
La Fédération des médecins généralistes du Québec, de son côté, n’avait pas commenté au moment de la publication.
Après la période des questions, le premier ministre François Legault a reconnu que son gouvernement est engagé dans une dure bataille. « Ce n’est pas facile de négocier avec les syndicats de médecins », a-t-il brièvement commenté.
Christian Dubé, de son côté, a glissé en point de presse que ces négociations pourraient être l’un de ses derniers gestes en politique. « J’ai dit que je n’étais pas là pour être réélu. Je vais prendre les choses telles qu’elles sont, je vais être exigeant dans les prochaines négociations parce que je veux être exigeant pour les Québécois», a-t-il déclaré.
Déficit
De plus, le ministre a déclaré du bout des lèvres que la résolution du déficit anticipé de 1,5 milliard de dollars ne se ferait pas sans problèmes.
“Nous regardons tout pour être sûrs qu’il y aura de la rigueur budgétaire et que nous saurons minimiser, et je le dis, c’est le bon mot, minimiser l’impact sur les services”, a-t-il déclaré.
Le ministre a néanmoins cherché à relativiser l’ampleur du montant à collecter, sur un budget qui avoisine les 60 milliards de dollars.
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