« J’ai mal, je n’arrive pas à dormir la nuit… » – .

Présent à l’Euro 2024 en tant que consultant, Emmanuel Adebayor, passé par Arsenal, Tottenham et Manchester City, est revenu sur la qualification miraculeuse de l’Angleterre pour les quarts de finale. La légende togolaise a également mis les choses au clair sur son rôle dans le pays. Selon lui, des instructions ont été données pour qu’il ne s’approche plus des joueurs de l’équipe nationale. C’est un Adebayor le cœur brisé qui se confie dans cet entretien exclusif avec Afrique-Foot.

Par Yoro Mangara,

L’Angleterre s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro de manière difficile, dimanche, face à la Slovaquie (2-1, a.p.). Comment jugez-vous la prestation des Three Lions ?

Une grande nation de football sera toujours une grande nation. Ils n’ont pas été flamboyants, ils n’ont pas dominé leur sujet mais ils ont su gagner dans la difficulté. C’était un match très difficile pour eux, un match très compliqué, mais, comme je le dis toujours, c’est la victoire qui compte. C’est la qualification qui compte. Harry Kane qui marque le deuxième but, Jude (Bellingham) qui inscrit un but somptueux pour relancer son équipe. Il a fait une superbe saison, il a marqué un but extraordinaire à la 96e minuteet minute pour égaliser. Franchement c’est beau ! Je pense que maintenant ils vont se parler pour pouvoir rectifier ce qui n’a pas marché pour essayer d’aller le plus loin possible dans cette compétition.

Vous êtes un ancien joueur des Tottenham Spurs, que pensez-vous des performances de vos anciens coéquipiers, Kyle Walker et Harry Kane ?

Kane a fait un match difficile, surtout en première mi-temps. Il a beaucoup baissé de régime dans les 45 premières minutes, je pense que le coach a dû lui dire de rester plus haut en deuxième mi-temps. Kane reste un attaquant, quand tu arrives à marquer comme ça dans un match serré et à qualifier ton équipe pour les quarts de finale, c’est tout ce dont on va se souvenir.

Pour Walker, toujours fidèle à lui-même dans son débordement d’énergie, son don de soi, n’importe quel footballeur aimerait l’avoir comme coéquipier.

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« Je ne peux pas être déçu que Barcola ait choisi de jouer pour la France »

Dans cet Euro, il y a un Togolais, il s’appelle Bradley Barcola et il joue en équipe de France. Etes-vous déçu qu’il n’ait pas choisi de jouer pour les Eperviers du Togo ?

Je ne suis pas déçu, quand je vois le désordre constaté dans notre pays, je ne peux pas être déçu qu’il ait choisi de jouer pour la France. C’est un petit frère, je suis content pour lui. Il faut aussi être réaliste, jouer pour la France va lui ouvrir d’autres portes, et lui donner plus de visibilité. Il est français d’abord, c’est son pays de naissance. Jouer pour la France lui donne plus d’opportunités, pour les contrats, les sponsors etc… Cela n’aurait pas été le cas s’il avait choisi une petite nation de football comme le Togo. Je crois qu’il a parlé à son entourage, il a parlé avec son père, avec sa mère, et je crois que c’est une très très bonne décision.

J’aurais aimé le voir avec le maillot togolais, c’est vrai. C’est un peu décevant, car je sais qu’il aurait pu apporter beaucoup à cette équipe togolaise. Mais pour sa carrière, c’est la meilleure décision. Si vous demandez à quelqu’un de choisir entre une équipe qui jouera un Coupe du monde et une équipe qui ne peut même pas se qualifier pour le Coupe d’Afrique des Nationsle choix est vite fait…

« J’ai failli donner ma vie pour ce pays. Est-ce ainsi que je suis récompensé ? »

Vous avez récemment fait une déclaration sur les réseaux sociaux où vous disiez, et je cite : « tu nous fais chier ” en parlant de la sélection. Pourquoi ?

Parce qu’il se passe beaucoup de choses au Togo avec la sélection. Ils ne veulent pas que j’approche les joueurs, ils ne veulent pas que je puisse accéder aux vestiaires pour parler aux jeunes frères. Ce n’est pas normal qu’ils me fassent ça. Je me suis battu pour mon pays, j’ai presque donné ma vie pour ce pays. Est-ce comme ça qu’ils me récompensent ? On nous a frappés dans la tête.
Béninaccident de bus, on nous a tiré dessus en Angola à Cabinda.

