Il fallait que le flou autour de l’arrestation de Boualem Sansal à sa descente d’avion à Alger, le 16 novembre, commence à se dissiper avant que le monde des lettres ne se mobilise en sa faveur. Le 23 novembre, deux jours après que l’inquiétude sur son sort a été rendue publique et un jour après que l’agence gouvernementale algérienne APS a confirmé l’arrestation de l’écrivain franco-algérien, plusieurs prix Nobel de littérature (les Français Annie Ernaux et JMG Le Clézio, le Turc Orhan Pamuk et le Nigérian Wole Soyinka) appellent à sa libération immédiate en signant, sur le site de l’hebdomadaire Le Pointune chronique écrite par Kamel Daoud.
« Nous ne pouvons pas rester silencieux. La liberté, le droit à la culture et nos vies d’écrivains visés par la terreur sont en jeu.»affirme ce texte, également paraphé par des auteurs attaqués ou menacés, comme l’Américano-Britannique Salman Rushdie, victime d’une tentative d’assassinat en août 2022, et l’Italien Roberto Saviano, contraint de vivre sous protection policière permanente. D’autres grands noms de la littérature mondiale sont impliqués, comme l’Allemand Peter Sloterdijk, l’Ukrainien Andreï Kourkov, l’Egyptien Alaa El Aswany, ainsi que des auteurs français dont Sylvain Tesson, Leïla Slimani, Philippe Claudel, Giuliano da Empoli, Jean-Baptiste Andréa. , Jean-Marie Rouart ou Bernard-Henri Lévy.
Si le prix Nobel de littérature français 2014 Patrick Modiano n’a pas signé ce texte, c’est sans doute parce qu’il s’est associé aux trente lauréats du Grand Prix de l’Académie française (prix décerné à Boualem Sansal en 2015 pour 2084 : la fin du mondeGallimard). Dans une tribune publiée sur le site Internet du FigaroDimanche 24 novembre, ils lancent un appel aux autorités algériennes « afin qu’ils assurent la protection physique et le respect des droits fondamentaux de notre ami ».
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Voix individuelles
En plus de ces initiatives collectives, des voix individuelles se font entendre ce week-end. Ainsi, Jean-Christophe Rufin, membre de ladite académie, fait savoir qu’il a suggéré à d’autres « immortels » un “vote d’urgence” élire Boualem Sansal sous la coupole – l’Académie n’en a pas parlé dans son bref communiqué de soutien de lundi 25. De son côté, Tahar Ben Jelloun dénonce, dans un texte en Indiquer, “haine de l’intelligence” spécifique à « dictateurs »pointez-le « contexte d’un régime [algérien] qui durcit »et appelle le président français à « tout faire pour libérer l’écrivain et citoyen français Boualem Sansal ».
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