Que la guéguerre ait été lancée ce jeudi par un consultant en études de buzz n’a rien d’étonnant. Le fond de ses propos n’était pas si discutable, contrairement à la forme. En revanche, la déception était grande à l’ouverture des pages de « L’Equipe » ce vendredi matin.
La 14e page de leur carnet quotidien n’est pas digne d’un grand journal sportif. Avec un titre entre guillemets : « Vous nous avez volé la Coupe du monde ». Et un titre sans appel : « Sur les routes de Seum », accompagné de ce texte : « Six ans après la victoire française en demi-finale de la Coupe du monde (1-0), très mal vécue par les Belges, les deux équipes se retrouveront lundi. En attendant ce match, on sillonne la Belgique pour voir si cette frustration est toujours aussi forte. »
Par « parcourir la Belgique », il semble que nos confrères entendent « aller de bar en bar à la recherche de bons clients pour remuer les cendres de Seum ». Bingo, le premier volet de cette série plus digne des Héros du gazon que Netflix nous emmène dans un bar bruxellois où Daniel et Marc lancent leurs meilleures punchlines sur « le fou de Lukaku » et préviennent Mbappé. De quoi faire une belle tête illustrée, bien sûr, par des photos de Diables Rouges faisant la moue et d’un supporter les huant.
Message aux diables : S’il vous plaît, ne gâchez pas nos vacances en France
Un scoop pour nos confrères de L’Equipe : ce n’est pas la victoire française en demi-finale qui a été difficile pour les Belges (Eden Hazard l’a parfaitement résumé, d’emblée : «Je préfère perdre avec cette Belgique que gagner avec cette France”). Mais l’arrogance de leur encombrant voisin, incapable de réduire le volume d’une sono qui vibre au rythme du même « hit » insupportable six étés de suite. Un hit qui, pour rappel, est né dans une autre interview livrée dans le feu de l’action : celle de Thibaut Courtois (qui n’est même plus Diable Rouge), quelques minutes après ladite demi-finale.
Les prochains jours s’annoncent difficiles, car il ne suffira probablement pas de boycotter L’Equipe pour y échapper. Et le pire, c’est que l’agaçant voisin – vous savez, celui qui vous explique pendant des heures qu’il faut finir par « donner sa chance à l’extrême droite » – risque de prolonger son bail de six ans lundi soir.
Dans ce type de conflit, il n’y a que deux solutions à partir du moment où le déplacement est malheureusement impossible. Soit on recourt à la surenchère, ce qui n’apporte jamais rien de bon… d’ailleurs, quel que soit le résultat du match de lundi soir. Ou nous laissons tomber et attendons que le karma vienne à notre secours.
Après tout, peut-être qu’un Français célébrera un but contre la Belgique avec la même arrogance que Paul Pogba contre la Suisse lors du dernier Euro. Et avec la même punition : une élimination quelques minutes plus tard et une carrière qui se termine sur un pétard humide.