Vous empêchez quelqu’un qui a été capitaine de cette équipe pendant huit ans de donner des conseils aux plus jeunes, juste parce qu’il a arrêté sa carrière ? Je suis le seul footballeur togolais qui a pu côtoyer les plus grands entraîneurs du monde, qui a joué dans les plus grands stades du monde, et je n’ai pas le droit de partager mon expérience avec les plus jeunes… Heureusement que j’ai des amis sénégalais qui m’aiment, des amis béninois, des amis ghanéens, IvoiriensLes Libériens, les Nigérians qui veulent toujours me voir. Je travaille avec la fédération marocain le football alors que je ne peux même pas travailler avec la fédération de mon pays, c’est dommage mais comme ça.

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« Moi, coach ? Je suis capable d’aller sur le terrain et de frapper un joueur. »

Paulo Duarte a démissionné de son poste de sélectionneur du Togo, êtes-vous candidat pour lui succéder ?

Non, non, non ! J’ai toujours dit haut et fort que les histoires de coaching ne m’intéressaient pas. Je ne veux pas être coach car je n’ai pas le cœur à faire ce métier. Je connais mon tempérament, je suis capable d’aller sur le terrain et de frapper un joueur et ce n’est pas normal et je le sais bien. Je suis comme ça ! J’ai dit haut et fort dans ma vie que le poste de coach ne m’intéressait pas.

Président de la fédération alors ?

Je ne veux pas d’un poste à Aller où je serai payé. Le poste où je pourrai accompagner les jeunes, les conseiller, partager mon expérience, c’est ce que je veux et peux faire. Je vais m’amuser et donner du plaisir en faisant ça. Je leur dirai comment aborder le match, comment ignorer la pression. Si je suis président d’une fédération, je ne pourrai pas faire ça.

Quand vous voyez des nations comme la Mauritanie, la Gambie, la Guinée Bissau avancer et le Togo reculer, qu’est-ce que cela vous fait ?

Cela me fait mal quand je vois tout ce que nous avons fait pour ce pays, tout ce que j’ai enduré. J’ai discuté avec le Premier ministre, des généraux de l’armée, des colonels, juste pour que le football de mon pays puisse avancer. Je n’arrive pas à dormir la nuit à cause de ce que nous traversons. J’ai tout fait pour que le football togolais puisse avancer. Actuellement, il recule à grande vitesse, mais comme je ne peux rien faire, je suis sur liste noire, je reste à la maison avec ma famille.

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« Je suis content pour Mané en Arabie Saoudite »

Qui pour le Ballon d’Or africain cette année ? Serhou Guirassy ?

Bien sûr ! Il a fait une saison extraordinaire avec Stuttgart, c’est un attaquant qui a marqué beaucoup. Il fera partie des prétendants, c’est sûr, d’autant que Salah n’a pas autant marqué, Victor Oshimen n’a pas fait la même saison que l’année du titre. C’est ouvert cette année. Si c’est Guirassy, ​​ce sera mérité.

Comprenez-vous pourquoi les footballeurs africains vont en Arabie Saoudite alors qu’ils peuvent encore jouer en Europe ?

Si vous avez plus de trente ans, vous chercherez d’abord à assurer votre famille et votre avenir. Les clubs européens sont de plus en plus réticents à embaucher un trentenaire. Si aujourd’hui je prends l’exemple de Sadio Mané, je ne suis pas là pour le défendre ou parler en son nom, il a l’âge pour le faire, mais avec tout ce qu’il a accompli en Sénégalce contrat va l’aider à faire encore plus. Je suis très content pour lui.

Des centres de formation sont en construction partout en Afrique. Au Togo, pourquoi cela prend-il autant de temps ?

Un centre d’entraînement, c’est juste un terrain ou des terrains avec de la pelouse et des dortoirs. Ce n’est pas difficile d’en construire un. Sauf qu’au Togo, il faut d’abord avoir l’accord de l’État pour pouvoir commencer. C’est l’État qui doit vous octroyer le terrain. J’ai fait la demande, j’ai les moyens de le faire, j’attends ! Le président m’a promis que ce sera fait, donc j’attends. Qui suis-je pour faire pression sur le président ? J’ai rencontré le président, il m’a donné sa parole. Il doit voir avec le ministre des Sports.

Georges Mikautadze qui casse tout à l’Euro… Vous devez être fier de la pépinière du FC Metz ?

Je suis passé par ce centre, tout comme Ismaïla Sarr, Sadio Mané… Metz est un club formateur, l’un des meilleurs de France. Avant moi, il y a eu Rigobert Song, Jacques Songo’o, Robert Pirès, etc… c’est un plaisir !

 
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